Un gouvernement qui oublie les entreprises, c’est un pays qui s’affaiblit !

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Par Sophie de Menthon Publié le 23 septembre 2024 à 18h00
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Un gouvernement qui oublie les entreprises, c’est un pays qui s’affaiblit ! - © Economie Matin

La composition du nouveau gouvernement de Michel Barnier a été annoncée. Un « ministère du travail et de l’emploi », un « ministère des finances, chargé de l’industrie », une ministre de l’énergie à qui l’on adjoint la transition écologique. Tout cela semble bien beau, mais un mot manque cruellement à l’appel : l’entreprise. Ni dans les intitulés, ni dans les discours, le terme PME n’a franchi les lèvres du nouveau gouvernement. Est-ce un oubli, une omission malencontreuse, ou est-ce volontaire ? Le silence autour des entreprises, des petites et moyennes structures qui sont pourtant l’épine dorsale de notre économie, en dit long.

Je vous pose la question : quand le mot "entreprise" disparaît des priorités gouvernementales, que devons-nous comprendre ? Que les entrepreneurs doivent se taire et s’aligner docilement derrière des mesures qui nous ignorent ? Silence dans les rangs ?

Où est la place des PME ?

Cette absence dans les discours glace le sang. L’entreprise n’est pas une machine administrative, ce ne sont pas des chiffres ou des statistiques sur une feuille Excel ! Ce sont des hommes et des femmes qui investissent, prennent des risques, innovent et créent la richesse de notre pays. Les entrepreneurs ne sont pas les variables d’ajustement d’un budget qu’on peine à équilibrer. Ils sont le moteur de l’économie, ce sont eux qui permettent la création d’emplois, la dynamique locale, l’innovation, et pourtant, dans ce gouvernement, ils semblent avoir été relégués à l’ombre, à une sorte de silence embarrassé.

L’idéologie semble avoir pris le pas sur le pragmatisme. Ce gouvernement se complait dans une gestion administrative déconnectée de la réalité de terrain, celle des petites structures, de ces PME et ETI qui font vivre la France chaque jour. Comment gouverner un pays sans inclure ceux qui font tourner l’économie ?

Une fiscalité punitive qui frappe les entreprises

Pire encore, Michel Barnier a laissé la porte ouverte à une taxation plus importante des grandes entreprises. Ce choix, à première vue populaire et censé redistribuer les richesses, est en réalité un coup de massue supplémentaire. Les entreprises de toutes tailles, grandes et petites, sont déjà étouffées par une fiscalité qui freine l’investissement et bride l’innovation. Taxer les grandes entreprises, c’est affaiblir l’ensemble de la chaîne économique. Quand les résultats financiers des grands groupes sont en berne, c’est tout un écosystème qui vacille : les sous-traitants, les PME, les indépendants qui en dépendent souffrent à leur tour.

La Bourse de Paris en a déjà ressenti les premiers effets. En ce lundi de rentrée post-gouvernemental, le CAC 40 est à la baisse. Les banques perdent pied, le luxe s’effrite, et les investisseurs doutent. C’est un signal inquiétant, car si le marché ne croit pas à ce gouvernement, alors c’est tout le climat des affaires en France qui risque de se détériorer. Le spread entre la dette française et allemande grimpe à des niveaux dangereux, les agences de notation scrutent la situation avec méfiance. Mais tout cela semble avoir échappé aux membres du gouvernement.

Une gestion chaotique, une opposition désorganisée

Il ne s’agit pas simplement d’une question économique, mais d’une question de vision. Ce gouvernement, après deux mois de tractations interminables, est déjà contesté. Comment croire qu’il pourra tenir face aux défis colossaux qui nous attendent ? Entre la montée des extrêmes et l’incertitude budgétaire, le nouvel exécutif semble naviguer à vue. Que l’on soit chef d’entreprise, ou simple citoyen, la question qui brûle les lèvres est la suivante : combien de temps cela va-t-il durer ?

Les dissensions internes et l’opposition qui se prépare à être particulièrement virulente laissent planer une ombre sur la longévité de ce gouvernement. L’instabilité politique n’est jamais un bon présage pour l’économie. La dissolution de l’Assemblée nationale, l’échec à obtenir une majorité claire, la méfiance des investisseurs : tout cela constitue un cocktail explosif. Dans ce contexte, comment espérer redresser la barre de la dette publique, rassurer les marchés financiers, relancer l’économie et surtout, rétablir la confiance ?

ETHIC demande audience : les entrepreneurs doivent être entendus !

Nous, entrepreneurs, avons des solutions. Nous savons ce dont nos entreprises ont besoin, car nous les vivons, au quotidien. Nous ne demandons pas à être gouvernés comme des enfants turbulents à qui on impose des règles arbitraires. Nous demandons à être écoutés, consultés, associés aux décisions qui impactent notre économie et notre avenir commun.

À l’heure où l’on parle de transition énergétique, de fiscalité, d’emploi, comment ignorer ceux qui sont au cœur de ces enjeux ? Les chefs d’entreprise ne sont pas un simple détail administratif, nous sommes les acteurs principaux de la relance économique. Ce gouvernement doit prendre conscience que sans une politique claire en faveur des entreprises, et en particulier des PME, il n’y aura pas de reprise économique durable.

ETHIC demande donc audience auprès du Premier ministre. Si nous ne faisons pas entendre notre voix aujourd’hui, c’est toute l’économie qui sera en péril demain. La France ne peut se permettre de tourner le dos à ses entrepreneurs. Sans nous, il n’y a pas d’emplois, il n’y a pas d’innovation, il n’y a pas de croissance.

Nous espérons que le gouvernement saura faire preuve de lucidité et, surtout, d’écoute. Sinon, nous courons droit dans le mur.

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Sophie de Menthon est la présidente du mouvement patronal Ethic. Elle est également membre du conseil économique et social (CESE), et auteur de nombreux ouvrages pédagogiques ou de vulgarisation pour la jeunesse.    http://www.sophiedementhon.fr/

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