Entreprises : 75 % snobent les quotas d’achats de voitures électriques !

Une étude de l’ONG Transport & Environment (T&E) sur l’année 2024 révèle que 75 % des entreprises ne respectent pas leurs obligations d’achat de véhicules électriques. Alors que le cadre législatif est en place depuis 2019 avec la loi d’orientation des mobilités (LOM), pourquoi ces quotas ne sont-ils pas tenus ?

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Par Grégoire Hernandez Publié le 19 février 2025 à 10h19
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Entreprises : 75 % snobent les quotas d’achats de voitures électriques ! - © Economie Matin
45 %45 % des entreprises concernées n'ont immatriculé aucun véhicule électrique en 2024, préférant encore les modèles thermiques.

Quotas de voitures électriques : trois quarts des entreprises hors des clous !

L’étude de Transport & Environment (T&E) met en évidence un écart frappant entre les exigences légales et la réalité du marché. Depuis 2022, la loi impose aux entreprises possédant plus de 100 véhicules légers d’intégrer une part croissante de modèles à faibles émissions dans leurs nouvelles acquisitions. Ce quota est passé de 10 % en 2022-2023 à 20 % pour la période 2024-2026. Il sera ensuite à 40 % entre 2027 et 2029, et à 70 % à partir de 2030. Malgré cela, seules 25 % des entreprises respectent ces obligations.
En 2024, les entreprises ont immatriculé environ 1,4 million de véhicules neufs, soit 66 % des ventes nationales, mais la part des voitures électriques dans ces achats ne représente que 12 %, contre 20 % chez les particuliers. Plus inquiétant encore, 45 % des entreprises concernées n'ont immatriculé aucun véhicule électrique en 2024, préférant encore les modèles thermiques.

Les raisons de ce retard sont multiples :

Un manque d’engagement des directions
L’ONG T&E souligne un élément clé : les différences de performance entre entreprises d’un même secteur montrent que le retard est avant tout lié à l’absence de volonté stratégique. Orange affiche 41 % d’électrification, contre seulement 4 % chez Altice, pourtant acteur du même domaine. L’impulsion de la direction est donc déterminante.

Un cadre législatif sans contrainte
Actuellement, la LOM fixe des quotas, mais ne prévoit ni contrôle ni sanction en cas de non-respect. Ce laxisme réglementaire encourage l’immobilisme, alors même que des députés ont récemment proposé une loi visant à instaurer des pénalités financières pour les entreprises en retard.

Un coût d'acquisition encore perçu comme un frein
Malgré des incitations fiscales et un coût d’usage réduit (entretien et recharge moins onéreux que le carburant), certaines entreprises jugent l’investissement initial trop élevé. Pourtant, celles ayant franchi le cap confirment que l’électrification est rentable sur le long terme et qu’aucune ne souhaite faire marche arrière.

Une influence directe sur le marché de l’occasion
Les véhicules d’entreprise représentent un vivier majeur pour le marché de l’occasion, qui constitue le premier point d'accès à l’électrique pour les ménages. En ne respectant pas leurs quotas, les entreprises ralentissent donc aussi la démocratisation des véhicules propres pour l’ensemble des Français.

Des bons élèves… et des retardataires assumés

Si l’on observe les grandes entreprises, certaines montrent l’exemple, tandis que d’autres freinent encore :

Bonnes pratiques : 

  • La Poste : 69 % de ses véhicules achetés en 2024 sont électriques.
  • Orange : 41 % d’électrification.
  • Vinci et Bouygues : 27 et 28 %.

Les retardataires notoires : 

  • SNCF : 6 % (y compris les hybrides rechargeables).
  • Altice : 4 %.
  • NGE (BTP) : 8 %.

Même constat chez les sociétés de leasing : Crédit Agricole affiche 36 % de véhicules électriques, tandis que le groupe BPCE plafonne à 8 %.

Face à cette lente transition, les députés Gérard Leseul (PS) et Jean-Marie Fiévet (EPR) ont déposé une proposition de loi visant à instaurer des sanctions pour les entreprises qui ne respecteraient pas leurs obligations d’achat de véhicules électriques. L’objectif ? Contraindre les entreprises à suivre la loi et accélérer la réduction des émissions du secteur routier, qui représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre de la France.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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