Même si le problème des déserts médicaux se pose de manière aigue, l’immense majorité des médecins généralistes libéraux choisissent leur lieu d’installation en fonction de leur lieu de naissance et d’internat. Cette tendance accentue les déséquilibres de répartition médicale, particulièrement en zones rurales et dans les petites villes.
Déserts médicaux : les médecins tiennent à leur liberté d’installation
Les racines locales, un critère déterminant dans l’installation des médecins
C’est un triste constat que fait l’INSEE dans une nouvelle étude consacrée aux choix d’installation des médecins. On y apprend que près de 60% des médecins ayant commencé leur internat entre 2004 et 2007 exercent dans la région où ils sont nés, un phénomène particulièrement marqué dans les régions du Grand-Est et des Hauts-de-France, où cette proportion atteint 80%. Cet ancrage local est un levier important pour expliquer les disparités de répartition des médecins : plus un territoire est attractif pour ses natifs, plus il parvient à retenir ses futurs praticiens, au détriment des régions moins attractives.
Cette tendance est renforcée par la taille de la ville de naissance du médecin : ceux nés dans des communes rurales choisissent plus souvent de s’installer dans des zones rurales ou périurbaines. Parmi les médecins nés dans des villes de moins de 50.000 habitants, 42% choisissent une installation rurale, ce qui réduit leur disponibilité pour les zones urbaines où la demande est également forte. Cette fidélité au territoire d’origine limite les possibilités de repeuplement médical dans les régions sous-dotées, générant un phénomène de désertification médicale là où la demande en soins est pourtant grandissante, notamment dans les territoires vieillissants.
Le poids de l’université d’internat dans la répartition territoriale des médecins
Outre le lieu de naissance, le choix du lieu d’installation est aussi influencé par la localisation de l’internat. En effet, un médecin sur deux exerce à moins de 43 km de son université d’internat. Cette proximité à l'université est particulièrement visible dans les grandes villes universitaires, contribuant à une concentration médicale autour de ces pôles d’enseignement. Les disparités s’accentuent selon les universités : à Besançon, par exemple, 55% des médecins diplômés s’installent en zones rurales, contre moins de 5% pour les internes de Nice.
Cette répartition hétérogène reflète aussi des choix de vie influencés par des critères personnels, comme les attaches familiales et les opportunités de travail pour les conjoints, mais entraîne des inégalités de densité médicale entre territoires. Certaines villes comme Nantes ou Annecy attirent deux fois plus de médecins que d’autres, malgré une accessibilité médicale similaire à des villes moins prisées comme Le Mans ou Le Havre. Ce phénomène freine l’effort de rééquilibrage territorial, laissant les zones moins attractives en pénurie de médecins, tandis que les grandes agglomérations continuent d'attirer davantage de praticiens.