Favoriser l’accès des femmes au numérique : un enjeu essentiel pour l’économie française

Nous entrons dans une nouvelle ère technologique, et la France est menacée de prendre un retard drastique. La sous-représentation des femmes dans le secteur de la technologie, notamment dans l’intelligence artificielle et la cybersécurité, est l’un des principaux facteurs de ce retard.

Jerome Calmelet
Par Jérôme Calmelet Publié le 11 juin 2024 à 8h00
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12 %Les femmes ne représentent que 12 % des effectifs dans le secteur du numérique.

Bien que les femmes représentent plus de la moitié de la population française, elles ne constituent que 12 % des effectifs dans l’intelligence artificielle, la cybersécurité et d’autres domaines des technologies de l’information d’après l’OCDE. Ce déséquilibre doit être corrigé rapidement pour assurer la compétitivité et l'innovation. D’ailleurs, le président Emmanuel Macron a clairement identifié cette nécessité lors de son discours clôturant le rassemblement des talents français de l'IA le 21 mai dernier. Il a souligné l'importance de favoriser l'accès des jeunes femmes aux filières du numérique et à tous les métiers au cœur de l'IA. Cette déclaration témoigne de l'engagement du gouvernement français à promouvoir l'égalité des chances dans le secteur technologique et à exploiter pleinement le potentiel des femmes dans ce domaine crucial pour l'avenir de notre pays.

À mesure que l'innovation accélère à un rythme sans précédent, il devient impératif d'établir rapidement un cadre afin d'éviter que les technologies, qui occupent déjà une place centrale dans nos vies, ne soient imprégnées de biais significatifs. Ce constat s’applique particulièrement au développement des outils d’intelligence artificielle (IA). Sans la participation de groupes sous-représentés, dont celui des femmes, les nouveaux systèmes (et leurs futures versions) incorporeront les biais de leurs créateurs. C’est d’ailleurs un cri d’alarme que le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déjà lancé en avertissant que le fait qu’il y ait trop d’hommes dans la technologie numérique pourrait conduire à des algorithmes d'IA qui perpétuent l'inégalité.

Les femmes dans le numérique : une opportunité pour la France

En décembre dernier, le président Emmanuel Macron et son gouvernement ont appelé à une France plus souveraine afin de réduire l’exposition aux dépendances internationales. C’est particulièrement important dans le secteur du numérique. Pour répondre à cet appel, il est urgent de recruter et renforcer les capacités de l’écosystème dans les domaines critiques de l’IA et de la cybersécurité. Avec une prévision de 230 000 postes numériques non pourvus en France d'ici la fin de l'année, il existe une vraie fenêtre d’opportunité pour combler le retard de l’écosystème français et offrir une meilleure représentation des minorités dans ce secteur.

Outre la nécessité de développer une technologie moins biaisée, la France a l’opportunité de bénéficier économiquement de la présence accrue de femmes dans le secteur des technologies de l'information. Les experts européens estiment que les entreprises qui parviennent à la parité réalisent un chiffre d'affaires supérieur de 40 % à celui des entreprises dont la main-d'œuvre est majoritairement masculine ou féminine. Selon une étude de la Banque mondiale publiée le 4 mars dernier, le renforcement de l'égalité des sexes pourrait doubler la croissance mondiale.

Saisir cette opportunité

Pour répondre à ces enjeux, il est nécessaire de renforcer l’attractivité de ce secteur pour les femmes. Cela passera notamment par le développement d’une génération d’ambassadrices de ces métiers.

Aujourd’hui, alors que nous savons que les jeunes filles surpassent souvent les garçons en mathématiques et en sciences dans les petites classes, elles sont trop souvent confrontées à des stéréotypes et autres obstacles culturels qui les découragent de poursuivre des carrières scientifiques.

Être témoin de la réussite des femmes dans les technologies de l’information est source d’inspiration pour la prochaine génération de talents féminins, les encourageant ainsi à embrasser des carrières scientifiques et, finalement, à renforcer le dynamisme économique de la France.

Pour encourager ce changement culturel, les entreprises comme le gouvernement doivent dans un premier temps s'aligner pour soutenir l'apprentissage numérique, investir dans les femmes et les jeunes filles dès l'école pour inciter et soutenir leur intérêt pour les domaines scientifiques. C’est déjà une priorité pour certains collectifs et associations en France qui s’engagent en faveur de l’inclusion des femmes dans le numérique. C’est le cas de DesCodeuses qui aide avec succès des femmes de quartiers défavorisés à se reconvertir dans ce domaine, ou de NuMeum avec son programme NovaInTech, et encore bien d’autres.

Dans un second temps, il sera nécessaire d’encourager et accompagner les femmes dans la création et l'adhésion à des réseaux professionnels, la recherche de mentors pour les aider à naviguer dans leur carrière, et leur fournir des environnements de travail qui les encouragent et favorisent leur avancement.

Nous tirons tous un bénéfice à accroître la parité dans les secteurs de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle et des autres technologies de l’information.

Il est maintenant temps d’agir.

Jerome Calmelet

Jérôme Calmelet est président de Kyndryl France. Kyndryl est le plus grand fournisseur de services d'infrastructure informatique au monde, au service de milliers d'entreprises clientes dans plus de 60 pays.

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