Droits de douane : Donald Trump va surtaxer les produits agricoles

À partir du 2 avril 2025, les importateurs américains devront payer davantage pour certains produits alimentaires étrangers. Donald Trump, fidèle à sa stratégie protectionniste, impose de nouveaux tarifs douaniers sur les importations agricoles.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 4 mars 2025 à 6h05
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73 MILLIARDS $En 2023, les exportations agricoles européennes vers les États-Unis ont représenté 73 milliards de dollars

L’annonce est tombée le 3 mars 2025 sur Truth Social : "Aux grands agriculteurs des États-Unis : préparez-vous à produire davantage. À partir du 2 avril, des droits de douane s’appliqueront sur les produits agricoles importés. Amusez-vous bien !"

Avec ce ton provocateur, Donald Trump marque une nouvelle étape dans sa politique commerciale. S’il n’a pas précisé les produits concernés, les données du Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) indiquent que les droits de douane frapperaient principalement les fruits, légumes, noix et huiles essentielles – des denrées représentant près de 50 % des importations agricoles américaines. La raison ? Un déficit commercial agricole record, qui a atteint 49 milliards de dollars en 2024. Une situation préoccupante que Donald Trump entend corriger en réorientant la consommation vers les produits nationaux. Mais à quel prix ?

Droits de douane sur l'agriculture : la réponse se prépare

Si l’objectif affiché est de protéger les producteurs américains, cette décision pourrait déclencher des représailles commerciales. Déjà le Canada et le Mexique, principaux fournisseurs agricoles des États-Unis, annoncent des mesures de rétorsion.

  • Justin Trudeau, Premier ministre canadien, a dénoncé des tarifs "injustifiés" et a promis d’imposer en retour une taxe de 25 % sur certains produits américains.
  • Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, a confirmé que le Canada est "prêt à riposter immédiatement".
  • Le Mexique, qui a exporté pour 45,4 milliards de dollars de produits agricoles vers les États-Unis en 2023, pourrait lui aussi augmenter ses propres taxes sur les exportations américaines.

Du côté de la Chine, Pékin prépare une contre-offensive ciblée. Selon le Global Times, un journal proche du gouvernement chinois, des taxes punitives sur le soja et le blé américains pourraient être mises en place dès avril. Or, la Chine reste le premier importateur mondial de soja, et toute restriction pourrait entraîner une chute brutale des exportations agricoles américaines, déjà en repli depuis 2022.

Droits de douane sur l’agriculture : quels impacts pour l’Europe et la France ?

L’Union européenne n’a pas encore réagi officiellement, mais l’Europe pourrait bien être la prochaine cible. En 2023, les exportations agricoles européennes vers les États-Unis ont représenté 73 milliards de dollars, avec une forte présence de produits viticoles et laitiers. Si ces nouvelles taxes s’étendent, les producteurs français de vin, fromages et spiritueux risquent d’être particulièrement touchés. Un coup dur au lendemain de la fermeture du salon de l’Agriculture 2025.

L’application de ces droits de douane pourrait également renforcer la compétitivité des producteurs américains, ce qui compliquerait encore davantage l’accès des produits européens au marché américain. Les négociations commerciales entre Bruxelles et Washington s’annoncent tendues.

Une stratégie risquée pour les consommateurs américains

Si Donald Trump vend cette réforme comme une victoire pour les producteurs américains, les conséquences pourraient être bien plus lourdes pour les consommateurs.

  • Hausse des prix des produits agricoles : avec moins d’importations, les prix des fruits et légumes risquent d’augmenter.
  • Risque d’inflation : une montée des coûts alimentaires pèserait sur le pouvoir d’achat des ménages américains.
  • Tensions sur la filière agricole : certains producteurs qui dépendent des intrants étrangers (semences, engrais) pourraient eux aussi souffrir de cette politique.

Le précédent de 2018 – où des taxes similaires avaient été imposées sur l’acier et les produits agricoles – avait déjà coûté cher aux agriculteurs américains. Face aux représailles chinoises, Washington avait dû débourser 28 milliards de dollars d’aides pour compenser les pertes. L’histoire est-elle en train de se répéter ?

Et, surtout, qu’en sera-t-il des Américains eux-mêmes ? Alors que Donald Trump a promis que le prix des courses allait baisser, c’est tout sauf le cas depuis son élection. Produit emblématique de la situation : les œufs. Leur prix a grimpé de plus de 50 % en quelques mois seulement, sur fond d’épidémie de grippe aviaire sur le territoire américain.

Un coup de poker aux répercussions mondiales

Derrière cette décision, Donald Trump continue d’appliquer une stratégie de confrontation commerciale, quitte à fragiliser les relations diplomatiques. Alors que les États-Unis imposent déjà des tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes et mexicaines, cette nouvelle mesure agricole pourrait exacerber encore davantage les tensions.

Tableau récapitulatif des principales mesures annoncées :

Mesure Pays concernés Conséquences principales
Taxes sur les importations agricoles (2 avril 2025) Monde entier (produits non précisés) Hausse des prix aux États-Unis, tensions commerciales, baisse des importations
Tarifs douaniers de 25 % sur le Canada et le Mexique Canada, Mexique Réponse immédiate de ces pays avec des taxes de rétorsion
Doublement des tarifs douaniers sur la Chine (passage à 20 %) Chine Risque de représailles sur le soja et le blé, forte baisse des exportations américaines
Potentielle extension aux produits européens Union européenne (produits agricoles) Menace pour les producteurs français de vin, fromages et spiritueux

En s’attaquant une nouvelle fois aux importations agricoles, Donald Trump joue la carte du protectionnisme extrême, au risque d’envenimer les relations diplomatiques et de fragiliser l’économie mondiale. Si cette stratégie vise à renforcer l’autosuffisance américaine, elle pourrait aussi aggraver les tensions commerciales et nuire aux consommateurs. La réponse des partenaires commerciaux des États-Unis ne s’est pas fait attendre, et un nouveau chapitre de la guerre des taxes semble déjà en cours.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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