Face aux coupes budgétaires, les initiatives de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) sont mises de côté dans la tech. Pourtant, elles restent essentielles à la performance et à l’innovation. Ne pas les considérer comme une priorité serait une erreur stratégique.
Plus que jamais, la tech a besoin de diversité, d’équité et d’inclusion
Depuis plusieurs mois, l’industrie technologique réduit drastiquement ses investissements en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Des postes sont supprimés, des financements coupés, et des initiatives autrefois jugées essentielles sont mises en pause au profit de « besoins commerciaux immédiats ». Pourtant, ces coupes interviennent alors que les inégalités persistent : la représentation dans les postes de direction reste limitée, l’écart de rémunération entre les genres stagne, et certaines voix peinent encore à se faire entendre.
L’argument avancé suit un schéma bien connu : contexte économique tendu, budgets serrés, recentrage sur le cœur de métier. Mais considérer la DEI comme une variable d’ajustement est une vision à court terme. Ce n’est ni un luxe ni une initiative accessoire : c’est un moteur de performance et d’innovation. Dans un secteur en mutation rapide, la diversité des points de vue permet d’anticiper les changements et d’innover. À l’inverse, une main-d’œuvre homogène limite les perspectives, accroît les angles morts stratégiques et fragilise la prise de décision.
Le faux dilemme entre inclusion et performance
Une idée reçue oppose encore diversité et efficacité économique, comme si investir dans la DEI se faisait au détriment de la rentabilité. Pourtant, un environnement inclusif renforce l’engagement des salariés, stimule la créativité et réduit le turnover, autant de facteurs qui améliorent directement la compétitivité. Certaines entreprises privilégient les initiatives immédiatement mesurables, mais ignorer les effets de l’inclusion sous prétexte qu’ils ne figurent pas immédiatement sur un bilan comptable est une erreur stratégique. Apple, par exemple, a récemment réaffirmé que la diversité n’est pas un argument marketing, mais un impératif économique.
L’idée selon laquelle les initiatives DEI nuiraient à la méritocratie repose sur un malentendu. Elles ne visent pas à privilégier certains profils au détriment d’autres, mais à garantir que chaque talent soit évalué sur ses compétences et son potentiel, sans biais ni barrières invisibles. Si l’accès aux opportunités est restreint à un cercle limité de profils bénéficiant d’un environnement favorable, il ne s’agit plus de méritocratie, mais de reproduction du statu quo. Un cadre DEI bien conçu élargit au contraire le vivier de talents et assure une évaluation plus juste.
Un engagement au-delà des symboles
Le risque aujourd’hui est de cantonner la diversité à des actions ponctuelles – Journée des droits des femmes, mois de l’histoire des Noirs, Pride – sans engagement structurel. Ces moments de reconnaissance sont importants, mais ne suffisent pas. Un véritable engagement implique d’intégrer la diversité et l’inclusion à tous les niveaux de l’entreprise : recrutement, développement des talents, conception des produits, décisions stratégiques. Il suppose aussi d’en faire une responsabilité partagée, et non une simple mission confiée aux seules ressources humaines.
L’industrie technologique est à un croisement. Soit elle fait marche arrière sous prétexte de contraintes économiques, soit elle comprend que la diversité et l’inclusion sont des leviers stratégiques, garants de sa pérennité et de sa capacité d’innovation. Les entreprises qui prospéreront demain seront celles qui auront su créer des environnements inclusifs, capables d’attirer et de retenir les meilleurs talents. Miser sur la diversité, c’est bâtir une industrie plus performante, plus innovante et mieux connectée à la société qu’elle façonne.