Électricité : le système des heures creuses pourrait bientôt changer

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) et Enedis travaillent sur une refonte du système des heures creuses qui pourrait bien chambouler les habitudes de plus de 15 millions de consommateurs ayant souscrit à ce type de contrat d’électricité.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 17 mai 2024 à 11h30
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Électricité : le système des heures creuses pourrait bientôt changer - © Economie Matin
10 à 40%Pour que le système des heures creuses soit rentable, il faut déplacer sa consommation d'électricité de 10 à 40 % pendant ces heures.

Pourquoi réformer le système des heures creuses ?

Le système des heures creuses a été conçu à une époque où l'électricité nucléaire était produite en excès la nuit, et où la demande industrielle était faible. Cela permettait de proposer des tarifs réduits pour encourager les ménages à consommer davantage d'électricité pendant ces heures creuses. Toutefois, la production d'énergie à partir de ressources renouvelables a quelque peu rebattu les cartes : l'électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques est particulièrement abondante en début d'après-midi, ce qui crée un surplus sur le réseau électrique public.

Yannick Jacquemart, directeur des nouvelles flexibilités chez RTE, explique auprès de nos confrères des Echos : « On a tous appris que l'électricité était moins chère la nuit mais le photovoltaïque, qui arrive de façon très abondante en Europe, crée un changement de rythme dans le système électrique tout entier. » En conséquence, les prix de l'électricité peuvent même devenir négatifs durant ces périodes ; c'est d'ailleurs ce qui s'est produit le week-end du 11 mai 2024.

Une grille tarifaire trop complexe et peu incitative

Actuellement, Enedis propose une multitude de régimes tarifaires pour les heures creuses, ce qui complique la vie des consommateurs. Les périodes de tarifs réduits varient beaucoup, parfois avec huit heures consécutives la nuit, parfois avec des plages disjointes jour et nuit. Cette diversité rend difficile pour les ménages de déplacer leur consommation vers ces périodes moins coûteuses.

De plus, les économies réalisées grâce aux heures creuses sont souvent trop minimes pour inciter à changer ses habitudes. Selon le CRE, « Ces dernières années, les fluctuations des prix de l'électricité ont parfois obligé les clients à concentrer 50 à 60 % de leurs consommations pendant les heures creuses pour voir une réduction significative sur leur facture. Bien que ce pourcentage soit maintenant revenu à 30 %, il serait idéal de le stabiliser. » Une réforme s'impose donc, selon Enedis, dans le but de rendre la grille tarifaire des heures creuses plus claire et donc plus attrayante pour les consommateurs.

Passer les heures creuses de nuit en journée

Pour répondre à ces défis, Enedis propose de réformer le système des heures creuses. L'une des principales solutions envisagées par l'organisme, selon nos confrères des Echos, est la généralisation des heures creuses aux heures méridiennes en été, soit à 12 heures, lorsque la consommation des ménages est généralement faible. Derrière ce changement, Enedis vise à ce que la production d'électricité à partir du solaire soit mieux utilisée et à réduire la pression sur le réseau électrique.

A contrario, les tarifs réduits qui sont actuellement proposés en hiver à l'heure du déjeuner ou en fin de journée, périodes de forte demande, seraient supprimés. Ce changement vise donc à aligner les tarifs réduits sur les périodes où l'électricité renouvelable est la plus abondante, dans le but de stabiliser les prix de l'électricité en allégeant le réseau. Pour les consommateurs, ces modifications impliqueraient un ajustement de leurs habitudes de consommation : charger leur voiture électrique ou faire leur machine à laver la nuit ne sera plus financièrement avantageux. Cette réforme pourrait être particulièrement intéressante pour les personnes en télétravail, mais moins pour celles qui n'ont pas cette possibilité. Les tarifs pour l'année 2025 dépendront donc des négociations en cours entre Enedis et la Commission de régulation de l'énergie

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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