Les vents du large pourraient ne plus souffler dans la même direction. Tandis que les ambitions renouvelables semblaient s’imposer dans les agendas stratégiques, le géant britannique des hydrocarbures BP a annoncé un tout autre changement le 9 décembre 2024.
Énergies renouvelables : ce géant du pétrole réduit ses investissements
Derrière cette décision, des enjeux financiers, technologiques et stratégiques se croisent. Les investisseurs saluent la démarche, mais certains militants s’inquiètent.
Énergies renouvelables : une réorientation pour satisfaire les actionnaires
Le géant britannique des hydrocarbures BP revoit ses priorités. Depuis 2020, le groupe s’était engagé dans une dynamique de neutralité carbone, investissant massivement dans des solutions durables comme l’éolien offshore. Cependant, cette impulsion s’est essoufflée à partir de 2023 et la tendance se confirme aujourd’hui.
Selon Russ Mould, analyste chez AJ Bell et interrogé par l'AFP, cette décision traduit une pression croissante des actionnaires en quête de rendements rapides. Les énergies renouvelables, bien que porteuses d’espoir, offrent des retours plus lents que ceux des hydrocarbures traditionnels. Une voie que BP semble vouloir emprunter pour « augmenter le rendement des actionnaires ».
Jera Nex BP est une coentreprise créée avec l’énergéticien japonais Jera. Dotée d’une capacité impressionnante de 13 GW, dont 1 GW déjà opérationnel, cette entité, basée à Londres, devrait devenir un acteur clé de l’éolien offshore mondial.
Mais les chiffres révèlent une réalité plus nuancée : sur les 5,8 milliards de dollars d’investissements annoncés, la part de BP sera limitée à 3,25 milliards. C’est bien en deçà du tiers des 30 milliards initialement prévus entre 2023 et 2030 pour les renouvelables. La coentreprise, dès 2030, devra s’autofinancer, déchargeant BP de ses obligations.
La bourse applaudit, les militants s’interrogent
Ce recul des ambitions écologiques de BP intervient alors que d’autres géants comme Shell ou TotalEnergies adoptent des postures similaires, privilégiant les hydrocarbures. La décision semble séduire les investisseurs : l’action BP a grimpé de 3,5 % suite à l’annonce.
Pourtant, ce virage est loin de faire l’unanimité. Les militants écologistes dénoncent un rétro-pédalage dangereux face aux défis climatiques mondiaux. En 2023, la révision des objectifs de BP, notamment la réduction limitée de sa production pétrolière, avait déjà suscité des critiques.
Si BP et Shell tempèrent leurs ambitions, d’autres géants comme ExxonMobil et TotalEnergies parient sur une demande d’hydrocarbures stable jusqu’en 2050. Cette stratégie s’appuie sur une lecture différente du marché, où la rentabilité immédiate l’emporte sur l’impératif climatique.