Droits de douane : la Chine ne veut pas subir la politique protectionniste de Trump

La Chine a officiellement saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour dénoncer les nouvelles hausses tarifaires imposées par Donald Trump. Une escalade qui ravive les craintes d’une guerre économique mondiale, alors que Washington persiste et signe en renforçant sa politique protectionniste.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 19 février 2025 à 9h43
droits-douane-la-chine-subir-politique-trump
droits-douane-la-chine-subir-politique-trump - © Economie Matin
10 %Le 1er février 2025, Donald Trump a annoncé une hausse des droits de douane de 10 % sur l’ensemble des importations chinoises.

Le 19 février 2025, la Chine a déposé une plainte officielle auprès de l’OMC contre les nouvelles hausses de droits de douane imposées par Donald Trump. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président américain multiplie les mesures protectionnistes, en ciblant principalement Pékin avec des taxes pouvant aller jusqu’à 25 % sur certains produits.

La Chine attaque Trump à l’OMC : une riposte nécessaire ?

Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine n’ont cessé de se détériorer. Le 1er février 2025, le président américain a annoncé une hausse des droits de douane de 10 % sur l’ensemble des importations chinoises. Une décision suivie, quelques jours plus tard, d’une augmentation de 25 % sur l’acier et l’aluminium. Face à ces mesures jugées "injustes et illégales", Pékin a décidé de riposter en portant officiellement l’affaire devant l’OMC.

La Chine estime que ces hausses tarifaires violent directement les règles du commerce international. L’ambassadeur chinois à l’OMC, Li Chenggang, a dénoncé des taxes unilatérales qui nuisent à l’économie mondiale et alimentent l’incertitude sur les marchés. Pékin reproche aux États-Unis d’utiliser des mesures protectionnistes de manière abusive, ce qui menace la stabilité des échanges commerciaux.

De son côté, Donald Trump justifie ces hausses tarifaires en affirmant qu’elles sont nécessaires pour protéger l’industrie nationale américaine. Il accuse la Chine de pratiques commerciales déloyales, notamment via des subventions massives accordées à ses entreprises. Washington pointe également du doigt le manque de transparence du gouvernement chinois et son non-respect des règles du commerce international.

Pourquoi Trump ne reculera pas ? L’inflexibilité du protectionnisme américain

Si la Chine espérait faire reculer Washington en saisissant l’OMC, elle risque d’être déçue. Donald Trump a fait du protectionnisme un élément central de sa politique économique. Lors de sa campagne électorale, il n’a cessé de rappeler sa volonté de "remettre l’Amérique au premier plan" en taxant massivement les importations étrangères.

L’objectif principal du président américain est de réduire le déficit commercial des États-Unis en rendant les produits chinois plus chers et en favorisant ainsi la production locale. En renforçant les barrières douanières, il espère également soutenir l’industrie nationale et protéger les emplois américains. Cette posture ferme à l’égard de la Chine lui permet de marquer des points auprès de son électorat républicain, qui perçoit ces mesures comme un moyen de défendre les intérêts américains face à la concurrence étrangère.

La pression internationale exercée par l’OMC a peu de chances de faire infléchir Trump. Les États-Unis ont déjà démontré par le passé qu’ils n’hésitaient pas à contourner les décisions de l’organisation lorsqu’elles n’allaient pas dans leur sens. L’OMC elle-même est affaiblie depuis plusieurs années, notamment parce que Washington bloque la nomination de juges à son organe d’appel. En réalité, Trump considère l’OMC comme une institution biaisée, incapable de lutter contre les pratiques commerciales chinoises.

Un impact mondial : vers une nouvelle crise économique ?

L’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ne concerne pas uniquement ces deux puissances. L’augmentation des tarifs douaniers pourrait provoquer des répercussions majeures à l’échelle mondiale.

L’une des premières conséquences est la hausse des prix des produits importés. En rendant les biens chinois plus chers, les nouvelles taxes imposées par Washington risquent d’alimenter l’inflation aux États-Unis, ce qui pénalisera directement les consommateurs. De nombreuses industries américaines, notamment celles qui dépendent de l’acier et de l’aluminium importés, subiront également une augmentation de leurs coûts de production, ce qui pourrait se traduire par une baisse de compétitivité et des pertes d’emplois.

En Chine, les secteurs tournés vers l’exportation, comme l’électronique, le textile et l’automobile, seront directement touchés par la diminution des ventes aux États-Unis. Cela pourrait entraîner un ralentissement de la croissance chinoise, avec des conséquences sur l’emploi et la stabilité économique du pays.

À l’échelle mondiale, ces tensions commerciales pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement et engendrer une instabilité sur les marchés financiers. Les investisseurs, inquiets des incertitudes liées à la guerre commerciale, risquent de revoir leurs stratégies et de limiter leurs engagements, ce qui accentuerait la volatilité des bourses internationales.

Qui a le plus à perdre dans cette guerre économique ?

Dans ce bras de fer commercial, la Chine et les États-Unis ont chacune des vulnérabilités. Pékin, bien que deuxième puissance économique mondiale, reste fortement dépendante de ses exportations vers les États-Unis. Toute baisse significative de ces flux commerciaux pourrait affaiblir la croissance chinoise et aggraver les tensions sociales internes. L’incertitude générée par cette guerre commerciale risque aussi d’éloigner certains investisseurs étrangers, qui pourraient se tourner vers d’autres marchés plus stables.

Les États-Unis ne sont pas non plus à l’abri des conséquences négatives de cette politique protectionniste. L’augmentation des tarifs douaniers entraînera inévitablement une hausse des prix des biens de consommation, ce qui pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages américains. Certaines entreprises américaines, notamment celles qui importent massivement des composants chinois, verront leurs coûts de production grimper, ce qui pourrait affecter leur compétitivité à l’international. Et les marchés financiers, déjà fébriles face à cette incertitude économique, pourraient accentuer leur instabilité, ce qui nuirait à la croissance américaine.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

Aucun commentaire à «Droits de douane : la Chine ne veut pas subir la politique protectionniste de Trump»

Laisser un commentaire

* Champs requis