Après des mois de tractations tendues, l’Europe parvient enfin à un accord sur la réforme du marché électrique. Dans ce jeu d’influences où Paris et Berlin se sont affrontés, c’est une solution équilibrée qui émerge, redéfinissant le futur énergétique du continent.
Électricité : le courant passe à nouveau entre Paris et Bruxelles
Un consensus sur la réforme du marché de l'électricité trouvé
Au cœur du Luxembourg, les ministres de l'Énergie des Vingt-Sept, après une journée marathon, ont établi un consensus sur la réforme du marché de l'électricité. Cette initiative vise principalement à juguler la flambée des tarifs électriques observée récemment. Elle ambitionne également de propulser le déploiement des énergies renouvelables, réduisant ainsi la dépendance au gaz russe. Ce pas audacieux entend aussi corriger les distorsions de concurrence avec des géants tels que la Chine et les États-Unis.
La pomme de discorde entre la France et l'Allemagne résidait principalement dans le nucléaire. Paris, armée de son parc nucléaire vieillissant, aspirait à l'attribution de fonds publics pour prolonger la durée de vie de ses réacteurs. Berlin, ayant tourné le dos à cette énergie, redoutait que la France ne propose une électricité bon marché aux industriels, bouleversant ainsi l'équilibre du marché. Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique, défendait l'équivalence des coûts entre nucléaire et renouvelable, accusant l'Allemagne de « discrimination ».
Des mesures pour protéger le consommateur
L'accord final maintient un équilibre précaire. La France obtient le droit d'allouer des subventions pour prolonger la vie de ses réacteurs. Toutefois, la Commission européenne, veillant au grain, surveillera étroitement toute aide accordée à EDF. « Les pays devront se soumettre aux règles de l'UE sur les aides d'État », prévient Kadri Simson, commissaire européenne à l'Énergie. Cette stipulation apporte un semblant de réconfort à l'Allemagne qui souhaitait davantage de mesures restrictives sur les « contrats pour différence » (CFD).
Au-delà des enjeux nucléaires, la réforme comporte des mesures destinées à protéger le consommateur. En cas de nouvelle hausse drastique des prix, un mécanisme de crise s'activera, permettant aux États d'intervenir avec des boucliers tarifaires pour les plus vulnérables. Le texte aborde aussi les « mécanismes de capacité », assurant une rémunération pour les capacités inutilisées des centrales. Ainsi, en dépit des défis, l'Europe se dote d'un cadre renouvelé pour son avenir énergétique.