Énergie : les Verts dressent un mur contre le retour du nucléaire en Suisse

Comme le rapporte le média SonntagsBlick, dont les informations ont été relayées par 20 Minutes, le Conseil fédéral de la Suisse a proposé, le 28 août 2024, par la voie du conseiller fédéral de l’Énergie, Albert Rösti, de lever l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires. Sans grande surprise, cette initiative n’a pas manqué de provoquer l’ire des Verts de la Confédération helvétique, mais aussi celle de l’Allemagne et de l’Autriche…

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 2 septembre 2024 à 15h30
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Énergie : les Verts dressent un mur contre le retour du nucléaire en Suisse - © Economie Matin
56,6%Les centrales hydrauliques ont produit 56,6 % de la production d'électricité suisse, contre 32,4 % pour les centrales nucléaires en 2023.

Les Verts européens vent debout contre le retour du nucléaire en Suisse

La proposition du Conseil fédéral suisse de lever l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires, votée en 2017, est loin d'être passée inaperçue. Les écologistes de la Confédération helvétique se sont empressés de dénoncer cette proposition faite par le conseiller fédéral de l'Énergie suisse, Albert Rösti. Interrogée par le média national SonntagsBlick, Liza Mazzone, conseillère nationale et figure de proue des Verts suisses, n’a pas hésité à décrier cette initiative comme une « folie nucléaire », prenant pour exemples les incidents de Fukushima et Tchernobyl et accusant le conseiller fédéral de l'Énergie de « se comporter de manière malhonnête envers les électeurs ». « Il y a deux mois, nous avons voté sur la loi sur l'électricité. Et maintenant, il arrive avec une technologie obsolète, extrêmement chère et dangereuse », ajoute-t-elle.

Même son de cloche pour Robert Habeck, ministre allemand de la Protection du climat, qui, s'étant invité dans le débat, a tenu à affirmer que « l’énergie nucléaire n'est ni nécessaire à la sécurité de l'approvisionnement, ni à la réalisation des objectifs climatiques » de la Suisse. Une remarque qui peut apparaître quelque peu déplacée pour certains, d'autant plus de la part d'un ministre étranger, à la tête d'un pays qui avait relancé ses centrales à charbon pendant la crise énergétique, en 2023. Comme le rapporte 20 Minutes, la ministre autrichienne de la Protection du climat, Leonore Gewessler a, elle aussi, vivement critiqué le projet d'Albert Rösti, cette dernière considérant que « l'énergie nucléaire n'a pas d'avenir ». Les Chinois pour leur part semblent bien loin de partager cet avis...

Sécuriser l'avenir énergétique Suisse

En 2023, 56,6 % de l'électricité totale produite en Suisse était d'origine hydraulique, 32,4 % d'origine nucléaire, tandis que 11 % provenait d'autres sources renouvelables (solaire et éolien), contre 48 % pour les centrales hydrauliques, et 40 % pour les centrales nucléaires en 2022. Le projet de lever l'interdiction de construire des centrales nucléaires proposé par Albert Rösti ne s'est pas fait sur un coup de tête. Crise énergétique, croissance démographique, hausse de la consommation, prix de l'électricité, objectif de décarbonation… tous ces éléments ont amené le conseiller fédéral de l'Énergie à explorer les options qui permettraient à la Suisse de garantir sa souveraineté énergétique.

Contrairement aux éoliennes, dont la durée de vie moyenne n’est que de 25 ans et leur production moyenne s'élève à 5 500 MWh, ou aux panneaux solaires, qui ne produisent en moyenne que 1 000 heures d'électricité par an et qui dépendent tous deux des conditions climatiques, une centrale nucléaire a une durée de vie moyenne de 40 ans et une capacité de production de 7 884 000 MWh par an. D'un autre côté, les éoliennes, les panneaux solaires et les centrales hydrauliques sont bien moins coûteuses et opérationnelles dans un temps bien plus court que les centrales nucléaires. La levée de l'interdiction de construire des centrales nucléaires « ne remet nullement en cause le développement des énergies renouvelables », a tenu à assurer Albert Rösti qui ajoute que celle-ci ne signifie pas « qu’il y aura une nouvelle centrale dans dix ans », mais qu'elle permettrait de laisser « la porte ouverte à toutes les technologies possibles. ». Rien n'y fait pour les Verts, ces derniers ayant fait de ce sujet une chasse gardée.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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