L’enseignement supérieur doit former des jeunes capables d’inspirer les entreprises

4 points essentiels pour que l’enseignement supérieur soit davantage en adéquation avec ses étudiants.

Arthur Martel Mbway Lyon 2
Par Arthur Martel Publié le 20 décembre 2022 à 5h00
Enseignement Ecole Etude Formation Entreprise
L’enseignement supérieur doit former des jeunes capables d’inspirer les entreprises - © Economie Matin
98%98% des bacheliers généraux en France poursuivent leurs études.

1. Être à l’écoute des jeunes générations

Aujourd’hui les jeunes et leurs aspirations nous inspirent. En quête de sens, de transparence, souhaitant être acteurs de leur formation, les étudiants remettent en question les bases de l’enseignement et plus largement du monde du travail avant même d’y avoir mis les pieds. Nous percevons un nouveau souffle avec une génération qui n’est pas prête à aller vers un emploi ou un secteur qui ne lui correspond pas vraiment et pour lequel elle ne trouve pas de sens. Il est donc important en tant qu’école d’avoir une pédagogie ouverte à la discussion pour comprendre ces évolutions et adapter au mieux ses programmes. L’exemple le plus parlant aujourd’hui c’est l’après pandémie et les répercussions que celle-ci a eu sur l’attention des jeunes de retour en présentiel. En tant qu’école, nous sommes obligés de garantir la motivation des étudiants dont l’attention a été parasitée et bouleversée pendant un long moment. Cette période est finalement vertueuse car elle a permis de remettre les compteurs à zéro pour beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur qui étaient peut-être dans le faux en ne proposant pas des cours susceptibles d’intéresser les élèves et en ne collant plus à leurs attentes. C’est un véritable parti-pris finalement. Souhaite-on une salle de cours avec des étudiants désengagés, contraints et forcés ou est ce qu’on s’adapte et on prend le contrôle pour ramener l’attention et l’intérêt au cœur de nos enseignements ? Je pense que personne n’est gagnant à rester sur le modèle d’avant. A nous école d’agir et de revoir certains programmes, certains modules pour se rapprocher des aspirations et attentes des jeunes aujourd’hui.

2. Être à l’affut des nouvelles tendances qui intéressent les étudiants

Une école a l’immense liberté de se servir des remontés du terrain et des tendances pour construire ses programmes. Aujourd’hui on découvre une nouvelle génération de jeunes engagés qui souhaitent être moteurs dans leur formation et qui ne veulent plus poursuivre leurs études juste pour poursuivre leurs études. Acquérir de la compétence cela n’est finalement plus suffisant : ils veulent du sens, ils veulent comprendre ce qu’on leur propose et ils souhaitent pouvoir s’engager. Le Power Point théorique sur lequel on leur donne de la compétence ne les intéresse plus. Aujourd’hui de multiples supports numériques et interactifs existent et vont permettre de donner une autre dimension à l’enseignement. On assiste également à de nouveaux phénomènes de société qui bousculent le monde du travail mais plus largement l’enseignement supérieur : quiet quitting (démission silencieuse), avènement du télétravail, semaine de 4 jours. Il est intéressant de décrypter ces nouvelles pratiques et de voir dans quelle mesure celles-ci peuvent être pertinentes à exploiter dans nos enseignements.

3. Adopter pleinement son rôle d’éclaireur

Ce qui est intéressant dans l’enseignement supérieur, c’est que quand une école commence à proposer de nouvelles formations, de nouveaux modules, elle est très souvent suivie par les autres. C’est finalement un cercle vertueux, car nous formons nos étudiants sur les mêmes enjeux, ceux qui nous semblent importants aujourd’hui. Nous avons ce rôle extraordinaire de pouvoir mettre en lumière les sujets de demain au cœur de nos programmes et cette faculté unique de planter des graines en développant le potentiel de chacun de nos élèves qui vont pouvoir le mettre à profit plus tard dans leurs expériences professionnelles. Par exemple, il y a quelques années, les étudiants ne savaient pas se vendre sur le marché de l’emploi. Toutes les écoles sont ainsi venues faire des cours d’employabilité pour apprendre aux jeunes à faire un CV, créer un compte LinkedIn, se vendre... Aujourd’hui les nouvelles générations sont armées à ce niveau-là et se concentrent plutôt sur des thématiques comme la RSE et sont en attente d’un lien à ce sujet dans leurs différents modules. En effet, les étudiants estiment que l’engagement social et environnemental est une donnée clé dans le choix de leur future alternance ou leur futur emploi. De fait c’est vraiment quelque chose sur lequel ils viennent chercher les écoles et les challenger. Charge à nous établissement de « colorer » nos programmes de manière à répondre à ces nouveaux enjeux.

4. Initier ce chemin d’évolution vers les entreprises

Aujourd’hui la plupart des entreprises ont conscience de devoir aller vers ses thématiques liées à la RSE mais sans avoir la ressource à date. C’est là que nous avons ce rôle de former les étudiants pour qu’ils puissent réellement être moteurs et précurseurs sur ces questions en arrivant et en évoluant au sein des entreprises. Le chemin part de l’école et arrive dans l’entreprise quelques années plus tard. C’était le cas pour l’inclusion, c’est seulement aujourd’hui qu’on voit réellement les effets dans les entreprises. Je pense que tout est une question de point de vue et de parti-pris des écoles. Soit on répond à ces nouvelles aspirations de façon obligatoire sans réel engagement soit on s’implique vraiment et on adopte ces nouvelles attentes comme une priorité dans nos campus. On réconcilie ainsi la relation entreprises/étudiants et on remplit notre mission qui est d’inspirer les jeunes qui vont eux-mêmes inspirer les entreprises. Je suis donc convaincu qu’il faut être à l’écoute des jeunes générations et de leurs aspirations pour construire et réinventer les programmes.

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Arthur Martel Mbway Lyon 2

directeur de MBway Lyon

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