Malgré une instabilité politique marquée par la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives tumultueuses, l’Insee prévoit une croissance stable pour l’économie française en 2024. Les Jeux olympiques et une légère reprise de la consommation pourraient contribuer à cette bonne tenue, mais gare aux dangers qui rôdent.
Malgré tout, l’économie française devrait tenir le choc cette année
L'Insee a dévoilé ses prévisions économiques pour 2024, annonçant une croissance de l'économie française de 1,1%, en ligne avec celle de 2023. Cette stabilité apparente survient en dépit d'un contexte politique particulièrement houleux, marqué par la dissolution de l'Assemblée nationale et des élections législatives ne débouchant sur aucune majorité claire.
Une croissance économique sous haute tension
Les incertitudes politiques pèsent sur l'économie française. Le gouvernement Attal est en suspens, et les forces de gauche cherchent à désigner un candidat pour Matignon. Cependant, l'Insee reste optimiste : « La situation est cependant inhabituelle par rapport aux autres périodes de cohabitation », souligne Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture, en rappelant les précédentes cohabitations. Selon lui, il existe chez les ménages une « bulle d'optimisme » lors de ces moments électoraux, bien que l'incertitude puisse freiner certaines décisions d'investissement des entreprises.
Sur le plan du pouvoir d'achat, les nouvelles sont mitigées. L'indice des prix à la consommation a baissé, passant de 4,5% à 2,1%, se rapprochant ainsi de l'objectif de la Banque centrale européenne (2%). Cette diminution est principalement due à la stabilisation des prix alimentaires et agricoles, bien que les services continuent de pousser l'inflation. « Les ménages réengrangent un peu de pouvoir d'achat après deux années de vaches maigres », observe l'Insee.
L'économie française bénéficie d'un rebond de la consommation
Cependant, cette amélioration demeure insuffisante pour compenser les pertes des deux dernières années. Les revenus réels des travailleurs ont chuté, avec une baisse notable de 0,8% dans le secteur privé en 2023. Malgré cela, une légère reprise de la consommation des ménages est attendue, avec une augmentation de 1,3% en 2024 contre 0,9% en 2023. Cette hausse, bien que modeste, pourrait offrir un coup de pouce à la croissance économique.
L'investissement des entreprises, crucial pour une croissance durable, reste morose. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les entreprises ont drastiquement réduit leurs dépenses d'investissement, aggravées par la hausse des prix de l'énergie et le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. L'investissement des entreprises resterait contraint par le coût du crédit, explique l'institution. Bien que la décision de la BCE de baisser les taux puisse offrir un répit, les perspectives d'investissement restent incertaines.
Les Jeux olympiques de 2024, prometteurs, n'auront toutefois qu'un impact limité sur la croissance annuelle, estimé à 0,1 point de PIB. Les constructions pour les Jeux ont déjà stimulé l'activité, et les prochains leviers de croissance viendront principalement des ventes de billets, des droits audiovisuels, et de l'augmentation du tourisme et de la consommation dans l'hôtellerie et la restauration. « Les constructions nécessaires aux Jeux sont derrière nous », rappelle l'Insee, tempérant ainsi les attentes quant à l'impact économique des Jeux.