En économie, l’illusion de l’action garantit la réussite de l’échec

Une dissolution « coup de tête » de l’Assemblée Nationale, une campagne précipitée, des législatives, avec des résultats inattendus par le « pouvoir en place ». Les gagnants en nombre d’électeurs sont les perdants et les perdants sont les gagnants. L’Exécutif est aux Jeux… La France dégage une image perçue d’impuissance et d’indécision. Au plan économique, il n’y a pas de parenthèse temporelle.

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Par Jacques Martineau Publié le 25 juillet 2024 à 5h30
Echec
25,33%Le NFP a obtenu 25,33% des voix en France.

Les mises en garde tombent souvent mal à propos, comme celles de la Cour des comptes, de la BCE, de la Commission européenne ou du FMI. Les agences de notation reviennent à la charge avec un nouveau déclassement pressenti. L’arbitrage final tarde souvent à venir. Il est autobloquant par nature mais n’échappera pas aux faits.

Une technique "bien rodée" au service de l’inaction

La querelle politique prend trop souvent le pas sur les problèmes économiques de fond. Le souci de préserver l’opacité de notre système parlementaire sert de liant entre nos élus. La politique du « report à nouveau » ou du « projet à 20 ans » est dans les faits l’un des moyens de clore des débats qui n’ont pas encore eu lieu ou de remettre à plus tard l’absence de décision, surtout quand le pouvoir manque d’idées concrètes consensuelles. L’Exécutif trouvera les arguments nécessaires pour faire présenter un projet de réforme, flattant l’opinion publique, en référence à un proverbe bien connu : "l’intention vaut l’action". Après de multiples « essais médiatiques », lorsqu’une décision est prise, c’est l’effet d’annonce qui prend le pas. Le tout masque l’inaction. La dette et son déficit servent de toile de fond et sont souvent prétexte à l’immobilisme.

Cependant, des suppressions vont être votées, des projets de loi vont être élaborés avec plus ou moins de discrétion pour apprécier les retours politiques et les freins de l’opinion publique. Enfin ils seront présentés à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, conformément à un calendrier précis après discussion en commissions avec le nombre d’amendements nécessaires. Le texte final est adopté, édulcoré trop souvent de l’essentiel. L’objectif est de ne pas déplaire. La mise en scène se complète avec le Sénat autour d’une commission mixte paritaire. Quant à la publication des décrets d’applications au Journal officiel, il faut être patient.

Le haut du débat, c’est la réussite de l’échec !

Le tout se déroule à l’affût, de partenaires sociaux, patronat et syndicats, au regard d’une opinion publique inquiète en perte de confiance, ignorant une opposition totale, majoritaire en nombre d’électeurs, tous groupes confondus. Tous sont en attente de résultats. A chaque instant arrive le temps des décisions et des actions. L’arbitrage final tarde souvent à venir. Il est autobloquant par nature. C’est le désordre et la réussite de l’échec. Or le seul enjeu, c’est la France. Nos responsables politiques sont loin de nous laisser paraître qu’ils en ont toujours conscience dans le passage à l’action. Le seul objectif de ces « battus », être élus, réélus ou être maintenus dans les couloirs du pouvoir. L’inaction prédomine. C’est la réussite de l’échec.

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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