Le géant pharmaceutique français Sanofi vient d’entrer en négociation exclusive avec le fonds d’investissement américain CD&R pour céder Opella. Cette filiale produit notamment le Doliprane. Bercy ne s’interdit pas de bloquer cette transaction au nom de la souveraineté industrielle française.
Doliprane : l’État n’exclut pas de bloquer la vente d’Opella
La production du Doliprane bientôt sous pavillon américain
L’annonce de la vente d'Opella à un fonds d'investissement américain, CD&R, ravive les débats sur la perte de contrôle de secteurs clés en France. La perte du Doliprane, produit emblématique de l’industrie pharmaceutique française, est inacceptable pour l’État. Ainsi, Antoine Armand, le ministre de l'Économie, affirme qu'il n’exclut pas l'idée de bloquer l'opération. Cette annonce intervient après de multiples pressions venant des oppositions politiques et des syndicats. Tous dénoncent une atteinte à la souveraineté industrielle française.
En visite à Lisieux, sur le site de production du médicament, Antoine Armand annonce qu'il cherche des garanties fortes concernant l'avenir des salariés et de la production en France. La vente d'une filiale aussi stratégique à un fonds étranger n'est pas sans rappeler les nombreuses cessions d’entreprises françaises à des entités étrangères. De plus, cette situation soulève une nouvelle fois la capacité du pays à protéger ses actifs industriels. Les syndicats, en particulier la CGT, se montrent très critiques vis-à-vis de cette opération.
La CGT dénonce un manque de transparence et de vision industrielle
Fabien Mallet, coordinateur CGT du groupe Sanofi, exprime son scepticisme quant aux intentions du gouvernement. Pour lui, les promesses faites par les ministres ne sont que de la « poudre aux yeux ». Le syndicaliste met en avant le risque de voir un « outil capable de soigner au niveau français et européen » passer sous pavillon américain, sans véritables garanties pour les salariés.
La CGT exige que Sanofi conserve le contrôle d'Opella et appelle à une intervention plus musclée des autorités françaises. Derrière ces critiques, c'est une méfiance profonde vis-à-vis de la gestion économique du gouvernement et de Sanofi qui est exprimée. Les syndicats rappellent que Sanofi bénéficie de plusieurs milliards d'euros d'aides publiques et que cette vente apparaît comme un paradoxe dans le contexte de soutien massif de l'État à cette industrie. Sur le plan de la santé publique, la vente d’Opella à un fonds américain ne créerait pas une rupture des stocks de ce médicament en France selon plusieurs experts.