Guerre commerciale : Jaguar prive les américains de ses voitures

La riposte ne s’est pas fait attendre. Face aux nouveaux tarifs douaniers imposés par Washington, Jaguar Land Rover a décidé de stopper net l’envoi de ses véhicules vers les États-Unis.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 9 avril 2025 à 17h40
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Guerre commerciale : Jaguar prive les américains de ses voitures - © Economie Matin

Alors que la guerre commerciale mondiale lancée par Donald Trump bat son plein, le constructeur britannique Jaguar, propriété de Tata Motors, a préféré geler temporairement son flux transatlantique, laissant les concessionnaires américains s’approvisionner sur les stocks existants.

Jaguar stoppe ses livraisons vers le marché américain

Le signal est fort : Jaguar Land Rover, propriété du conglomérat indien Tata Motors, met en pause pendant tout le mois d’avril l’envoi de ses véhicules vers les États-Unis. L’entreprise justifie cette suspension par la nécessité de réexaminer les conditions d’accès au marché américain, à la suite de l’instauration par l’administration Trump d’un droit de douane de +25 % sur les véhicules importés, une mesure appliquée depuis le 3 avril. Officiellement, la marque automobile déclare vouloir « prendre certaines mesures à court terme », afin d’adapter sa stratégie commerciale à ce nouveau cadre, selon les propos rapportés par The Guardian.

Derrière ce gel temporaire se profile une manœuvre de protection des marges. Les modèles haut de gamme de Jaguar Land Rover — Range Rover, Defender, Discovery — sont parmi les plus exposés aux effets de cette majoration tarifaire. Le constructeur automobile britannique espère ainsi préserver sa rentabilité en réduisant provisoirement les flux, quitte à fragiliser à court terme l’approvisionnement de ses distributeurs nord-américains, marché qui pèse tout de même environ un quart de ses ventes globales.

Toute une filière sur le qui-vive

Les constructeurs européens dans leur ensemble, qu’ils soient implantés en Allemagne, en France, en Italie ou au Royaume-Uni, sont indistinctement visés par la surtaxe douanière de 25 % imposée par les États-Unis sur les véhicules importés. En effet, si le Royaume-Uni est souvent présenté comme le petit frère de l'Oncle Sam, et bien qu'il se soit émancipé du cadre réglementaire de l’Union européenne, il ne dispose à ce jour d’aucun accord commercial bilatéral avec Washington susceptible d’encadrer ou de limiter l’impact des surtaxes pour le secteur automobile (les autres produits britanniques étant surtaxés à 10 % contre +20 % pour les européens).

Il reste donc, pour l’heure, exposé au même régime douanier que ses voisins européens. Des discussions ont toutefois été engagées entre Londres et l’administration américaine, avec l’ambition affichée de parvenir à des ajustements sectoriels. Une urgence pour la filière automobile britannique, quand on sait qu'elle emploie environ 200 000 personnes, et que selon le think tank IPPR (Institute for Public Policy Research), près de 25 000 emplois seraient menacés par les nouvelles barrières tarifaires américaines.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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