Foncier : Comment Disney se fait de l’argent sur le dos de l’État

Depuis plus de trois décennies, l’État français a misé sur Mickey pour booster son économie et son attractivité touristique. Mais à quel prix ? La Cour des comptes vient de dévoiler un rapport qui relance les débats sur les privilèges accordés à Euro Disney.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 13 janvier 2025 à 13h22
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Foncier : Comment Disney se fait de l’argent sur le dos de l’État - © Economie Matin
9,1 MILLIARDS €Depuis son ouverture en 1992, le parc a réalisé 9,1 milliards d'euros d'investissements au total

Le 10 janvier 2025, un rapport de la Cour des comptes a relancé le débat sur les conditions avantageuses dont bénéficie Euro Disney, installé à Marne-la-Vallée depuis 1987. Ces privilèges, justifiés à l’époque par des incertitudes économiques, semblent aujourd’hui déconnectés de la réalité foncière et économique de la région parisienne. La question est posée : l’État doit-il encore soutenir le géant américain à ce niveau ?

Euro Disney et l’État français : un partenariat historique mais controversé

En 1987, l’État français signait un accord historique avec Euro Disney. L’objectif ? Convaincre le géant américain d’installer son seul parc d’attractions en Europe en France, et non en Espagne. En contrepartie, Disney a obtenu des conditions particulièrement avantageuses, notamment sur l’acquisition de terrains. Ces derniers sont vendus au prix de revient de 1987, auquel s’ajoutent les coûts d’aménagement et une marge de 25 % pour les frais administratifs.

Cette stratégie semblait justifiée à l’époque. La région de Marne-la-Vallée était encore peu développée, et l’implantation du parc constituait un pari économique. Mais 35 ans plus tard, ces conditions suscitent des interrogations. Non seulement Marne-la-Vallée est devenue un pôle d’attraction, mais de plus les prix du foncier en Ile-de-France ont explosé. Et plus ce prix augmente, plus Euro Disney peut se faire de l’argent en profitant de cet accord de 1987.

Foncier : Les gains exceptionnels pour Disney

Selon le rapport, les profits générés par Disney grâce à ces avantages sont impressionnants. Entre 2019 et 2025, certaines transactions ont permis à l’entreprise de revendre des terrains jusqu’à 10 fois leur prix d’acquisition. Exemple marquant : un terrain cédé à Deloitte pour 17,2 millions d’euros alors qu’il avait été acquis à seulement 1,63 million d’euros.

La Cour des comptes pointe également un manque de transparence dans la gestion des terrains par l’établissement public d’aménagement (EPA) France, chargé de leur cession. Les magistrats déplorent l’absence de bilan chiffré des recettes et des dépenses liées à ces opérations.

D’autres critiques visent l’absence de mécanismes de révision des avantages octroyés. En effet, la convention initiale est valable jusqu’en 2040, permettant à Disney de continuer à bénéficier des mêmes conditions pendant encore 15 ans. La Cour recommande de renégocier les termes de cet accord avant son échéance et d’imposer des bilans financiers détaillés pour garantir une gestion plus équitable.

Si Disney a incontestablement contribué à faire de la France la première destination touristique mondiale, le rapport de la Cour des comptes soulève une question essentielle : ces avantages sont-ils encore justifiables ? Avec des profits faramineux et une explosion des prix du foncier en Île-de-France, il est peut-être temps pour l’État de redéfinir sa relation avec le géant américain.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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