L’inflation est l’ennemi public numéro un des petits épargnants, car elle entraîne une dépréciation de leur épargne. On calcule qu’avec un taux d’inflation moyen de 6 %, l’épargne perd la moitié de sa valeur en 12 ans. Pour éviter cela, faire travailler l’argent épargné sur les marchés financiers est une bonne idée. Même s’il est vrai que tout investissement comporte des risques, ceux-ci peuvent être minimisés en suivant scrupuleusement deux principes fondamentaux en matière d’investissement : la diversification et la vision à long terme.
La diversification : la clé de la lutte contre l’inflation
La première consiste à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et donc, en d’autres termes, de répartir le capital dans différentes zones géographiques, secteurs, entreprises ou encore types d’actifs. De cette manière, les actifs sont mieux protégés et si une partie de l’investissement doit faire face à une crise, l’impact sur l’ensemble du portefeuille n’en sera que minimisé. En effet, si l’on place toute son épargne au même endroit, il n’y aura aucun moyen d'absorber l'impact d'un choc financier et d'atténuer les pertes.
Prenons deux exemples illustrant la manière dont un même événement peut affecter de manière inégale différents pays, secteurs ou entreprises. Lors de la crise du COVID-19, certaines entreprises ont bénéficié du changement de mode de vie induit par les mesures strictes de confinement. D'autres secteurs, en revanche, ont subi de lourdes pertes. L'année dernière, suite aux conflits géopolitiques, la crise énergétique a touché le marché européen plus que d'autres parties du monde. La diversification est donc un moyen de protéger l’épargne. Mais comment faire sans être un expert financier ? Voici quelques points clés.
Évaluer la tolérance de l'épargne au risque
D'une manière générale, il existe deux types d'investissements : les actions et les obligations. Alors que les actions sont plus risquées et que leurs rendements peuvent être élevés, les obligations ont tendance à être plus stables, mais offrent des rendements plus modestes. Pour minimiser l'exposition au risque, il faut diversifier les investissements. Trouver le bon équilibre entre risque et rendement dépend, dans une large mesure, de la tolérance au risque de chacun. Outre les critères personnels, cette tolérance est liée à deux facteurs : l'âge et la vision de d'investissement.
Investir dans un ETF largement diversifié
Les fonds négociés en bourse (ETF) sont des instruments qui suivent la performance d’un indice d’un ou de plusieurs segments de marché et qui permettent de diversifier les placements de manière simple. Ils ont récemment gagné en popularité parce qu'ils démocratisent l'accès au marché boursier grâce aux plateformes d'investissement en ligne. De plus, avantage non-négligeable, leurs frais sont très bas, les rendant abordables pour tous.
Un ETF diversifié, tel que celui qui suit l'indice MSCI World, permet d'investir dans des milliers d'entreprises en une seule transaction. On pourrait dire qu'avec un tel ETF, on peut "acheter tout le marché" mais il existe également des ETF à revenu fixe, avec lesquels les investisseurs peuvent élargir leur "panier" en réduisant le risque de perte. L'investissement direct en obligations est souvent compliqué pour les investisseurs privés. Même pour les ETF obligataires, il est important de faire le bon choix pour obtenir un profil de risque et de rémunération équilibré. Les obligations à échéance courte présentent un risque plus faible que les obligations à échéance plus longue.
S'ouvrir à d'autres marchés
Les investisseurs particuliers privilégient généralement les actions et obligations domestiques, c'est-à-dire de leur marché national. Malgré cette préférence, il est vrai que l'exposition au risque des épargnants sur leur marché domestique est assez élevée. Il ne faut pas oublier que la plupart de leurs actifs s'y trouvent déjà : ils ont leur emploi, gagnent leur salaire, consomment, achètent des biens immobiliers, etc. Investir sur d'autres marchés permet d'atténuer les risques et de compenser les pertes potentielles si le pays, par exemple, devait entrer en récession.
L'un des grands avantages des marchés de capitaux est qu'ils permettent de bénéficier de la croissance mondiale. Nous avons déjà mentionné qu'un ETF sur le MSCI World couvre la majeure partie de la capitalisation boursière. D'autres indices plus larges, tels que le MSCI All Country World Index ou le FTSE All Country Index, incluent les actifs des marchés émergents, qui sont considérés comme ayant un plus grand potentiel de croissance (mais en même temps un risque plus élevé). Les ETF donnent accès à certains marchés qui ne seraient pas facilement accessibles pour les investisseurs particuliers comme par exemple les marchés émergents comme l’Inde ou encore des actions étrangères comme les États-Unis ou le Japon. S’entourer d’un acteur s’assurant que les frais de change soient inclus est une bonne idée.
Le développement durable comme critère de diversification
Les critères de durabilité sont devenus des critères d'évaluation des risques comme les autres. On présume que les entreprises plus « engagées » ont de meilleures chances de croissance parce qu'elles sont mieux à même de s'adapter aux réglementations à venir mais aussi aux risques climatiques et aux changements de comportement des consommateurs. Elles ont également besoin de moins de ressources pour fabriquer les mêmes produits et s'adapter à la demande croissante du public pour une consommation durable.
Cela dit, l'année dernière, les investissements fondés sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont subi des pertes légèrement plus importantes que leurs homologues non durables, principalement en raison des bénéfices records réalisés par les entreprises du secteur de l'énergie (en particulier les entreprises du secteur des combustibles fossiles, comme le pétrole et le gaz). Malgré cette éventualité, à long terme, et sur la base de l'expérience de ces dernières années, les investissements dans des sociétés opérant selon des critères ESG peuvent offrir des opportunités de rendement.
En conclusion, afin de diversifier, de réduire le risque d'investissement et de construire un portefeuille de valeurs rémunératrices sur le long terme aidant à compenser l'effet de l'inflation, il est important de comprendre notre tolérance au risque, d'allonger l'horizon d'investissement, de prendre en compte l'évolution de notre environnement économique et d'envisager un investissement largement diversifié.