« Développement à marche forcée des énergies renouvelables » : les jeunes générations réagissent en faveur du mix énergétique

Dans un contexte de débats souvent marqués par des visions antagonistes sur l’avenir énergétique de la France, il est essentiel de poser les bases d’une réflexion constructive et éclairée. L’opposition systématique entre le nucléaire et les énergies renouvelables limite la portée de la transition énergétique.

Paul De Préville Co Founder Ensol (1)
Par Paul de Préville Publié le 16 décembre 2024 à 5h00
Panneaux Solaires Luxembourg
« Développement à marche forcée des énergies renouvelables » : les jeunes générations réagissent en faveur du mix énergétique - © Economie Matin
2,7%La production solaire représente 2,7 % de la consommation électrique française.

Cette opposition binaire ne répond pas aux défis climatiques auxquels nous faisons face. Pour une transition énergétique réaliste et durable, il est crucial d’éviter de se laisser enfermer dans ces clivages et d’adopter une vision intégrée. Un mix énergétique diversifié, combinant les atouts du nucléaire et des énergies renouvelables, est indispensable pour garantir une transition décarbonée, équitable et économiquement viable.

La complémentarité des énergies renouvelables et du nucléaire : une solution pragmatique pour la transition énergétique

Au cœur des débats, une opposition récurrente entre le nucléaire et les énergies renouvelables reste largement présente. Cependant, cette vision binaire néglige l’intérêt stratégique de leur complémentarité. Le nucléaire permet de produire une énergie stable et décarbonée. La production d'énergie nucléaire est dite centralisée car elle est concentrée sur 18 centrales à travers l'Hexagone, et est ensuite acheminée par le réseau vers les lieux de consommation. Malheureusement, toute nouvelle unité de production nucléaire nécessite plusieurs dizaines d'années pour être opérationnelle et c'est du temps que nous n'avons pas.

Pour adresser nos besoins croissants en électricité, le photovoltaïque s'impose comme une source d'énergie complémentaire idéale, puisqu'elle est à la fois décentralisée (c'est-à-dire produite au plus proche des lieux de consommation), et déployable rapidement (une centrale PV pouvant être opérationnelle en seulement quelques mois). Ces deux sources d’énergie doivent être perçues comme des alliées, et non comme des adversaires, afin de renforcer la résilience énergétique de la France.

L’objectif n’est pas de privilégier une technologie au détriment de l’autre, mais de bâtir un système énergétique où chaque acteur joue un rôle déterminant. La véritable urgence reste la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles, responsables du réchauffement climatique. À cet égard, l’alignement des industries nucléaires et renouvelables est essentiel pour un mix énergétique équilibré et efficace, respectueux des objectifs climatiques de la France.

Responsabiliser les citoyens et les entreprises : l’autoconsommation solaire, un levier concret de la transition

La réussite de la transition énergétique passe également par l’implication directe des citoyens et des entreprises. L’autoconsommation solaire, en particulier, représente un levier concret pour décentraliser la production d’énergie et renforcer la stabilité du réseau national. Actuellement, seuls 4% des ménages français sont équipés de panneaux solaires, bien que le potentiel de décentralisation énergétique soit immense. En multipliant les installations solaires résidentielles, les citoyens peuvent non seulement réduire leurs coûts énergétiques, mais aussi contribuer à l'équilibre des réseaux, notamment lors des périodes de forte demande. Les entreprises ont par ailleurs un rôle à jouer, et elles sont de plus en plus nombreuses à identifier l'autoconsommation solaire comme une solution directe pour se protéger de la volatilité des prix de l'électricité et réduire leur empreinte carbone.

Cette autonomie énergétique, qui permet de réduire la facture d’énergie jusqu’à 30% en moyenne, constitue une avancée majeure vers la décentralisation de la production d’électricité et la démocratisation de l’énergie verte. L’autoconsommation n’est pas seulement bénéfique à l’échelle individuelle, elle permet également de réduire la pression sur les infrastructures nationales, surtout lors des pics de demande, et renforce ainsi la résilience du réseau électrique. Ceci est d'autant plus vrai que le parc renouvelable est doté de capacités de stockage, notamment via des batteries, ainsi que de solutions de pilotage. De plus, en soutenant les dispositifs financiers comme le tiers-financement et les prêts à taux réduit, nous rendons l’autoconsommation accessible à tous, et non seulement aux foyers les plus aisés.

L’électrification décentralisée : un modèle économique, social et durable pour la France

L’électrification des usages, qui s’appuie sur la complémentarité entre le nucléaire et les énergies renouvelables, est un pivot central de la transition énergétique. La France dispose d’un atout stratégique avec son parc nucléaire, mais pour assurer une transition réellement décarbonée et flexible, ce dernier doit être complété par les énergies renouvelables. En combinant ces deux sources d’énergie, la France pourra décarboner tous les secteurs de l’économie.

L’exemple de l’Allemagne, qui a massivement investi dans les énergies renouvelables tout en maintenant une dépendance aux combustibles fossiles, montre les limites d’un modèle énergétique trop centré sur une seule source. En 2022, l’Allemagne a émis 250 millions de tonnes de CO2 malgré un recours important aux énergies renouvelables. En France, la combinaison du nucléaire décarboné et des énergies renouvelables permettrait non seulement de réduire les émissions de CO2, mais aussi d’assurer une transition énergétique compétitive et solide.

Au-delà de la dimension technique, la transition énergétique est aussi une question de justice sociale. En démocratisant l’accès à l’énergie renouvelable et en encourageant l’autoconsommation, la France peut réduire les inégalités d’accès à l’énergie verte, tout en stimulant des opportunités économiques locales. Le développement de réseaux d’installateurs et la création d’emplois dans la production de panneaux solaires favorisent l’inclusivité et la résilience des territoires. De plus, cette transition permet d’offrir des prix de l’électricité plus stables pour les citoyens et donne aux entreprises la possibilité de maîtriser leurs coûts d'énergie.

La France se trouve à un tournant de son histoire énergétique. Il est crucial de promouvoir un mix énergétique diversifié et de renforcer la décentralisation de la production d’énergie. Mais au-delà des choix technologiques, cela nécessite une action concrète à tous les niveaux : un soutien politique fort, des investissements publics et privés dans l’infrastructure énergétique, ainsi qu’une aide accrue pour rendre l’autoconsommation accessible à un plus grand nombre.

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Signataires :

Les 50 entrepreneurs de la Suntech, dont :
Paul de Préville, cofondateur de ENSOL

Martin d’Hoffschmidt, cofondateur de ENSOL

Paul Astrup, cofondateur de ENRISE

Armand d'Ambrières cofondateur de ENRISE

Sixtine Naquet-Radiguet, cofondatrice de Kolverr

Stanislas Pesic, cofondateur de Kolverr

Florent Goupille, cofondateur de Kolverr

Manon Hias, cofondatrice de SOLTEO

Alexandre d’Auvigny, cofondateur de SOLTEO

Kevin Bee cofondateur de SOLTEO

Marie Michaud, cofondatrice de Fuzed

Nathan Bouldoires, cofondateur de Jane
Vincent Grena, cofondateur de Volta Charging

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Paul De Préville Co Founder Ensol (1)

cofondateur d'Ensol et porte-parole de la Suntech (50 entrepreneurs)

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