Élections agricoles : la Coordination rurale bouscule l’agriculture française

Un vent de changement souffle sur le monde agricole français. Longtemps dominées par la FNSEA, les chambres d’agriculture voient émerger un nouvel acteur de poids : la Coordination rurale.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 7 février 2025 11h33
Coordination Rurale 1
Élections agricoles : la Coordination rurale bouscule l’agriculture française - © Economie Matin

Les résultats des élections aux chambres d’agriculture montrent un recul significatif de la FNSEA, tandis que la Coordination rurale gagne du terrain.

Un paysage syndical en pleine mutation

Les chambres d’agriculture, qui contribuent à la gestion des exploitations agricoles et le développement du secteur, ont longtemps été sous le contrôle de la FNSEA. Ce syndicat historique, allié aux Jeunes Agriculteurs (JA), dominait jusqu’ici une écrasante majorité des chambres, définissant les grandes orientations de l’agriculture française.

Mais cette année, la donne change. Selon les premiers résultats, la Coordination rurale a conquis douze chambres d’agriculture, contre trois lors du précédent scrutin. En Dordogne, en Gironde, dans les Ardennes ou encore en Haute-Garonne, le mouvement s’installe et bouscule les équilibres traditionnels. Dans certaines régions, la FNSEA conserve la majorité, mais les écarts sont bien plus serrés qu’auparavant.

Cette percée traduit une exaspération d’une partie des agriculteurs face aux contraintes administratives et économiques qu’ils jugent insoutenables. Le modèle productiviste défendu par la FNSEA est remis en question au profit d’une vision plus souveraine et moins dépendante des normes européennes.

FNSEA contre Coordination rurale : des modèles opposés

Au-delà de la bataille électorale, ces résultats révèlent deux visions profondément différentes de l’agriculture française. La FNSEA, qui reste la première organisation agricole du pays, défend un modèle axé sur la compétitivité et l’exportation. Son approche repose sur des exploitations de grande taille, une production de masse et un dialogue constant avec l’État et l’Union européenne. Le syndicat promeut la transition écologique, mais dans une démarche progressive, en tenant compte des réalités économiques des agriculteurs.

La Coordination rurale, en revanche, adopte une posture de rupture. Opposée à la Politique agricole commune (PAC), elle milite pour un retour à une agriculture plus locale et une protection accrue contre la concurrence étrangère. Elle dénonce la multiplication des normes environnementales et administratives, jugées trop contraignantes, et réclame une revalorisation immédiate des prix agricoles pour garantir un revenu décent aux exploitants.

Les deux syndicats s’accordent sur la nécessité d’améliorer les conditions des agriculteurs, mais leurs solutions divergent radicalement. Là où la FNSEA plaide pour un accompagnement au changement, la Coordination rurale prône une transformation brutale du modèle actuel.

Quel impact pour les agriculteurs ?

Les résultats de ces élections pourraient avoir des conséquences directes sur la manière dont l’agriculture française fonctionne. Le changement de direction dans certaines chambres d’agriculture pourrait signifier une évolution des priorités et des aides.

Avec la Coordination rurale à la tête de nouvelles chambres, il est probable que les exploitants voient une volonté accrue de simplifier la bureaucratie et d’obtenir de meilleures rémunérations. Toutefois, le rejet de certaines aides européennes pourrait mettre en péril la stabilité financière de certaines exploitations.

Les prix des produits agricoles vont-ils augmenter ?

L’impact des élections syndicales agricoles se fera ressentir sur la chaîne de production et donc sur les prix. Si la Coordination rurale parvient à imposer ses revendications, cela pourrait se traduire par une augmentation des prix des produits alimentaires français, en raison de la réduction des importations et d’une rémunération plus élevée des producteurs. À l’inverse, la FNSEA plaide pour un modèle qui permet de maintenir des prix compétitifs en jouant sur les volumes et les accords internationaux.

La question de l’autonomie alimentaire est également au cœur des débats. La Coordination rurale insiste sur la nécessité de réduire la dépendance aux importations et de favoriser les circuits courts, ce qui pourrait transformer en profondeur les modes de consommation en France.

Certains agriculteurs voient dans cette élection une chance de reprendre le contrôle de leur métier et de ne plus subir les décisions imposées par Bruxelles. D’autres redoutent une instabilité économique si les chambres d’agriculture gérées par la Coordination rurale se retrouvent privées des soutiens financiers européens.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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