Énergie : le numérique peut-il vraiment permettre la décarbonation ?

Les technologies numériques représentent environ 2,5 % de l’empreinte carbone de la France. D’ici à 2030, leurs émissions pourraient atteindre 25 MtCO2e, soit une augmentation de 45 % par rapport à 2020, et leur consommation électrique pourrait passer à 54 TWh, en hausse de 5 %. Mais quelle est la contribution du numérique à la décarbonation ? Les technologies numériques représentent à la fois un défi et une opportunité dans la lutte contre le changement climatique. Bien que l’empreinte carbone des outils numériques soit non négligeable, leur potentiel de réduction des émissions de CO2 dans divers secteurs est prometteur.

Grégoire Hernandez
Par Grégoire Hernandez Publié le 19 juillet 2024 à 13h00
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Énergie : le numérique peut-il vraiment permettre la décarbonation ? - © Economie Matin
70 %En France, l'installation des compteurs Linky a montré des résultats positifs, avec une baisse de plus de 70 % des interventions techniques d'Enedis.

Les smart grids : flexibilité et gestion intelligente de l'énergie

Les smart grids, ou réseaux électriques intelligents, permettent d'optimiser la gestion de l'énergie en temps réel. Grâce à des systèmes de collecte et d'analyse de données, ils ajustent la distribution d'électricité, réduisant ainsi les pertes et améliorant l'efficacité énergétique. En France, l'installation des compteurs Linky a montré des résultats positifs, avec une baisse de plus de 70 % des interventions techniques d'Enedis. Cependant, pour maximiser les bénéfices, il est important d'accompagner les consommateurs et de garantir une transparence totale sur l'utilisation des données. Les smart grids peuvent potentiellement éviter 0,8 MtCO2/an d'ici à 2030, mais les gains réels dépendent fortement de l'adhésion des utilisateurs et des évolutions technologiques futures.

Les systèmes de gestion intelligente des logements (HEMS) visent à réduire la consommation d'énergie en optimisant l'utilisation des appareils domestiques. En France, ces solutions pourraient théoriquement diminuer la consommation d'énergie de 20 TWh et éviter jusqu'à 3,1 MtCO2/an. Cependant, l'efficacité réelle dépend de plusieurs facteurs : le climat, le type de logement, le comportement des utilisateurs et les effets de rebond. Par exemple, des ménages pourraient utiliser les économies réalisées pour augmenter leur confort thermique, annulant ainsi une partie des gains énergétiques. De plus, l'empreinte carbone de la fabrication et de l'utilisation des dispositifs HEMS doit être prise en compte pour une évaluation complète de leur impact environnemental.

Le télétravail utile à la décarbonation ?

Le télétravail est souvent présenté comme une solution écologique permettant de réduire les déplacements domicile-travail. En France, un jour de télétravail par semaine pour 10 millions de travailleurs pourrait éviter entre 1,8 et 4,1 MtCO2 par an. Néanmoins, l'augmentation des trajets pour d'autres activités ou la hausse de la consommation énergétique à domicile peuvent réduire ces gains. L'adoption du flex office, où les espaces de bureaux sont optimisés, peut compenser partiellement ces effets. Les études montrent que le télétravail, bien géré, peut contribuer à la décarbonation, mais il ne représente qu'une partie de la solution nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques.

Le covoiturage, favorisé par des plateformes numériques comme BlaBlaCar, peut réduire significativement les émissions de CO2 en optimisant l'utilisation des véhicules particuliers. En France, le plan national vise à augmenter le nombre de trajets covoiturés à 3 millions par jour d'ici à 2027, ce qui pourrait éviter jusqu'à 2,15 MtCO2/an. Cependant, l'impact réel est limité avec le report modal des transports en commun vers les véhicules individuels et l'augmentation des distances de déplacement. De plus, le covoiturage informel reste en position de force, rendant difficile la quantification précise des gains.

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Grégoire Hernandez

Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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