Et si l’ennemi se cachait là où vous ne l’attendiez pas ? Derrière l’apparence anodine d’un dessert lacté ou d’un soda se dissimule un cocktail de substances qui pourrait bien vous entraîner sur la voie du diabète. Une nouvelle étude française sème le trouble.
Comment prévenir le diabète de type 2, selon une nouvelle étude

Le 8 avril 2025, une étude publiée dans la revue PLOS Medicine par des chercheurs de l’Inserm, l’INRAE et de plusieurs universités françaises, a révélé un lien préoccupant entre certains mélanges d’additifs alimentaires et le diabète de type 2. Conduite sur plus de 100 000 adultes, cette recherche inédite soulève des questions brûlantes sur les produits que nous consommons chaque jour. Alors que les cas de diabète ne cessent d’augmenter en France, cette découverte pourrait bien changer la donne.
Les additifs dans le collimateur : un facteur de diabète sous-estimé
Les aliments ultra-transformés n’ont jamais eu bonne presse, mais la nouvelle étude va plus loin. Fini le temps où chaque additif était évalué séparément : les chercheurs ont analysé cinq mélanges fréquemment ingérés dans les régimes contemporains. Résultat ? Deux d’entre eux sont formellement associés à une hausse de l’incidence du diabète de type 2, et ce, indépendamment de la qualité nutritionnelle des aliments.
Le premier mélange suspect contient une variété d’émulsifiants, conservateurs et colorants, dont les carraghénanes et les amidons modifiés que l’on retrouve dans des produits tels que les bouillons, les matières grasses industrielles ou les desserts lactés. Le second, plus perfide encore, se niche dans les boissons édulcorées et les sodas. Il combine des édulcorants artificiels comme l’aspartame et le sucralose, des acidifiants et des colorants chimiques.
« Les résultats suggèrent que plusieurs additifs emblématiques présents dans de nombreux produits sont souvent consommés ensemble et que certains mélanges seraient associés à un risque plus élevé de cette pathologie », déclare Marie Payen de la Garanderie, doctorante à l’Inserm, dans le communiqué officiel publié sur le site de l’Inserm le 8 avril 2025.
Diabète de type 2 : l’épidémie silencieuse qui ronge la France
Rappelons que le diabète de type 2, qui représente 90 % des cas, se développe généralement à l’âge adulte et résulte d’une insulinorésistance induite par une mauvaise alimentation, un excès de poids, et la sédentarité. En France, plus de 3,5 millions de personnes vivent avec cette maladie chronique, et l’incidence ne cesse de croître. Les projections de l’Assurance Maladie parlent d’un taux doublé d’ici 2040 si aucune politique nutritionnelle drastique n’est mise en œuvre.
L’étude NutriNet-Santé, qui a suivi 108 643 adultes sur une période moyenne de 7,7 ans, marque une avancée majeure. Les chercheurs ont utilisé une méthodologie rigoureuse : chaque participant devait enregistrer ses consommations alimentaires précises sur plusieurs jours, et les données ont été croisées avec des bases renseignant les ingrédients industriels en fonction des marques.
Alimentation, prévention, et responsabilité collective
Peut-on vraiment s’étonner de cette conclusion ? Il suffit de lire les étiquettes : E415, E407, E950… Autant de codes mystérieux pour le grand public, et pourtant omniprésents. Une soupe en brique ou un yaourt aromatisé contient souvent une demi-douzaine d’additifs, dont l’interaction n’a jamais été étudiée sérieusement jusqu’ici.
« Cette étude observationnelle ne suffit pas, à elle seule, à établir de lien de causalité. Toutefois, nos résultats sont en phase avec des travaux expérimentaux in vitro récents suggérant de possibles effets cocktails », affirme Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, dans le même communiqué du 8 avril.
Ce que l’étude met en lumière, c’est l’effet combiné, et non isolé, des additifs. Ces interactions, qu’elles soient synergiques ou antagonistes, peuvent perturber le métabolisme de manière insidieuse. Face à cela, l’enjeu est immense pour la santé publique.
Et les solutions ? Elles existent : réduction de la consommation de produits ultra-transformés, retour aux aliments bruts, éducation nutritionnelle dès l’école, encadrement plus strict de l’industrie agroalimentaire.