Et si, demain, choisir un lave-linge ne relevait plus du pari sur la fiabilité d’une marque mais d’un chiffre clair, précis et réglementé ? Une note sur dix pourrait bien bouleverser votre prochaine visite en magasin.
Électroménager : qu’est-ce que ce nouvel indice sur les lave-linge ?

Le lave-linge s’apprête à faire sa révolution. À compter du 8 avril 2025, les consommateurs français découvriront un tout nouvel outil censé éclairer leurs achats : l’indice de durabilité. Annoncé officiellement le 26 mars 2025 par le Gifam (Groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils d’équipement ménager), ce nouvel indicateur s’inscrit dans le prolongement de la loi Agec de 2020, qui vise à réduire le gaspillage et à allonger la durée de vie des produits. Mais à quoi correspond cette nouvelle note affichée sur les machines à laver ? Et pourquoi commence-t-on avec ce seul appareil ? Le secteur de l’électroménager n’a pas fini de faire mousser les débats.
Un lave-linge noté sur sa durabilité : du score au symbole
Derrière cette note sur dix, accompagnée d’un code couleur allant du marron au vert, se cache une ambition claire : orienter les Français vers des lave-linge à la fois plus réparables et plus solides. Ce n’est plus seulement la facilité de réparation qui est évaluée – comme c’était le cas avec l’ancien indice lancé en 2021 – mais bien l’ensemble des éléments qui influencent la longévité réelle de l’appareil.
Concrètement, comme l’explique le Gifam dans les colonnes du Figaro : « Cet indice va agréger à l’évaluation de la réparabilité de l'appareil un autre bloc sur la durée de vie de l'appareil, avec des critères sur la robustesse, la résistance aux contraintes, à l'usure ». La notation prend ainsi en compte la disponibilité des pièces détachées, la facilité de démontage, mais aussi la solidité des composants, la clarté des informations de maintenance ou encore la présence d’une garantie commerciale étendue.
L’objectif ? Briser la spirale de l’obsolescence perçue, cette impression que tout produit est désormais conçu pour casser à la fin de sa garantie.
Pourquoi le lave-linge, et pourquoi maintenant ?
C’est une question qui fâche. Pourquoi cet indice de durabilité s’applique-t-il uniquement aux lave-linge dans un premier temps ? Pour le Gifam, c’est une question de faisabilité. « L’indice de durabilité sur les téléviseurs est en place depuis janvier, celui sur les lave-linge sera lancé le 8 avril. Les autres produits viendront plus tard, car il faut un travail technique approfondi, produit par produit », avance Anaïs Régnier, responsable développement durable au Gifam (Le Figaro, 26 mars 2025).
Le choix du lave-linge n’est pas neutre : appareil essentiel, soumis à rude épreuve, il représente un poste de dépense important. Le prix moyen d’un modèle neuf est de 420 euros, et une machine reste en moyenne onze ans dans un foyer. Il est donc logique, selon le syndicat, de commencer par là.
Reste que cette lenteur dans le déploiement irrite les associations de consommateurs. L’UFC-Que Choisir salue l’initiative mais critique des critères parfois invérifiables, reposant sur des données fournies par les fabricants eux-mêmes. « Les objectifs en matière de résistance à l’usure mériteraient d’être plus ambitieux », alerte l'association dans son article du 25 mars 2025, tout en appelant à un contrôle indépendant des déclarations des marques.
L’indice de durabilité : nouveau levier de marché ou simple vitrine ?
Côté distributeurs et industriels, on se frotte déjà les mains. En 2024, les lave-linge notés plus de 8 sur 10 ont vu leurs ventes grimper de 30 %, contre une croissance globale de seulement 4 %. « L’impact est évident. Le consommateur privilégie les appareils mieux notés », observe Olivia Guernier, déléguée générale du Gifam, citée dans Le Figaro.
L’indice n’est donc pas seulement un outil informatif : il devient un argument commercial. Pour le secteur de l’électroménager, c’est aussi un moyen de se racheter une image, alors que les scandales liés à l’obsolescence programmée ont longtemps entaché sa réputation.
Mais encore faut-il que la transparence soit au rendez-vous. La plateforme gouvernementale annoncée, qui détaillera les notes « critère par critère », sera scrutée avec attention. Car un indice fondé uniquement sur la bonne foi des constructeurs risque fort de se transformer en miroir aux alouettes.