Depuis quelques mois, l’économie française voit l’inflation baisser, mais la croissance stagner. Alors que l’inflation s’apaise, les décisions récentes de la Banque centrale européenne (BCE) laissent présager une baisse inévitable du taux du Livret A, le placement préféré des Français, dès février 2025. Mais quels sont les éléments qui influencent cette décision, et surtout, quelles seront les conséquences pour les épargnants ?
Livret A, LDDS, LEP : pourquoi les taux vont baisser en 2025 ?
Par
Modifié le 16 septembre 2024 à 9h27
423 MILLIARDS €Le Livret A et le LDDS battent en ce mois d’avril de nouveaux records d’encours à, respectivement, 423 et 153,2 milliards d’euros
Une inflation en baisse : une bonne nouvelle à double tranchant
L'inflation en France, après avoir atteint des sommets, s'est progressivement repliée sous la barre des 2% en août 2024, atteignant 1,8% selon les données définitives publiées par l'Insee. C’est une première depuis trois ans, et cette accalmie pourrait sembler positive pour le pouvoir d'achat des ménages. Pourtant, pour les épargnants, la baisse de l'inflation aura un effet direct sur la rémunération de certains produits d'épargne, notamment le Livret A, le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), et le Livret d’Épargne Populaire (LEP).
Avec un taux gelé à 3% depuis février 2023, le Livret A a longtemps permis aux épargnants de préserver leur épargne de l’érosion causée par l’inflation. Toutefois, avec l'inflation en repli, le rendement réel du Livret A, c'est-à-dire corrigé de l'inflation, est désormais positif, atteignant +1,2% en août 2024. Une très bonne nouvelle pour les épargnants. Mais une bonne nouvelle de courte durée.
La décision de la BCE : une baisse des taux en perspective
En parallèle de cette évolution de l'inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a pris des décisions qui ne manqueront pas d'affecter le taux des livrets d’épargne en France. En septembre 2024, la BCE a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs, la deuxième en trois mois, après celle du mois de juin.
Le Livret A, tout comme le LDDS et le LEP, voit son taux de rémunération déterminé par une formule de calcul complexe qui prend en compte deux éléments principaux : la moyenne de l'inflation hors tabac des six derniers mois et le taux interbancaire Ester. Ce dernier, influencé par les décisions de la BCE, a déjà commencé à reculer. Avec ces ajustements monétaires, le taux du Livret A pourrait chuter dès février 2025, à l'issue de la période de gel décidée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en 2023.
Taux des livrets d’épargne : des prévisions pessimistes pour février 2025
L’avenir du taux du Livret A semble déjà scellé. Selon plusieurs experts, la baisse du taux est inévitable. Les premières estimations prévoient une diminution du taux du Livret A aux alentours de 2,7%, entre baisse de l’inflation et recul du taux interbancaire. Ce recul pourrait également servir de levier pour relancer la consommation, un objectif majeur pour les gouvernements en période de ralentissement économique. D’autres experts, un peu plus optimistes, parlent de 2,9%, soit un taux quasiment identique à l’actuel qui est de 3%.
Les épargnants français devront se préparer à un ajustement conséquent de leurs rendements. Si le taux du Livret A descend effectivement à 2,7% ou 2,9% en février 2025, le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) suivra la même trajectoire, son taux étant aligné sur celui du Livret A. Quant au Livret d’Épargne Populaire (LEP), qui bénéficie actuellement d’un taux plus attractif à 4%, il pourrait également subir une réduction notable, passant à environ 3,1%.
Les épargnants face à un dilemme
Avec des taux en baisse, de nombreux épargnants pourraient être tentés de diversifier leurs placements pour maintenir des rendements attractifs. L’assurance-vie, les placements en actions ou les livrets bancaires boostés pourraient représenter des alternatives viables pour ceux qui cherchent à maximiser leurs intérêts. Cependant, il est important de noter que le Livret A, malgré une baisse probable de son taux, reste un placement sécurisé et défiscalisé, ce qui en fait toujours une option intéressante pour une épargne de précaution.
Pour d’autres, ces ajustements seront peut-être l'occasion de revoir leurs habitudes d’épargne et d’envisager des produits financiers offrant de meilleures perspectives de rendement à moyen et long terme, bien que souvent associés à un risque plus élevé. Les banques, quant à elles, voient d’un bon œil cette baisse, car un taux du Livret A élevé pèse sur leurs marges, notamment en raison de l'obligation de rémunérer une partie des dépôts à ce taux.
Épargne : quelles conclusions tirer pour 2025 ?
Les prochaines révisions des taux du Livret A, du LDDS et du LEP seront cruciales pour les épargnants français. Alors que l’inflation semble sous contrôle et que la BCE poursuit ses ajustements monétaires, une baisse du taux de ces livrets apparaît inévitable. Les épargnants devront sans doute revoir leurs stratégies et se préparer à des rendements moins attractifs, tout en gardant à l’esprit l’importance de la sécurité et de la liquidité offertes par ces placements.
2025 marquera ainsi une nouvelle étape dans l’évolution des produits d’épargne défiscalisés en France, et il est certain que le Livret A continuera de jouer un rôle central dans la gestion de l’épargne des ménages, malgré une baisse anticipée de son taux.