L’électricité s’apprête à coûter bien plus cher aux ménages français. Une réforme de la régulation du marché, adoptée dans l’ombre des débats publics, s’annonce comme un coup dur pour les consommateurs. À partir de 2026, les factures risquent de bondir, conséquence directe d’un mécanisme qui privilégie les intérêts d’EDF au détriment du portefeuille des ménages.
Électricité : une flambée des prix en 2026 orchestrée par l’État et EDF ?

Le 25 février 2025, l’UFC-Que Choisir a levé le voile sur une réforme qui pourrait transformer l’électricité en un luxe. Une hausse des tarifs de l’ordre de 19 % est attendue dès janvier 2026, soit une augmentation moyenne de 250 euros par an pour un foyer standard.
Cette flambée des prix découle de la fin de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique, connu sous l’acronyme ARENH, remplacé par un dispositif prenant en compte les fluctuations des marchés internationaux. En clair, l’électricité produite à bas coût en France ne sera plus vendue à un tarif préférentiel, mais soumise aux logiques spéculatives des places de marché. Une réforme légale, inscrite dans la loi de finances pour 2025, adoptée sans concertation avec les consommateurs et sans réel débat parlementaire puisqu’elle a finalement été adoptée par 49.3.
Un choix politique assumé : faire exploser les coûts de l’électricité pour favoriser EDF
Le fonctionnement actuel de l’ARENH permet aux fournisseurs d’électricité d’acheter une part de la production nucléaire d’EDF à un tarif réglementé de 42 euros par mégawattheure. Ce mécanisme permet de maintenir des prix relativement bas pour les consommateurs. En supprimant ce cadre et en le remplaçant par un calcul basé sur les marchés de gros, le coût d’approvisionnement bondira à 117,29 euros par mégawattheure, soit une hausse vertigineuse de 44 %. Cette décision, loin d’être le fruit du hasard, vise à augmenter la rentabilité d’EDF au détriment des ménages.
L’argument avancé par l’exécutif repose sur la nécessité de renforcer la compétitivité du secteur et de permettre à EDF d’investir massivement dans la rénovation du parc nucléaire. Mais dans les faits, le bénéfice de cette réforme est unilatéral. L’État prévoit certes une taxation des profits générés par EDF sur la vente d’électricité au prix fort, mais l’argent récolté ne sera que partiellement redistribué aux consommateurs. Seule une fraction sera reversée sur les factures, rendant la hausse inéluctable.
Des factures en hausse, des consommateurs asphyxiés
Selon les calculs de l’UFC-Que Choisir, l’application de cette réforme en 2025 aurait conduit à une augmentation moyenne de 233 euros par an pour un foyer consommant 6000 kilowattheures, équipé d’un compteur de 6 kilovoltampères sous tarif réglementé de vente. Les ménages chauffés à l’électricité et ceux vivant dans des logements mal isolés seront encore plus lourdement touchés. La suppression de l’ARENH prive les Français de l’un des rares remparts contre la spéculation énergétique.
Sans surprise, l’association de consommateurs réclame la mise en place d’une taxation bien plus forte sur les bénéfices d’EDF ainsi qu’un reversement intégral des recettes issues de cette taxe aux ménages. Elle demande également la création d’une commission indépendante intégrant des représentants des consommateurs pour réformer en profondeur la régulation du marché de l’électricité. Pour l’heure, ces revendications restent lettre morte.
Une réforme du prix de l'électricité adoptée en catimini
Le passage en force de cette mesure dans la loi de finances pour 2025 via un 49.3 a évité tout débat parlementaire. Aucune consultation avec les associations de consommateurs n’a eu lieu. Les défenseurs du modèle actuel estiment qu’un tarif encadré par les coûts réels de production garantirait une meilleure protection aux consommateurs. L’association de consommateurs UFC-Que Choisir, de son côté, milite pour la création d’un service public de l’électricité qui éviterait de soumettre ce bien essentiel aux caprices du marché.
L’exécutif reste évasif sur l’impact réel de cette réforme. Pour l’instant, aucune alternative n’est proposée pour limiter les effets de cette explosion tarifaire. Aucune aide spécifique pour les ménages modestes n’a été actée. La seule certitude, c’est que 2026 marquera un tournant pour l’électricité en France, avec des consommateurs contraints de payer un prix toujours plus élevé pour une ressource pourtant largement produite sur le territoire.
2025 (système actuel) | 2026 (nouveau système) | |
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Coût de l'ARENH (MWh) | 42 €/MWh | Fin de l'ARENH |
Coût d’approvisionnement moyen (MWh) | 81,37 €/MWh | 117,29 €/MWh |
Coût moyen du TRVE (€/MWh) | 118 €/MWh | 140 €/MWh |
Hausse du coût d’approvisionnement (%) | — | 44 % |
Augmentation moyenne des factures (%) | — | 19 % |
Augmentation moyenne des factures (€/an) | — | ≈ 250 € |
Augmentation pour un foyer consommant 6000 kWh/an (€/an) | — | 190 - 233 € |
Augmentation pour un foyer chauffé à l’électricité (€/an) | — | Supérieure à 250 € |
Augmentation pour un logement énergivore (€/an) | — | Supérieure à 300 € |
Part de l’électricité sous ARENH (%) | 43 % | 0 % |
Part de l’électricité sous marché libre (%) | 57 % | 100 % |
Mode de calcul du TRVE | Basé partiellement sur l’ARENH | Basé sur les marchés internationaux |
Impact pour les petites entreprises | Stabilité des coûts | Augmentation moyenne de 12 % des coûts |
Impact pour les industries énergivores | Contrôle des prix partiel | Hausse significative des coûts |