Crise du gouvernement : 1 Français sur 2 veut la destitution de Macron

Un sondage Elabe pour BFMTV montre qu’une majorité de Français exprime désormais un désir profond de changement à la tête de l’État. Une personne sur deux se prononce en faveur de la destitution d’Emmanuel Macron, révélant un fossé croissant entre le Président et ses concitoyens. Mais au-delà des chiffres, c’est toute la question de la légitimité et de la stabilité du gouvernement qui se pose.

Grégoire Hernandez
Par Grégoire Hernandez Modifié le 29 août 2024 à 10h00
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Crise du gouvernement : 1 Français sur 2 veut la destitution de Macron - © Economie Matin
63 %63% des Français estiment que Macron et son camp sont responsables de l'impasse politique actuelle.

Un Président sous pression : la tentation de la destitution

Depuis quelques semaines, le débat autour d'une éventuelle destitution d'Emmanuel Macron s'intensifie. Le dernier sondage Elabe pour BFMTV révèle que 49% des Français seraient favorables à une motion de destitution, une procédure initiée par La France insoumise (LFI). Si la procédure semble peu probable d’aboutir en raison de la complexité juridique et des nombreux obstacles parlementaires, cette division au sein de l'opinion publique témoigne d'une crise de confiance majeure envers le président de la République actuel.

Les tensions ne sont pas nouvelles, mais elles ont pris une ampleur inédite lorsque le Président a écarté le 26 aout 2024 la formation d'un gouvernement avec le Nouveau Front Populaire (NFP) et Lucie Castets comme Première ministre. Ce rejet, perçu par certains comme un « coup de force démocratique », a exacerbé les clivages politiques. 63% des Français estiment que Macron et son camp sont responsables de l'impasse politique actuelle, une situation qui renforce l'idée d'une crise de gouvernance avec une Assemblée nationale divisée en trois blocs. 27% attribuent en revanche cette responsabilité au Nouveau Front populaire. LFI, par le biais de ses dirigeants, n'a pas tardé à réagir en annonçant la présentation d'une motion de destitution visant à souligner ce qu'ils considèrent comme une rupture de confiance. Cependant, une majorité des Français considère que le président de la République a pris la bonne décision en décidant d'écarter cette hypothèse d'un gouvernement NFP. En réponse à cette décision, LFI a appelé à une manifestation le 7 septembre 2024, en plein Jeux paralympiques.

Une procédure très complexe qui semble avoir peu de chances d'aboutir 

La destitution d'un Président en France est un processus lourd et rarement envisagé. Inscrite depuis 2007 dans l'article 68 de la Constitution, elle nécessite non seulement un consensus politique large, mais aussi un alignement parfait des conditions légales. Si LFI a réussi à franchir la première étape en rassemblant le nombre de voix nécessaires pour initier la procédure (1/10 de l'Assemblée nationale), les chances d'aboutissement restent minces. Car une fois la proposition adoptée, les deux chambres du Parlement se réunissent en Haute Cour, dirigée par le président de l’Assemblée nationale (actuellement Gérard Larcher). Elles ont un mois pour décider de la destitution du président, qui doit être approuvée par au moins deux tiers des parlementaires, soit 385 députés et 256 sénateurs. Pendant ce temps, le chef de l’État reste en fonction. LFI, avec ses 72 députés, ne possède pas la majorité requise à l’Assemblée nationale pour faire adopter la motion, et encore moins au Sénat, où la gauche est largement minoritaire. Les obstacles juridiques et politiques rendent ainsi cette initiative plus symbolique qu'effective.

Le rejet du NFP par Emmanuel Macron pour gouverner la France a non seulement polarisé les débats, mais a aussi conduit à une absence prolongée d'un Premier ministre de plein exercice, une situation qui inquiète de plus en plus les Français. Près de 55% des citoyens estiment que cette vacance est un problème majeur pour la stabilité du pays. La seule option qui semble recueillir un consensus est celle d'un gouvernement technique, mais elle aussi reste suspendue aux négociations en cours. Emmanuel Macron poursuit toujours sa série de consultations auprès des autres partis afin de trouver enfin un Premier ministre et un gouvernement. Mais aucun candidat ne fait l’unanimité pour Matignon, selon le sondage. En tête, Gabriel Attal, le Premier ministre sortant, recueille 41% de soutien, suivi de Jordan Bardella (38%), Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand (28% chacun), et Lucie Castets (26%).

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Grégoire Hernandez

Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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