Clap de fin pour l’aventure de Luc Rémont à la tête d’EDF. Le dirigeant est remercié un trimestre avant la fin de son mandat. Il paie les divergences d’approche avec l’État concernant la gestion et l’avenir de l’entreprise publique d’énergie.
EDF : les raisons de la mise à l’écart de Luc Rémont
Luc Rémont n’est plus le patron d’EDF
Luc Rémont n’est plus le PDG d’EDF. La nouvelle a fait l’effet d’une déflagration, bien que les tensions entre l’État et l’énergéticien historique aient été palpables depuis plusieurs mois. En toile de fond, une vision stratégique jugée trop indépendante par le gouvernement et des retards accumulés dans la relance du nucléaire. Bernard Fontana, patron de Framatome, devrait lui succéder avec une feuille de route bien différente.
La décision de l’exécutif est avant tout une question de contrôle. Depuis le retour d’EDF dans le giron de l’État en 2023, l’entreprise est censée être le bras armé de la politique énergétique française. Mais Luc Rémont avait une autre vision : internationaliser l’activité d’EDF et vendre l’électricité nucléaire à des prix reflétant les réalités du marché. Un choix qui n’a pas plu à Bercy, qui souhaitait au contraire garantir des tarifs préférentiels aux industriels français, quitte à forcer EDF à rogner sur ses marges.
Pire encore, Rémont s’opposait à toute baisse de prix imposée par l’État. Une posture qui lui a valu l’hostilité des ministères concernés. Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, a d’ailleurs demandé un bilan des négociations en cours sur les contrats à long terme pour les industriels. Son verdict a été sans appel : seuls 1 % des objectifs fixés avaient été atteints.
La gestion du nucléaire en question
Mais c’est bien la relance du nucléaire qui aura scellé son sort. Annoncé comme le fer de lance de la souveraineté énergétique française, le programme de construction de six nouveaux réacteurs (EPR2) accumule retards et incertitudes. Luc Rémont n’aurait pas su rassurer l’État sur sa capacité à mener ce chantier titanesque. Lors du dernier conseil de politique nucléaire, tenu dans le plus grand secret, Emmanuel Macron aurait perdu patience face à l’absence d’avancées concrètes.
Pour ne rien arranger, EDF sous Luc Rémont avait pris des initiatives internationales en tentant de vendre ses réacteurs à l’étranger, notamment en Pologne, en République tchèque et en Suède. Une stratégie qui n’a pas trouvé grâce aux yeux de l’exécutif. Selon la Cour des comptes, EDF devait avant tout se recentrer sur le marché français et assurer la mise en œuvre du programme nucléaire national avant d’ambitionner une expansion européenne.