Effondrement des ventes de voitures électriques en Europe

En mai dernier, les ventes de voitures électriques en Europe ont encore chuté, marquant un déclin de 12 %. Avec des disparités importantes entre les pays, la dépendance aux subventions publiques et les préoccupations des consommateurs sur l’autonomie et les coûts, le secteur peine à convaincre malgré les objectifs ambitieux fixés par Bruxelles.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 24 juin 2024 à 14h00
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5,4%En France, les ventes de voitures électriques ont augmenté de 5,4% en mai.

Les ventes de voitures électriques continuent de chuter en Europe. En mai, une baisse significative de 12 % a été enregistrée dans l'Union européenne, avec seulement 114.308 nouvelles immatriculations, selon les dernières statistiques de l'Association des constructeurs européens (ACEA). Cette tendance à la baisse est particulièrement marquée dans des pays comme la Suède (-35 %), l'Allemagne (-30 %), et l'Italie (-18 %). En revanche, les ventes de voitures hybrides ont augmenté de 16 % sur la même période.

Des voitures électriques toujours trop chères

Sur les cinq premiers mois de l'année, les voitures électriques représentent 13,5 % des ventes en Europe, incluant le Royaume-Uni et la Norvège, contre 13,7 % un an auparavant. La fin des subventions en Allemagne fin 2023 a particulièrement impacté les ventes, avec une baisse notable en mai. Même la Norvège, souvent citée comme le modèle en matière d'électrification, a vu ses ventes chuter de 27 %.

La France, cependant, fait figure d'exception grâce aux aides gouvernementales généreuses. Les ventes y ont augmenté de 5,4 % en mai, soutenues par des subventions allant jusqu'à 7 000 euros par véhicule zéro émission, selon les revenus.

Le coût élevé des voitures électriques reste un frein majeur à leur adoption. Une Peugeot 208 électrique coûte environ 33.000 euros, contre 18.770 euros pour sa version à essence. Cette différence de prix rend les ventes de voitures électriques fortement dépendantes des aides publiques. En France, ces subventions ont permis de maintenir un certain dynamisme sur le marché, mais leur pérennité est incertaine.

Les défis de l'adoption massive

L’Europe présente des disparités marquées en matière d’électrification. La Norvège, leader en la matière, a un taux d’électrification de 90 %, tandis que des pays comme l’Espagne (4,4 %), l’Italie (3,2 %) et la République tchèque (0,2 %) restent très en retrait. Cette situation soulève des questions sur la nature de cette stagnation : est-elle structurelle ou conjoncturelle ? L’électrification reste inéluctable, malgré le coût plus élevé des voitures électriques, compensé par des coûts d'utilisation plus bas.

La décision de Bruxelles d'interdire les ventes de voitures neuves non électriques d'ici 2035 met la pression sur les constructeurs. Citroën, par exemple, doit vendre 25 % de ses véhicules en version électrique dès 2025 pour éviter de lourdes amendes liées aux émissions de CO2. Malgré cela, les automobilistes européens semblent réticents. Les constructeurs admettent que le marché de l’électrique est en retard par rapport aux prévisions.

L’arrivée de modèles plus abordables, comme la Citroën ë-C3 ou la future Renault R5, pourrait changer la donne. Cependant, ces véhicules, bien que moins chers, restent plus onéreux que leurs équivalents thermiques et offrent des performances moindres, notamment en termes d'autonomie, un critère crucial pour les consommateurs. Une étude de McKinsey révèle d'ailleurs que 30 % des propriétaires de voitures électriques envisagent de revenir aux véhicules thermiques, principalement en raison des problèmes de recharge.

Les difficultés du marché électrique se reflètent également dans les décisions stratégiques des entreprises. Renault a dû reporter l'introduction en Bourse de sa filiale Ampere, faute d'intérêt suffisant des investisseurs. De même, le fabricant de batteries ACC, soutenu par Stellantis et Total Energies, a annoncé une pause dans la construction de gigafactories en Allemagne et en Italie en raison des incertitudes sur l'électrique.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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