Electricité : pourquoi la France est en retard en Europe ?

Alors que l’Europe accélère sa transition énergétique, la France peine à suivre le rythme en matière de stockage d’électricité.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Modifié le 14 mars 2025 à 16h21
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5,98 GWLa France ne compte que 5,98 GW de capacités de stockage installées.

Le 14 mars 2025, la question du stockage de l'électricité en France suscite de vifs débats. Selon une analyse publiée par Selectra, la France affiche un retard préoccupant en comparaison avec ses voisins européens, malgré une montée en puissance des énergies renouvelables. Alors que plusieurs pays accélèrent leurs investissements pour renforcer leurs capacités de stockage, l’Hexagone peine à structurer une stratégie ambitieuse.

Le stockage d’électricité : un pilier clé pour l’équilibre du réseau

Le stockage d’électricité désigne l’ensemble des technologies permettant de conserver l’énergie produite pour la restituer ultérieurement, en fonction des besoins du réseau. Son rôle est essentiel pour gérer l’intermittence des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien, qui ne produisent pas en continu. En France, les principales solutions de stockage reposent sur les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), qui représentent environ 80 % des capacités existantes. Ce système utilise deux bassins d’eau à des altitudes différentes : en période de surplus d’électricité, l’eau est pompée vers le bassin supérieur, puis restituée sous forme d’énergie lorsque la demande augmente.

À cela s’ajoutent les batteries stationnaires, en plein essor, qui permettent un stockage plus flexible mais encore limité en capacité. À terme, la France devra diversifier ses solutions, en développant notamment le stockage par hydrogène et les nouvelles générations de batteries, pour assurer un équilibre durable entre production et consommation.

Un retard français dans l'électricité face à des voisins ambitieux

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon les données de la Commission européenne, le Royaume-Uni dispose déjà de 8,45 gigawatts (GW) de capacités de stockage opérationnelles et prévoit d'ajouter 33,46 GW supplémentaires, atteignant ainsi un total de 40,24 GW. L'Allemagne, quant à elle, affiche 8,08 GW en service et anticipe 4,67 GW additionnels, pour un total de 12,35 GW. En comparaison, la France ne compte que 5,98 GW de capacités installées et n'envisage que 0,72 GW de plus, totalisant 6,62 GW. Ces écarts soulignent une dynamique européenne où la France semble en retrait.

Les raisons d'un retard : entre héritage nucléaire et choix stratégiques

Le retard français en matière de stockage d’électricité repose sur plusieurs facteurs. L’héritage nucléaire, qui assure une production stable et pilotable, a longtemps réduit la nécessité de développer des infrastructures de stockage pour gérer l’intermittence des énergies renouvelables. Contrairement à l’Allemagne ou au Royaume-Uni, la France n’a pas instauré de cadre réglementaire et économique incitatif, freinant ainsi les investissements privés et le déploiement de solutions innovantes comme les batteries à grande échelle ou les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP).

De plus, le pays bénéficie d’un réseau d’interconnexions électriques dense avec ses voisins européens, lui permettant d’exporter ses excédents ou d’importer en cas de besoin, limitant la pression sur son réseau interne. Mais avec la montée en puissance du solaire et de l’éolien, cette approche montre ses limites, rendant le stockage incontournable pour assurer la stabilité et l’indépendance énergétique du pays.

Les solutions envisagées : vers une diversification des approches

Pour combler ce retard, plusieurs pistes sont explorées. Les Stations de Transfert d'Énergie par Pompage (STEP) constituent une solution éprouvée. Ces installations utilisent deux bassins à des altitudes différentes pour stocker de l'énergie sous forme d'eau pompée, disponible pour produire de l'électricité à la demande. Actuellement, la capacité totale des STEP en France est d'environ 5 GW. Parallèlement, le stockage par batteries connaît une croissance notable. Les capacités raccordées au réseau de distribution ont été multipliées par 11 en quatre ans, atteignant 529 mégawatts (MW) à la fin du troisième trimestre 2024. Des projets ambitieux, comme l'installation de stockage par batteries d'Amarenco à Saucats en Gironde avec une puissance de 105 MW, illustrent cet essor.

L'adoption de solutions diversifiées, combinant STEP et technologies de batteries, apparaît essentielle pour assurer la stabilité et la résilience de son réseau électrique. Sans une politique volontariste, le risque est grand de voir le pays dépendre excessivement de ses voisins ou de solutions moins durables.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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