Énergie : le prix du gaz va flamber en 2025

Le 28 août 2024, une décision lourde de conséquences a été prise par l’Ukraine : celle de ne pas prolonger son contrat de transit de gaz avec Gazprom au-delà du 31 décembre 2024. une décision prise en plein contexte de guerre entre l’Ukraine et la Russie qui promet de bouleverser le marché européen du gaz.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 août 2024 à 9h35
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90%L'Union européenne a rempli à 90% ses réserves de gaz pour l'hiver.

Le Kremlin, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, a immédiatement réagi, mettant en garde contre les répercussions sévères que cette situation pourrait engendrer, en particulier une hausse significative des prix du gaz pour les consommateurs européens.

La fin du contrat de transit de gaz : un acte fort de l'Ukraine

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les relations entre ces deux pays n'ont cessé de se détériorer. Le contrat de transit de gaz, signé fin 2019 pour une durée de cinq ans, avait permis à l'Europe de continuer à recevoir du gaz russe malgré les hostilités. Toutefois, en refusant de prolonger cet accord, l'Ukraine envoie un message clair : elle ne souhaite plus servir de voie de transit pour le gaz russe, considérant que cette activité n'est plus compatible avec sa position face à l’agresseur.

Cette décision n’est pas sans conséquences pour les pays européens qui dépendent de ce transit. En 2023, malgré la guerre, la Russie avait encore livré plus de 14 milliards de mètres cubes de gaz à l'Europe via l'Ukraine, bien en deçà des 40 milliards de mètres cubes prévus dans le contrat. Les pays comme l'Autriche, la Hongrie et la Slovaquie, qui sont les principaux bénéficiaires de ce transit, se trouvent aujourd'hui dans une position délicate.

Une Europe face à la fin du gaz russe

La décision ukrainienne pourrait entraîner une hausse immédiate des prix du gaz en Europe, alors que le continent cherche déjà à diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie. Le Kremlin a rapidement prévenu que l'Europe devra payer plus cher pour son gaz, surtout si elle doit se tourner vers des alternatives comme le gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis, dont les coûts sont nettement plus élevés. De plus, bien que la Russie ait évoqué la possibilité d'utiliser d'autres routes, comme le TurkStream passant par la Turquie, la capacité de ces itinéraires reste limitée et ne pourrait compenser entièrement la perte du transit via l'Ukraine.

La situation est d'autant plus préoccupante que l'Union européenne s'est engagée à cesser toute importation de gaz russe d'ici 2027, dans le cadre de sa stratégie d'indépendance énergétique et en réponse à l’agression russe. Cependant, cette transition ne se fait pas sans difficultés, et la fin du contrat de transit ukrainien pourrait accélérer cette nécessité, tout en compliquant la gestion des stocks de gaz européens, qui sont déjà sous tension.

Les alternatives possibles pour le gaz en Europe

Malgré sa décision, l'Ukraine explore déjà d'autres options pour assurer son rôle de fournisseur d'énergie en Europe. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué que des discussions étaient en cours avec l'Azerbaïdjan pour remplacer le gaz russe par du gaz azerbaïdjanais. Cependant, cette option présente de nombreux défis logistiques, notamment l'absence de frontière commune entre l'Ukraine et l'Azerbaïdjan, rendant le transit du gaz complexe et dépendant de la Russie pour une partie du trajet. De quoi le rendre potentiellement à risque : le Kremlin pourrait utiliser ce nouveau trajet pour faire pression sur l’Union européenne qui soutient l’Ukraine.

D'autre part, le Kremlin mise sur le développement d’un hub gazier en Turquie pour contourner l'Ukraine, mais ce projet, ambitieux, est encore loin d'être opérationnel et ne pourrait suffire à répondre à la demande européenne à court terme.

Une bonne nouvelle, toutefois : si hausse du prix du gaz il y a, elle ne surviendrait qu’en 2025 au plus tôt. Or, pour l’hiver 2024-2025 qui approche, l’Union européenne a déjà rempli à 90% ses stocks de gaz, laissant entendre que le remplissage à 100% est proche et, surtout, atteignable. De quoi limiter les effets immédiats de la décision ukrainienne.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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