Espionnage : deux fonctionnaires français soupçonnés de travailler pour l’Algérie arrêtés

Un fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances a été mis en examen pour avoir transmis des informations confidentielles à l’Algérie, a révélé Le Parisien ce mercredi 12 mars. Cette arrestation intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. L’affaire concerne également une employée de l’Office de l’immigration, mise en examen pour des faits similaires.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 13 mars 2025 14h01
Espionnage : deux fonctionnaires français soupçonnés de travailler pour l’Algérie arrêtés
Espionnage : deux fonctionnaires français soupçonnés de travailler pour l’Algérie arrêtés - © Economie Matin

Un fonctionnaire, chef de secteur à la sous-direction du numérique de l’Administration centrale (SDNAC) du ministère de l’Economie et des Finances et une collaboratrice de l'Office de l'immigration sont accusés d'espionnage en faveur de l'Algérie. D'après le parquet de Paris, ils ont été formellement mis en examen pour transmission d'informations sensibles concernant des citoyens algériens résidant en France aux services de renseignement algériens.

Un fonctionnaire soupçonné d’avoir livré des informations confidentielles

Le 16 décembre 2024, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a interpellé un fonctionnaire de 56 ans, travaillant pour la sous-direction du ministère de l'Économie. La DGSI le soupçonne d'avoir transmis des informations critiques à des agents de renseignement algériens, y compris « des informations personnelles et sur les demandes d’asile concernant plusieurs personnes de nationalité algérienne » dont des opposants au gouvernement de l'Algérie, peut-on lire sur Le Figaro.

Le suspect a été formellement mis en examen le 19 décembre à Paris. Les chefs d'accusation comprennent « intelligence avec une puissance étrangère » et « livraison à une puissance étrangère d’information sur intérêt fondamental à la nation, exercice d’activités pour s’informer sur les intérêts fondamentaux de la nation pour une puissance étrangère ». Une mesure de contrôle judiciaire a été mise en place, limitant ses activités en attendant le procès. L'enquête avait débuté en juin 2024 après que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a reçu des signalements concernant des contacts entre un employé de Bercy et un agent algérien.

Des méthodes d’intimidations de la part de l’agent algérien

Selon le ministère public, l'individu aurait maintenu des échanges fréquents avec un ressortissant algérien employé au consulat d'Algérie à Créteil, à qui il aurait fourni des données personnelles et des informations relatives aux demandes d'asile. Ces informations concernaient notamment des dissidents bien connus du gouvernement actuel en Algérie. « Mon client est la victime d’une campagne de menaces et de manipulation d’une puissance étrangère », a déclaré son avocat, dans des propos rapportés par Le Figaro. Selon le quotidien, l'agent algérien impliqué, employé au consulat d'Algérie à Créteil depuis la fin de l'année 2022, utilisait une fausse identité comme couverture et orchestrait les opérations de collecte de renseignements.

Selon une source, cet agent demandait au fonctionnaire de Bercy des détails sur plusieurs citoyens algériens en France, y compris des opposants notoires tels qu'Amir Boukhors et Mohamed Larbi Zitout, visés par des mandats d'arrêt internationaux pour terrorisme, ainsi que des figures comme l'influenceur Chawki Benzehra et un journaliste en exil. D'autres, dont un Algérien qui a porté plainte contre un général en France, auraient subi des violences, des menaces de mort ou des tentatives d'enlèvement. La source n'a toutefois pas précisé si ces actes étaient directement liés aux informations divulguées. L'agent, protégé par son immunité diplomatique, n'a pas été arrêté.

Une employée de l’Office de l’immigration impliquée

Une assistante sociale travaillant pour l'Ofii est également concernée. Elle avait développé une « relation intime » avec l'agent de Bercy, qui l'utilisait pour accéder à des informations via un logiciel confidentiel. Cette femme dans la quarantaine est accusée par le parquet de violation du secret professionnel.

Le directeur de l'Ofii, Didier Leschi, a expliqué au quotidien que cette personne impliquée avait admis ses erreurs et avait été suspendue de ses fonctions il y a plusieurs mois. Il a ajouté qu'une procédure de licenciement pour faute avait été initiée, du fait de l'utilisation détournée de données pour des objectifs non conformes aux missions de l'Ofii. Sur fond de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, les enquêtes concernant cette affaire, conduites par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), sont toujours en cours.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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