Égalité hommes-femmes : qui est le champion d’Europe ?

L’égalité hommes-femmes est un enjeu central dans les politiques publiques européennes, mais les progrès restent inégaux. Le Gender Equality Index 2024, publié par l’Institut européen pour l’égalité de genre (EIGE), dresse un tableau des avancées et des lacunes.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 10 décembre 2024 à 11h35
Égalité hommes-femmes : qui est le champion d’Europe ?
Égalité hommes-femmes : qui est le champion d’Europe ? - © Economie Matin
13,9%les femmes gagnent en moyenne 13,9% de moins que leurs homologues masculins

Si elle n’est pas un mauvais élève, avec un score de 76,1 points sur 100, la France se classe en 6e position sur les 27 États membres de l’Union européenne. Mais qui remporte la première place du classement ? Et qui la dernière ?

L’Europe : un panorama contrasté de l’égalité hommes-femmes

Depuis 2010, l’Europe a progressé de 7,9 points dans son indice moyen, atteignant 71/100 en 2024. Cependant, ces avancées masquent de fortes disparités entre les pays membres. La Suède, avec 82 points, reste le leader incontesté grâce à des politiques ambitieuses dans les domaines du pouvoir et de l’emploi. Le Danemark et les Pays-Bas suivent avec 78,8 points, tandis que des pays comme la Roumanie (57,5 points) et la Hongrie (57,8 points) ferment la marche.

En 2024, la France se positionne au cœur d’un groupe intermédiaire, entre les leaders nordiques et les pays d’Europe de l’Est, souvent en retard. Ce classement reflète une dynamique nationale portée par des mesures structurantes, telles que les quotas de parité et la transparence salariale, mais met en lumière des retards persistants dans des domaines comme la santé et le partage des tâches domestiques.

Classement des pays européens selon le Gender Equality Index 2024

Position Pays Score 2024 Score 2023 Score 2010 Évolution 2010-2024
1 Suède 82,0 82,2 80,1 +1,9
2 Danemark 78,8 78,1 75,2 +3,6
3 Pays-Bas 78,8 78,3 74,0 +4,8
4 Espagne 76,7 76,4 66,4 +10,3
5 Belgique 76,1 75,9 69,3 +6,8
6 France 76,1 75,7 67,5 +8,6
7 Luxembourg 75,4 75,0 61,2 +14,2
8 Finlande 74,5 74,4 73,1 +1,4
9 Irlande 73,4 73,3 65,3 +8,0
10 Allemagne 72,0 70,8 62,6 +9,4
11 Autriche 71,7 71,2 58,7 +13,0
12 Slovénie 70,1 69,4 62,7 +7,4
13 Malte 70,1 67,8 54,4 +15,7
14 Italie 69,2 68,2 53,3 +15,9
15 Portugal 68,6 67,4 53,7 +14,9
16 Lituanie 65,8 64,1 54,9 +10,9
17 Bulgarie 64,5 63,9 57,0 +7,4
18 Pologne 63,4 62,3 55,5 +7,9
19 Lettonie 62,6 61,5 55,1 +7,4
20 Chypre 60,9 59,9 49,0 +11,9
21 Estonie 60,8 58,8 53,4 +7,4
22 Slovaquie 59,9 58,5 53,0 +6,9
23 Tchéquie 59,9 57,9 55,6 +4,3
24 Croatie 59,7 60,7 52,3 +7,4
25 Grèce 59,3 58,9 48,6 +10,7
26 Hongrie 57,8 57,3 52,4 +5,4
27 Roumanie 57,5 56,1 50,8 +6,7

La moyenne européenne cache des dynamiques diverses. Des pays comme Malte, la Lituanie et le Portugal affichent les progressions les plus marquées depuis 2010 (+15,7, +14,9 et +14,2 points respectivement), tandis que des pays comme la Bulgarie et la Croatie stagnent, voire régressent.

Egalité hommes-femmes en France : peut mieux faire

La France, avec ses 76,1 points, affiche des résultats contrastés selon les domaines. Si elle se distingue par des avancées dans certains secteurs, elle est freinée par des inégalités persistantes et des défis spécifiques.

Les forces de la France : des progrès dans plusieurs domaines

Le domaine de l’argent est l’un des points forts de la France, avec un score de 83,4 points. Les écarts salariaux se sont réduits, notamment grâce à des politiques de transparence et des dispositifs incitant à une meilleure parité dans les rémunérations. Cependant, ces progrès sont limités par la surcharge des femmes dans les tâches non rémunérées, qui freine leur progression dans certaines carrières.

En matière de travail, avec un score de 74,2 points, la France bénéficie d’une forte participation des femmes au marché du travail, mais cette participation reste inégale selon les secteurs. Les femmes continuent de dominer dans les domaines de la santé et de l’éducation, moins bien rémunérés, et peinent à accéder aux positions de pouvoir dans les entreprises.

Les faiblesses : des défis structurels pour améliorer l’égalité hommes-femmes

Le domaine du pouvoir, avec 61,4 points, illustre les limites des politiques de parité. Bien que les quotas aient permis une augmentation notable du nombre de femmes dans les conseils d’administration, leur représentation dans les fonctions politiques locales reste faible. Au Parlement européen, la France a même enregistré un léger recul.

Le partage du temps reste l’un des domaines les plus faibles, avec 68,5 points. Les femmes consacrent encore une part disproportionnée de leur temps aux tâches domestiques et aux responsabilités familiales, ce qui limite leur engagement dans des activités sportives, culturelles ou bénévoles.

Enfin, le domaine de la santé, avec 88,6 points, est marqué par des disparités dans l’accès aux soins et une perception globalement moins favorable de l’état de santé chez les femmes, notamment parmi les populations vulnérables (femmes âgées, migrantes, LGBTQI).

Égalité hommes-femmes : Récapitulatif des scores de la France par domaine (2024)

Domaine Score 2024 Score 2023 Score 2010 Évolution 2010-2024
Santé 88,6 88,5 86,7 +1,9 : Perception moins positive de la santé chez les femmes âgées.
Pouvoir 61,4 60,9 49,3 +12,1 : Avancées grâce aux quotas dans le privé ; stagnation politique.
Travail 74,2 74,0 69,6 +4,6 : Persistances des écarts dans les secteurs dominés par les hommes.
Argent 83,4 82,7 76,1 +7,3 : Réduction des écarts salariaux ; poids des tâches non rémunérées.
Temps 68,5 68,0 65,2 +3,3 : Les femmes assument toujours l’essentiel des tâches domestiques.
Connaissance 64,2 63,8 59,8 +4,4 : Segmentation persistante dans les filières STEM.

La 6e position de la France reflète des avancées indéniables mais souligne aussi les efforts à poursuivre. Si les politiques publiques ont permis des améliorations notables, notamment dans les domaines du travail et de l’argent, des défis structurels subsistent, notamment dans la répartition des responsabilités domestiques et la représentation politique.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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