Loïk Le Floch-Prigent, figure emblématique du secteur énergétique français, exprime son inquiétude face à la crise énergétique de l’hiver 2023. Ancien PDG d’Elf Aquitaine, d’Électricité de France (EDF) et de Gaz de France (GDF), il critique vivement l’approche actuelle des dirigeants français en matière de politique énergétique, en particulier en ce qui concerne la compréhension du coût et du prix de l’électricité.
Explosion du prix de l’électricité : à qui la faute ?
Loïk Le Floch-Prigent dénonce la politique énergétique française
Loïk Le Floch-Prigent, expert de l'énergie grâce aux différents postes qu'il a occupé, lorsqu'on lui demande si les leçons de la crise énergétique de l'hiver 2023 ont été retenues, répond sans détour : "On n'a rien compris et on continue à ne rien faire. Alors on parle beaucoup, on ne fait rien." Il souligne que le coût de l'électricité en France est inférieur à celui des autres pays, mais que le prix est plus élevé. "Il est nécessaire que nos dirigeants sachent comment on passe du coût au prix et quand ils comprendront comment on passe du coût au prix, peut-être feront-ils un effort pour que le prix corresponde au coût."
Il s'interroge également sur la destination de l'argent entre le coût et le prix de l'électricité. "Quand je pose la question de savoir qui se met l'argent dans les poches, entre 50 euros et 600 euros, il y a quand même une petite différence, dire oui, c'est peut-être un tel. C'est peut-être un tel. C'est peut-être un tel. Et moi, ça ne me satisfait pas comme réponse. Donc j'aimerais savoir qui ? "
Le Floch-Prigent critique également le coût marginal, une "invention de l'école de Chicago", qu'il qualifie de "leçon stupide" et inadaptée au secteur de l'électricité. "Cette espèce de fiction qu'il existe un marché parfait d'électricité est une erreur, c'est un mensonge", déclare-t-il.
Les conséquences du prix de l'énergie et du tarif de l'électricité sur l'industrie
Quant à l'avenir, il estime que si l'hiver est doux, la situation pourrait être gérable. Cependant, si l'hiver est froid, il prévoit des tensions. "Si, en plus, on continue à dire qu'il faut faire de la voiture électrique, il faut faire de la propre chaleur et qu'il faut dépenser plus d'électricité alors qu’on ne produit pas plus d'électricité, effectivement, on va être dans les difficultés."
Il conclut en critiquant le coût du bouclier tarifaire sur l'énergie, qui devrait coûter 31 milliards d'euros au gouvernement. "Le problème, c'est qu’on cire les godasses quand on est très gros. On cire les godasses quand, sur un certain nombre de sujets, on est gentil. Et puis l'ensemble de l'industrie qui fait 85% de l'emploi en France est à des tarifs absolument impossibles. Et par conséquent, ça mène à des faillites qui augmentent avec le temps."
Retrouvez l'interview ou la video sur Youtube