Dividendes : quelle stratégie pour les actionnaires internationaux ?

Après une phase d’hésitation, liée au dynamisme de l’activité américaine peu compatible avec l’espoir d’une baisse du coût de l’argent, les marchés financiers retrouvent le goût du risque. Une batterie de statistiques vient de restituer la perspective d’une normalisation de l’économie.

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Par Jacques de Panisse Publié le 16 mai 2024 à 5h30
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dividendes, actionnaires, entreprise, international, stratégie - © Economie Matin
0,8%La Banque de France prévoit une croissance de 0,8% en 2024.

En avril, les créations d’emplois s’avèrent inférieures aux prévisions, la progression des salaires ralentit, le taux de chômage affiche une légère hausse. Certes des tensions inflationnistes persistent mais elles sont tempérées par un tassement de la vitalité - depuis longtemps attendu - dans le secteur des services.

Les taux longs américains ont accueilli ces chiffres avec enthousiasme, la référence à 10 ans a aussitôt baissé de 4,70% à 4,50%. Si le virage initié au cours du mois d’avril se confirme, la FED devrait pouvoir envisager une baisse des taux directeurs en 2024. Une telle possibilité a entraîné le redressement des grands indices d’actions ; en tête, le Nasdaq progressait de 2% au cours de la séance.

En Europe, la probabilité d’un redressement de l’activité semble se confirmer. Il est encore difficile d’anticiper la rapidité et l’ampleur du rebond en cours, en revanche le point bas semble bel et bien derrière nous. Cette amélioration devrait conduire la Banque Centrale Européenne à freiner son empressement à stimuler l’économie. Le regain de vigueur associé à une baisse constante de l’inflation incite à prolonger la phase d’observation.

Le comportement des matières premières et notamment du pétrole sera surveillé de près. En effet, une reprise significative des cours de l’or noir – pour des raisons exogènes, par principe difficiles à anticiper et à contrôler – pourrait remettre en cause le déroulement du scénario idéal qui se met en place. Un tel retournement, s’il persistait, stopperait la tendance désinflationniste et contraindrait les banques centrales au statu quo. Mais pour l’instant, la reprise du coût de l’énergie demeure acceptable et ne semble pas vouloir s’emballer.

Les perspectives favorables dans le domaine macro-économique s’accompagnent d’une série de résultats trimestriels assez contrastés mais dans l’ensemble plutôt bons, des deux côtés de l’Atlantique. Il faut néanmoins demeurer attentif à la façon dont ces profits sont constitués. L’idéal est de constater une progression des bénéfices du fait d’une croissance du volume d’affaires et d’une amélioration de la marge. L’intervention du seul facteur volume dans la formation du résultat peut être un signe de fragilité dans la durée, sauf à développer avec succès une stratégie de gain de part de marché du fait d’un avantage compétitif déterminant. Des profits accrus du fait de la seule progression des prix sont en général le fruit d’une décision ponctuelle difficile à renouveler.

Cependant, dans les différents cas que nous venons de regarder, le profit a progressé du fait de l’exploitation de l’entreprise. Et une part de ce profit va être distribuée en dividendes au bénéfice des actionnaires.

Il existe une autre façon d’enrichir l’actionnaire, en utilisant simplement de la trésorerie au bilan. Il s’agit pour la société d’acheter ses propres actions avec ses réserves disponibles puis d’annuler ces actions. Cette manœuvre résulte uniquement de l’usage du trésor de guerre au bilan – fruit d’un enrichissement passé – qui est utilisé pour réduire le nombre d’actions en circulation. Ainsi, toute performance « par action » est embellie. L’arithmétique est incontestable et la hausse du cours reflète aussitôt l’ampleur du plan de rachat d’actions. En revanche, elle n’a pas été générée par une amélioration de l’exploitation au cours de l’exercice observé. Dès lors, une telle pratique peut induire une distorsion entre la hausse du cours et l’amélioration réelle de l’exploitation.

La revalorisation des dividendes est scrutée par les investisseurs anglo-saxons et une grande société cotée se doit de satisfaire les principaux actionnaires de la planète qui sont pour l’essentiel des fonds de pension. Ceux-ci doivent alimenter les retraites de leurs adhérents, avec les dividendes distribués. L’attrait d’une entreprise dépend également de la générosité de son dividende. Une réalité à méditer.

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Jdpanisse

Jacques de Panisse est président du directoire, gérant et associé d'Optigestion. Après un début de carrière dans le marketing grande consommation, chez Jacques Vabre puis Kellog's, il s’oriente dès 1987 vers la gestion d’actifs financiers. Après avoir passé 7 ans au CCF, comme responsable de la gestion de portefeuilles à l’agence centrale, puis gérant à la BPI (section grands comptes du groupe), Jacques de Panisse choisit de rejoindre Optigestion en 1996.

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