Au-delà de l’épisode actuel, les États-Unis continueront à attirer talents et capitaux. Sauf si, en France, une contre-révolution abolit l’égalitarisme. Comme Trump réduit sous nos yeux le wokisme outre-Atlantique.
L’égalitarisme, cause profonde du handicap français

Donald Trump rappelé à l’ordre par les marchés financiers
L’actualité de la semaine du 7 avril 2025 a été principalement marquée par l’annonce de Donald Trump de suspendre, pour 90 jours, les droits de douanes dit “réciproques“ annoncés le 2 avril, à l’exception des marchandises en provenance de Chine (désormais taxés à 145 %, sauf les ordinateurs et des smartphones, sortis de la liste, samedi 12 avril…).
La raison de ce revirement est à rechercher dans un évènement qui a eu lieu quelques heures plus tôt.
Le Trésor américain devait renouveler une échéance importante de ses bons du Trésor (“TBonds“) à 30 ans. Or ce jour-là, le taux d’intérêt était monté brusquement à plus de 5 %, pour se fixer à 4,8 %, du jamais vu depuis longtemps. Comme la veille, une adjudication de 58 milliards de dollars, sur des échéances différentes, n’avait pas trouvé facilement de preneurs, le message des marchés était clair : une défiance générale et soudaine se manifestait à l’égard du dollar et des États-Unis, sans doute alimentée par des ventes massives de banques centrales (chinoise et japonaise).
Dans un pays où la dette publique est de plus de 36.000 milliards de dollars (huit fois celle de la France), alimentée par un énorme déficit budgétaire (1700 milliards de dollars, soit plus de 6 % du PIB), l’augmentation de 0,5 % du taux d’intérêt versé aux souscripteurs d’obligations d’État représente une charge supplémentaire de quelque 180 milliards de dollars supplémentaires pour le Trésor public.
On conçoit que le Président des États-Unis - comme tous ses homologues chefs d’État - surveille attentivement et quotidiennement les taux d’intérêt sur le marché de la dette américaine…
Le 9 avril, ce fut donc “panique à bord“. Deux heures après un entretien exceptionnel avec son Secrétaire au Trésor, Scott Bessent, Trump annonçait donc cette suspension, évidemment qualifiée de “courageuse“ par ses partisans et toute la Maison Blanche. Détente immédiate sur les taux. Mais coup de semonce.
Conclusion : quand un pays est endetté jusqu’au cou, les marchés financiers demeurent des garde-fous efficaces. Ils commandent. La France en sait quelque chose…
N’enterrons pas trop vite la super puissance américaine
Souvent, dès que l’occasion se présente, j’aime à poser la question suivante autour de moi :
- pour la prospérité d’un pays, pensez-vous préférable qu’il y ait plus, ou moins de personnes riches ?
À peu près toujours, la réponse va à “davantage de riches“…
Pourtant, depuis trois siècles, la France est le pays de l’égalitarisme.
La citation « La France est un pays où l'on sème des impôts et où l'on récolte des fonctionnaires » est attribuée à Georges Clemenceau. Il aurait aussi bien pu dire « La France cultive l’égalitarisme et récolte un Etat-providence inefficace ».
Si nous vivions en autarcie, et à condition que ce soit vraiment un choix collectif démocratique, émis par une majorité de citoyens, pourquoi pas ? Mais nous vivons dans une économie ouverte, encore mondialisée, et ce choix, pourtant fondamental, n’a jamais vraiment été mis sur la table d’une élection générale. Le primat de l’Etat-providence, principal instrument de l’égalitarisme, est plutôt celui de la bien-pensance, d’un État-profond et dominant. Exactement comme le wokisme aux États-Unis, que Donald Trump s’efforce de démanteler.
L’Amérique était, sans conteste, le pays qui attirait le mieux capitaux et talents : la rentabilité du capital était meilleure (voir ci-après), l’accès aux financements plus facile, et les réussites mieux récompensées.
D’où l’exil volontaire outre-Atlantique, d’un grand nombre de nos jeunes diplômés, de créateurs de start-up, de chercheurs, et d’entrepreneurs.
Les conséquences néfastes pour l’Amérique de la déclaration de guerre commerciale ouverte par le Président des États-Unis le 9 février 2025, soulignées aujourd’hui par une majorité d’observateurs, sont réelles : ralentissement économique, risque inflationniste, baisse du dollar, du niveau de vie et de la valeur des patrimoines… En déduire que, durablement, les États-Unis vont perdre, dès demain, leur position économique dominante est aller un peu vite en besogne.
Qu’un certain rééquilibrage, entre l’Europe et les États-Unis soit à l’œuvre est possible. Mais l’Amérique gardera encore longtemps un avantage comparatif déterminant : un système fiscal moins confiscatoire pour les grandes fortunes. Car là où sont celles-ci, là est la supériorité économique.
L’égalitarisme est anti-business
S’imaginer, comme nos dirigeants le font, qu’on peut être accueillant pour les entreprises (étrangères), sans l’être pour les grandes fortunes, françaises ou étrangères, est une contradiction à caractère schizophrénique.
Si la France, et bien sûr l’Europe, veulent demain devenir aussi attractifs que les États-Unis, elles devraient commencer par mener à bien une révolution fiscale, parfaitement aux antipodes de la pensée dominante.
Si ce n’est pas le cas, les États-Unis conserveront une position économique dominante, même réduite relativement.