En France, la menace de l’érosion côtière devient une préoccupation majeure. TF1 a dévoilé un rapport alarmant du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), exposant les conséquences dramatiques du recul du trait de côte sur le littoral français.
Érosion du littoral : plus de 400.000 logements menacés ?
Selon ce rapport, notre pays pourrait voir disparaître 74 km² de son littoral d'ici 2050, soit l'équivalent de 10.000 terrains de football, et même jusqu’à 6100 km² (environ 870.000 terrains de football) en 2100 si aucune action significative n'est entreprise.
Les communes et les logements menacés : une cartographie de l'urgence
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, invité du JT de TF1 le 4 avril 2024, a mis en lumière la gravité de la situation, avec 500 communes françaises directement exposées à l'érosion côtière à très court terme. Ces zones, identifiées sur une carte détaillée partagée par TF1 et réalisée par le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), illustrent l'ampleur du phénomène qui ne cesse de s'accélérer sous l'effet du changement climatique. Parmi les régions les plus vulnérables, certaines sont désormais sous la menace d'une inhabilitabilité à terme.
« L'explosion du coût des catastrophes naturelles va nécessiter que l'on rehausse notre niveau de solidarité, que l'on paie plus cher nos assurances et que l'on s'interroge sur la part prise par les assurances et la part prise par la solidarité nationale », a souligné le ministre qui rappelle qu’en France, 20% du littoral est menacé par l’érosion. Or, le gouvernement prévoit de prendre des mesures comme un dispositif d’indemnisation ou encore des règles de relogement.
L'érosion du littoral français : une bombe à retardement
Le rapport du Cerema, dévoilé par TF1 le 4 avril 2024, donne précisément l’ampleur possible du phénomène. « Nous avons pris en compte le recul chronique du trait de côte, basé sur celui observé depuis cinquante ans grâce à notre indicateur national de l'érosion côtière. Mais nous avons aussi pris en compte le recul événementiel : c'est par exemple un recul brutal du trait de côte d'une vingtaine de mètres après une grosse tempête ou le recul d'une falaise », explique François Hédou, qui a coordonné ce travail, à TF1.
Combien de logements sont menacés par l'érosion ?
- À l'horizon 2028, un millier de bâtiments sont déjà menacés. Parmi eux, 528 logements (dont la moitié de résidences secondaires), 340 bâtiments annexes et 191 bâtiments d'activité, dont 75 établissements de plage et 90 hôtels, restaurants ou villages de vacances.
- Pour 2050, le scénario envisage 5 200 logements en danger, incluant 2 000 résidences secondaires. De plus, 1 400 locaux d'activités, principalement des bureaux et des commerces, ainsi que 117 campings et 100 bâtiments publics, seront touchés. Le littoral verra aussi 16 kilomètres de routes structurantes affectées, avec 200 coupures potentielles, et 0,5 km de voies ferrées.
- En 2100, le scénario le plus sombre prédit la menace sur 450 000 logements, dont 290 000 résidences principales et 100 000 secondaires. Le rapport inclut également 55 000 locaux d'activité, près de 1000 campings (dont 640 impactés à plus de 25% de leur surface), 10 000 bâtiments publics, 1800 kilomètres de routes structurantes et 240 kilomètres de voies ferrées.
Certaines régions plus touchées que d’autres
En 2028, les régions les plus exposées à ces risques sont la Corse, les Pyrénées-Atlantiques, le Var, le Calvados, la Seine-Maritime, la Somme, ainsi que la Martinique et la Guadeloupe. L'étude du Cerema dévoile en outre que des départements entiers comme la Vendée, la Charente-Maritime et l’Hérault pourraient voir plus de 100 campings affectés chacun, représentant près de 2.300 hectares de campings potentiellement impactés.
Un coût qui se chiffrerait à plus d’un milliard d’euros de dégâts
Si la problématique des logements à court terme ne concerne essentiellement que des résidences secondaires, à long terme la possible disparition de plus de 5.000 logements dont plus de la moitié (3.000) sont des résidences principales risque de coûter très cher. Selon TF1, qui a tenté des calculs, en 2050, soit dans seulement 26 ans, cette érosion pourrait coûter plus d’un milliard d’euros.
Et si rien n’est fait, en 2100, ce coût pourrait exploser à plus de 80 milliards d’euros sans compter les locaux commerciaux, les campings, les routes, ou encore les bâtiments publics à déplacer ou reconstruire.