Epargne : 6 Français sur 10 n’arrivent pas à mettre de côté chaque mois

L’épargne face à des obstacles structurels persistants

Pour 61 % des Français, épargner chaque mois est un défi de taille. Cette proportion grimpe à 74 % parmi les personnes gagnant moins de 1 300 euros nets par mois, et touche particulièrement les femmes, qui sont 68 % à rencontrer des difficultés à épargner contre 55 % des hommes.

La situation est d’autant plus critique que, malgré les efforts déployés par certains, plus de six Français sur dix ont déjà renoncé à des projets importants par manque d’épargne suffisante. Ces abandons fréquents, souvent vécus comme des échecs personnels, témoignent d’un manque de marge de manœuvre budgétaire pour une partie significative de la population.

Un accès inégal aux produits d’épargne

Si 82 % des Français disposent d’au moins un produit d’épargne, les disparités restent significatives selon les revenus. Les ménages les plus aisés (plus de 2 500 euros nets par mois) sont 93 % à posséder des solutions d’épargne, contre seulement 63 % des ménages modestes (moins de 1 300 euros). Les jeunes adultes de 18 à 24 ans se distinguent également par une faible adhésion aux produits d’épargne. Souvent tournés vers des projets personnels immédiats, ils privilégient la consommation présente au détriment de la préparation de leur avenir financier, notamment la retraite.

La prudence, maître mot des stratégies d’épargne

Les comportements d’épargne des Français montrent une nette préférence pour la sécurité. Pas moins de 85 % des épargnants choisissent des produits stables et peu risqués, même au prix d’un rendement limité. Cette prudence se traduit également dans la durée des investissements : 50 % des épargnants optent pour des placements de moyen terme (3 à 10 ans), tandis que 36 % privilégient des solutions à court terme (moins de 3 ans). Ce dernier choix est particulièrement marqué chez les ménages à faibles revenus, qui recherchent des options facilement mobilisables en cas de besoin urgent.

Les objectifs financiers des Français confirment cette quête de sécurité. L’épargne de précaution, destinée à faire face aux imprévus, constitue la priorité principale pour 60 % des sondés. Viennent ensuite des projets personnels, comme les loisirs, particulièrement prisés par les jeunes, et la préparation de la retraite, un objectif dominant chez les plus de 45 ans.

Un sentiment d’insécurité financière omniprésent

Malgré ces efforts d’épargne, une grande partie des Français reste insatisfaite de leur situation financière. Près de 43 % des épargnants jugent leur épargne insuffisante pour garantir un sentiment de sécurité financière. Cette insécurité est particulièrement marquée chez les 35-44 ans, une tranche d’âge souvent confrontée à des charges importantes comme les prêts immobiliers ou les frais d’éducation des enfants. En revanche, les plus de 55 ans apparaissent plus sereins.

Les regrets concernant la gestion de l’épargne en 2024 sont également très répandus : 69 % des sondés expriment des remords sur leurs choix financiers. Parmi eux, 26 % déclarent ne pas avoir épargné suffisamment en raison d’un manque de ressources, et 18 % admettent avoir donné la priorité à des dépenses personnelles au détriment de leur épargne.

Vers une amélioration de l’éducation financière

Les résultats de cette étude soulignent la nécessité d’une meilleure éducation financière pour les ménages français. En effet, 53 % des répondants se fient principalement aux banques pour leurs informations financières, mais les jeunes (18-24 ans) préfèrent consulter leurs proches ou des influenceurs, ce qui peut limiter l’accès à des conseils fiables et adaptés. Offrir des outils pédagogiques et des solutions d’épargne accessibles pourrait aider à réduire les inégalités et améliorer la résilience financière des ménages les plus fragiles.

L’épargne des Français en chiffres