Éducation : deux députés relancent la bataille école privée – publique

Deux députés, Christophe Weissberg (Renaissance) et Paul Vannier (LFI), ont rendu public un rapport parlementaire sur les écoles privées sous contrat le 26 mars 2024. Ils y dénoncent une opacité sur leurs financements et pointent du doigt leur manque de mixité sociale. Ayant déjà fait couler beaucoup d’encre, celui-ci sera présenté ce mardi 2 avril 2024 à l’Assemblée nationale.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 3 avril 2024 à 7h48
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Éducation : deux députés relancent la bataille école privée – publique - © Economie Matin

Renforcer les contrôles sur les écoles privées

Le rapport parlementaire qui sera discuté à l'Assemblée nationale ce 2 avril 2024, rédigé par Christopher Weissberg (Renaissance) et Paul Vannier (LFI), est au cœur d'une polémique qui relance la bataille entre l'école privée et l'école publique. Ce dernier, en effet, appelle à un réexamen de la loi Debré de 1959, qui régule le partenariat établi entre l'État et les établissements privés sous contrat. Ce qui est reproché aux établissements privés ? Leur financement qui provient à hauteur de 75 % de l'État, et en particulier leur supposée « ségrégation socio-scolaire ».« Il faut remettre du contrôle et du pilotage dans le système privé (...) sinon, on risque d’aboutir à une concurrence déloyale entre le privé et le public », justifie Christopher Weissberg. « Quel est le montant total consacré aux établissements privés sous contrat ? Dix, onze, peut-être douze milliards d’euros… Personne n’en sait rien. C’est hors de contrôle, quasiment. C’est d’une grande opacité », renchérit Paul Vannier.

Les deux députés exigent que des contrôles soient mis en place sur l'utilisation des financements reçue par les écoles privées ainsi que sur la mixité sociale de leurs élèves, « pour mettre fin à une omerta politique qui aura duré près de quarante ans », pour reprendre les termes du député LFI. Le rapport a en ligne de mire la sélection des élèves mise en place par les établissements privés. Il vise ainsi à comparer l'origine sociale des élèves des écoles publiques à ceux des écoles privées, et envisage, pour ces dernières, la création d'un « malus » qui pourrait atteindre 10.000 euros par élève en cas de disparité entre les deux établissements.

L'enseignement catholique déplore un acharnement injustifié

Les établissements d'enseignement catholique, qui représentent 97 % des écoles privées sous contrat, soit pas moins de 2 millions d'élèves, n'ont pas tardé à réagir face aux accusations des deux députés. « Le financement de l’enseignement privé sous contrat n’est pas opaque. Il est transparent. On ne cache pas des donateurs milliardaires qui nous financeraient de façon occulte », a défendu Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique.

Ce dernier a par ailleurs tenu à rappeler qu'un élève dans l'enseignement privé coûtait deux fois moins cher à l'État qu'un élève dans l'enseignement public et a affirmé que les quotas de mixité sociale seront « largement dépassés » d'ici à 2027. Il a néanmoins reconnu que les contrôles « ne sont pas toujours mis en œuvre », mais que les écoles privées se mettaient à la « disposition de la puissance publique pour ces contrôles ». « Régulièrement, depuis la loi Debré de 1959, l’enseignement catholique est attaqué », a-t-il ainsi déploré, ajoutant que « certains n’acceptent pas notre existence, tout simplement ». Avec la polémique sur le collège Stanislas, qui a provoqué la démission de l'ex-ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, la bataille entre l'école privée et l'école publique repart de plus belle. Le dernier classement PISA de 2023, qui a mis en exergue la chute drastique du niveau scolaire français, semble pourtant démontrer un certain échec du collège unique... Le combat à mener tient-il réellement au financement et à la mixité dans les établissements privés ?

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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