Ce vendredi 5 avril 2024, au Cercle de l’Union Interalliée, les têtes de liste pour les élections européennes faisaient face aux chefs d’entreprise sur le thème suivant : Quel avenir pour les entreprises européennes et comment préserver la compétitivité et l’unité de l’Europe ? Ce petit-déjeuner débat était organisé par le mouvement ETHIC (Entreprises de Taille Humaine, Indépendantes et de Croissance), présidé par Sophie de Menthon, et animé par Jean-Baptiste Giraud, directeur de la rédaction d’Économie Matin.
Européennes : les têtes de liste répondent aux chefs d’entreprises au débat du mouvement ETHIC
Les Français de plus en plus inquiets
Comme l'a justement rappelé Frédéric Dabi, directeur de l'institut de sondage Ifop, lors de son propos introductif, les élections européennes sont le scrutin le plus boudé par les Français. Alors que plus de 40 % des Français se montraient favorables au Frexit en 2019, année pourtant sur laquelle le taux de participation était le plus haut enregistré depuis 1994, ils ne sont plus que 15 à 20 % à le désirer en 2024.
De plus, selon le baromètre Euractive de juin 2023, 67 % des Français envisagent de porter un bulletin de vote pour les élections européennes qui se tiendront le 9 juin 2024. Le scrutin le plus boudé va-t-il devenir l'un des plus prisés ?
Il faut en effet préciser que la dette moyenne des pays membres de l'Union européenne est de 82,6 % de leur PIB. Son déficit public, quant à lui, s'élève à 3,2 % de son PIB.
La France, pour sa part, a enregistré un déficit public de 154 milliards d'euros en 2023, représentant ainsi 5,5 % de son PIB (+0,7 % par rapport aux prévisions du ministère de l'Économie), tandis que sa dette publique a de nouveau bondi de 147,5 milliards d'euros, s'élevant désormais à 110,6 % de son PIB (3.101 milliards d'euros), le tout pour une maigre croissance de 0,9 %.
L’appel à la « sobriété normative » des entreprises
Les entreprises françaises sont particulièrement inquiètes face à cette épée de Damoclès que représentent l'importance et les conséquences de la dette, qui pèsent tout autant sur l'avenir de la France que sur l'unité de l'Union européenne. Comme l'a souligné Sophie de Menton, présidente du mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance), les entreprises françaises ne sont nullement contre l'Union européenne, bien au contraire. Nonobstant, elles ont développé à son égard une certaine désaffection du fait du mille-feuille européen, désormais désigné sous le terme « inflation normative ».
S'il fallait des preuves : depuis 2002, le code de l'environnement qui s'applique à la plupart des entreprises a vu le nombre de ses articles augmenter de +653 %, celui du commerce de +364 % et celui de la consommation de +311 %. Et pour donner une échelle, selon un rapport du Sénat, le coût de toutes ces normes s'élèverait à 3 % du PIB de la France, soit à plus de 60 milliards d'euros par an aux entreprises (75-80 milliards selon la Fondation iFrap) et entre 12 à 25 milliards pour les collectivités et services publics et les particuliers (iFrap).
De toute évidence, l'inflation normative européenne apparaît comme un, si ce n'est, l'un des principaux freins à la croissance et à la compétitivité de nos entreprises, qui sont de plus, frappées de plein fouet par la crise énergétique. « On a jamais eu autant besoin d’Europe, mais pas de n’importe quelle Europe » comme a tenu à le souligner, Sophie de Monton, présidente du mouvement ETHIC (Entreprises de Taille Humaine, Indépendantes et de Croissance).
C'est donc sous un énième appel à la « sobriété normative » que les têtes de liste des élections européennes étaient invitées à présenter leur vision de l’Europe face aux chefs d'entreprise ce vendredi 5 avril 2024 sur la thématique suivante : Focus sur l’avenir et le développement des entreprises au sein de l’Union européenne : Comment préserver la compétitivité et l’unité de l’Europe ?
Une opération de séduction
Chacun des candidats a pu exposer sa propre vision de l'Europe et livrer ses priorités avant de répondre aux questions de Jean-Baptiste Giraud, notamment concernant leur position sur l'immigration choisie, la mise en place d'un salaire minimum européen, d'un nouvel impôt européen, la création d'une défense européenne, la simplification des normes européennes, ainsi que sur l'environnement et l'énergie...
Il s'agissait d'une véritable opération de séduction pour les candidats présents. Un exercice difficile et qui ne représentait à priori pas le même enjeu pour tous les candidats, en particulier pour Jordan Bardella qui multiplie depuis plusieurs mois ses rencontres avec des chefs d’entreprises.
Quoi qu'il en soit, et malgré leurs points de divergence, tous les candidats se sont accordés sur deux points : la nécessité de revoir le modèle normatif de l'UE et celle de relancer le marché européen en actionnant notamment le levier de la commande publique et en donnant la priorité aux entreprises européennes sur le sol du Vieux Continent.
Une impression se dégageait, à savoir que deux têtes de liste ont semblé avoir davantage convaincu leur auditoire : Marion Maréchal et Jordan Bardella, ces derniers ayant été applaudis à plusieurs reprises. Cela s'est confirmé avec le dépouillement du vote anonyme organisé par le mouvement ETHIC : c'est Jordan Bardella qui s'est montré le plus persuasif aux yeux des chefs d'entreprise présents, suivi par Marion Maréchal et François-Xavier Bellamy.
Étaient présents :
- Jordan Bardella pour le Rassemblement national
- François-Xavier Bellamy pour Les Républicains
- Samia Jaber qui représentait Léon Deffontaines pour le Parti Communiste français
- Aurore Lalucq qui représentait Raphaël Glucksmann pour le Parti socialiste
- Sylvain Maillard qui représentait Valérie Hayer pour Renaissance
- Marion Maréchal pour Reconquête !
- Gilles Mentré qui représentait Philippe Folliot pour Ruralités, l'avenir dans le bon sens
- Mounir Satouri qui représentait Marie Toussaint pour les Ecologistes
- Hélène Thouy pour le Parti animaliste