Livret A, LDDS : nouveaux plafonds, Bruno Le Maire dit non !

Avec l’inflation, la question du pouvoir d’achat et de l’épargne des Français se pose avec acuité. La députée RN Nathalie Da Conceicao Carvalho avait demandé ministre de l’Économie de réévalué les plafonds pour le Livret A et le livret Développement Durable et Solidaire (LDDS). Bruno Le Maire a rendu sa réponse le 30 janvier 2024 : c’est un non catégorique.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 7 février 2024 à 15h30
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Livret A, LDDS : nouveaux plafonds, Bruno Le Maire dit non ! - © Economie Matin
17,7%le taux d'épargne des Français était de 17,7% au deuxième trimestre 2023.

Bruno Le Maire refuse d'augmenter les plafonds du Livret A et du Livret LDDS

En octobre 2023, la députée du Rassemblement national, Nathalie Da Conceicao Carvalho, avait le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur la possibilité de rehausser les plafonds du Livret A à 30.000 euros et du LDDS à 15.000 euros contre 22.950 euros et 15.000 euros actuellement. Et pour cause, le taux d'épargne des Français a explosé pendant la crise du Covid-19 et à même, dépassé les 25%, et il est depuis restée élevée (17,7% au deuxième trimestre 2023), notamment du fait de l'inflation et de la crise énergétique. L'initiative de la députée semblait donc bien répondre à une demande réelle des ménages français.

Que nenni pour le ministre de l'Économie, ce dernier a justifié son refus par deux arguments principaux. Primo, Bruno Le Maire, dans sa réponse du 30 janvier 2024, estime que les plafonds actuels permettent déjà de financer efficacement le logement social et les projets d'intérêt général, grâce aux fonds collectés via le Fonds d'épargne. Secundo, le ministre de l'Économie argue que seulement 10% des détenteurs de Livret A ont atteint le plafond, suggérant ainsi que les limites actuelles sont suffisantes pour la majorité des épargnants. Autrement dit, pour le locataire de Bercy, les plafonds profiteraient principalement aux ménages les plus aisés, coûteraient cher aux finances publiques et, par conséquent, n'apporteraient pas de réels bénéfices aux ménages français.

La consommation plutôt que l'épargne

Derrière la réponse du ministre se cache en réalité la relance de l'économie française. En effet, si la France a pu afficher une croissance économique positive en 2023 (+0,9%) et au début de l'année 2024 (+0,5 selon les chiffres de l'Insee), c'est parce que cette dernière était essentiellement le fruit des exportations et non de la consommation. Or la croissance économique de la France ne peut se reposer sur ces dernières sur le moyen-long terme. À ne pas s'y tromper donc. Si Bruno Le Maire a refusé la proposition de la députée RN, c'est surtout parce que le gouvernement voit d'une certaine manière d'un mauvais œil l'épargne des Français qu'il juge déjà (trop) abondante.

Il faut dire que cette dernière s'élève désormais à près de 6.000 milliards d'euros (hors immobilier). Autrement dit, elle est deux fois supérieure à la dette publique, et elle reste majoritairement placée sur des comptes bancaires ou en épargne réglementée, avec une rémunération souvent faible. De ce fait, pour Bercy, cette manne financière colossale, si elle était mobilisée, pourrait jouer un rôle déterminant dans la relance économique du pays.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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