Depuis plus d’un an, plusieurs communes rurales du Gers sont privées d’eau potable en raison de la présence d’un gaz cancérogène, le chlorure de vinyle monomère (CVM), dans les canalisations en PVC. Malgré les purges et les travaux en cours, la situation demeure critique, forçant les habitants à se contenter d’eau en bouteille.
Eau potable contaminée : des centaines de Gersois dans l’impasse
Un gaz cancérogène dans l'eau potable
Le chlorure de vinyle monomère (CVM), un produit chimique utilisé dans la fabrication du PVC, contamine l'eau potable dans plusieurs communes du Gers. Ce gaz, classé cancérogène depuis 1987, provient des canalisations en PVC installées avant 1980, lorsque les techniques de fabrication n'étaient pas encore optimisées pour réduire la concentration de CVM. Ce problème touche principalement les zones rurales où l'eau stagne dans les canalisations, augmentant les risques de contamination. Depuis 2007, des analyses obligatoires vérifient la présence de CVM. Si son taux dépasse 0,5 µg/L, l'eau est jugée impropre à la consommation.
Face à cette pollution, les autorités locales ont dû imposer des restrictions sévères, interdisant la consommation de l'eau du robinet. Les habitants des communes concernées sont désormais dépendants des livraisons d'eau en bouteille, organisées chaque semaine depuis plus d'un an. Cependant, cette solution ne saurait être durable. Les purges régulières du réseau, bien que parfois mises en place, n'ont pas suffi à résoudre le problème, laissant les habitants dans l'incertitude.
Des travaux insuffisants
Des travaux ont été engagés pour remplacer les canalisations contaminées, mais le coût exorbitant de ces opérations freine leur avancement. Dans la commune de Bars, par exemple, seuls 14 km sur les 89 km de tuyaux identifiés comme problématiques seront remplacés. Les 10 millions d'euros nécessaires pour l'intégralité des travaux représentent une charge financière insurmontable pour un petit syndicat intercommunal comme le Sideau, responsable de la gestion de l'eau. Une autre option est de purger les canalisations contaminées. Certains réseaux le font automatiquement et régulièrement. C'est une solution peu coûteuse, mais elle gaspille entre 5 000 et 10 000 m³ d'eau par purge, ce qui n'est pas écologique.
L'absence de solutions durables et la lenteur des travaux exacerbent les habitants. Depuis plus d'un an, ils vivent sous la menace d'une eau contaminée, ne sachant pas quand la situation reviendra à la normale. Les autorités locales, conscientes du problème, tentent de trouver des solutions, mais se heurtent à des contraintes financières et techniques importantes. En 2017, l'ARS (Agence régionale de santé) estimait à environ 140 000 kilomètres la longueur des canalisations en PVC installées avant 1980 ou dont l'âge est inconnu.