L’administration Trump a fait savoir, le 6 avril, que plus de 50 pays avaient officiellement approché les États-Unis pour entamer des pourparlers sur les droits de douane, récemment modifiés de manière unilatérale par la présidence. Cette annonce, aussi stratégique que provocatrice, intervient dans un climat de tensions, où le protectionnisme américain ne se contente plus de simples déclarations.
Droits de douane : plus de 50 pays veulent négocier selon l’administration Trump

Droits de douane : des discussions qui pourraient prendre des mois
« Plus de 50 pays ont approché le gouvernement au sujet d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs droits de douane et de l’arrêt de leur manipulation de changes », a déclaré Scott Bessent, secrétaire au Trésor, lors de son passage sur NBC dans des propos partagés par France Info. La déclaration ne doit rien au hasard. Elle intervient deux jours après la mise en place d’un tarif douanier universel de 10 % sur toutes les importations, immédiatement suivi d’annonces ciblant des partenaires stratégiques : 20 % pour l’Union européenne, 34 % pour la Chine, et jusqu’à 46 % pour le Vietnam.
Pour l’administration Trump, ces mesures concernant les droits de douane relèvent d’un impératif de souveraineté économique. En dénonçant des décennies d’« exploitation commerciale », l’ancien président mise sur un récit populiste familier : « Nous allons voir si ce qu’ils ont à proposer est crédible, parce qu’après, 20, 30, 40, 50 ans de mauvais comportements, on ne peut pas repartir de zéro », peut-on lire sur 20 Minutes.
Les capitales du monde en alerte face au cavalier seul américain
Les marchés ont vacillé et dès le week-end, les contacts diplomatiques se sont multipliés. L’Union européenne a convoqué une réunion d’urgence des ministres du Commerce extérieur à Luxembourg. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, n’a pas mâché ses mots dans des propos rapportés par France Info : « Le monde tel qu’on le connaissait a disparu ». Un euphémisme pour évoquer la disparition des dernières illusions sur le libre-échange multilatéral.
De son côté, la Chine a aussitôt répliqué par des droits de douane en miroir, intensifiant l'escalade. Le Vietnam, pris dans la tourmente, a tenté une manœuvre de conciliation : son chef de gouvernement, To Lam, a réclamé un sursis de « 45 jours » pour négocier. La réponse de Howard Lutnick, secrétaire au Commerce, a été radicale : « Il n’y aura pas de report », peut-on lire sur 20 Minutes.
Les coulisses de la stratégie Trump, entre calcul politique et isolement assumé
Derrière l’affichage de fermeté, une opération séduction prend corps. « Plus de 50 pays ont contacté la Maison Blanche » a confirmé Kevin Hassett, conseiller économique, en s’appuyant sur les données de l’Office of the U.S. Trade Representative (USTR) comme l'a expliqué PBS NewsHour. En coulisse, Israël, l’Italie, le Vietnam, l’Inde, ou encore le Brésil auraient envoyé des émissaires.
Tous cherchent à échapper à la punition tarifaire ou à en réduire la portée. Donald Trump, pendant ce temps, joue la partition du chef d’orchestre intransigeant. « NOUS ALLONS GAGNER. TENEZ BON, ce ne sera pas facile », a-t-il publié sur son réseau social Truth Social.
Pour ses électeurs, le message est clair. La douleur tarifaire est une épreuve transitoire vers la grandeur économique retrouvée. Mais le coût politique s’annonce élevé. Plusieurs élus républicains, inquiets de l’impact sur l’économie domestique, soutiennent un projet de loi qui contraindrait le président à obtenir l’aval du Congrès dans les 48 heures avant leur imposition pour toute nouvelle taxe douanière. Un retour du balancier institutionnel qui remet en question l’autoritarisme tarifaire de l’exécutif.