La distribution des bénéfices au sein des grandes entreprises est de plus en plus inégale. Les actionnaires semblent recevoir une part du lion, avec une augmentation de 57% des versements entre 2011 et 2021, laissant les salariés sur le carreau, déplore Oxfam.
Dividendes en hausse : les salariés sacrifiés sur l’autel des actionnaires
Les dividendes sont parfois versés même lorsque l’entreprise va mal financièrement
Selon une étude d'Oxfam France, 71% des bénéfices des 100 plus grandes entreprises cotées en bourse ont été versés aux actionnaires au cours des dix dernières années. Le montant des paiements aux actionnaires a connu un bond époustouflant de 31,4 milliards d'euros entre 2020 et 2021, une somme équivalente à l'ensemble de la masse salariale des entreprises du top 100. Des sociétés comme Total Energies, Sanofi et Axa figurent parmi les plus généreuses, ayant respectivement versé 61, 53 et 27 milliards d'euros de dividendes en dix ans.
L'étude révèle également des situations où la gratification des actionnaires dépasse la santé financière de l'entreprise. Par exemple, Engie a cumulé 784 millions d'euros de pertes en dix ans, tout en versant aux actionnaires des dividendes s'élevant à 23,6 milliards d'euros sur la même période.
La moitié des dividendes versés en 2021 aurait suffi à opérer la transition écologique
L'État français semble avoir joué un rôle de protecteur des grandes entreprises, en leur fournissant des aides publiques massives sans exiger en retour une responsabilité sociale ou environnementale. Le montant moyen de ces aides s'élève à 8,5% du PIB par an depuis 2010, soit près de 200 milliards d'euros.
La priorité donnée à la satisfaction des actionnaires entrave la capacité des entreprises à investir dans leur transition écologique et sociale. Par exemple, 45% des dividendes et des rachats d'actions versés par les 100 plus grandes entreprises cotées en 2021 auraient suffi à couvrir leurs besoins en investissement dans la transition écologique. Pour Oxfam France, une distribution plus équitable des bénéfices, une meilleure représentation des salariés au sein des conseils d'administration et une conditionnalité des aides publiques à la transition écologique pourraient permettre un partage des richesses plus juste au sein des grandes entreprises.