Le déploiement de la 5G, source de perturbations ?

Aujourd’hui, en France, la 5G compte plus de 6 millions d’utilisateurs actifs, selon la récente étude de l’Arcep sur les services de communications, et un nombre important d’entre eux s’interrogent actuellement sur ce qu’ils peuvent attendre du réseau. En effet, ce dernier ne suit pas une formule unique : il exploite aussi bien des ondes millimétriques ultrarapides, mais à la portée très réduite, que des bandes de fréquences plus basses à portée élevée (comme la 4G LTE), ou encore les fréquences moyennes de la bande C, utilisées par les satellites.

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Par Daniel Crowe Publié le 24 mars 2023 à 5h38
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Le déploiement de la 5G, source de perturbations ? - © Economie Matin
13,5%Le chinois Huawei détient 13,5% des brevets liés à la 5G.

Cette complexité n’a rien de nouveau. À l’instar de la 4G, qui basculait fréquemment vers la 3G pendant son déploiement, les opérateurs 5G peuvent avoir besoin, en cas de défaut de couverture ou de problème local de connectivité, de transférer le trafic afin d’assurer la continuité de leur service.

Un utilisateur d’appareil mobile n’aura aucune difficulté à profiter de la 5G d’un opérateur dans une zone équipée, mais devra parfois passer sur la 4G LTE s’il se déplace, et en particulier dans certains lieux, comme les parkings souterrains. Toutefois, malgré ces difficultés, les fournisseurs de services de communication (CSP) continuent d’investir dans la technologie 5G et l’une des questions fondamentales, à ce stade, est de déterminer si un appareil bénéficie d’une expérience digne de la qualité de ce réseau mobile.

La 5G est aujourd’hui toujours en phase de déploiement et de nombreuses raisons expliquent pourquoi elle ne s’est pas encore imposée, notamment un manque de puces et de capteurs compatibles dû à la pandémie, ainsi qu’à un contexte macroéconomique difficile. Alors que de nombreuses questions subsistent, les CSP reconnaissent que la migration vers un cœur de réseau 5G autonome dans le cloud ne s’effectuera probablement pas aussi vite que prévu. Ce retard entraînera une dépendance persistante à l’égard du service 4G LTE, qui pourra causer des perturbations.

Celles-ci se caractérisent par des ralentissements et des dégradations du réseau survenant lors du basculement entre les cellules 5G et 4G. Ces incidents existaient également sur les connexions alternant la 3G et la 4G. De même, certains écarts de compatibilité subsistent entre les technologies VoLTE (service améliorant la qualité des appels vocaux sur la 4G) et VoNT (équivalent pour la 5G). Dans la phase de transition actuelle, le maintien de communications vocales ininterrompues, lorsque les utilisateurs mobiles basculent entre les réseaux mobiles, reste un défi à relever.

Au cours de ce déploiement, de nombreux CSP s’appuient sur l’infrastructure du réseau 4G LTE pour proposer certaines capacités 5G, en attendant le développement d’une couverture autonome, baptisée 5G SA. En concentrant leurs efforts sur le déploiement continu de la 5G SA et RAN (exploitant une technologie d’accès radio), ils pourront augmenter les zones de couverture et les vitesses de réseau, sans oublier les technologies les plus récentes, telles que la 5G privée et l’informatique en périphérie à accès multiples (MEC).

De nombreux fournisseurs de services de communication sont déjà en voie d’adopter la 5G et préparent la migration de leurs réseaux vers le cloud afin de proposer d’authentiques capacités de réseau autonome. Pour ce faire, ils doivent être en mesure de déterminer où et quand se produisent les perturbations liées au basculement vers la 4G et comment l’expérience de leurs clients et le fonctionnement de leurs appareils sont affectés. Les opérateurs mobiles misent sur une 5G SA basée sur le cloud pour permettre des applications telles que l’automatisation de la gestion des supply chain ou pour proposer des soins médicaux à distance plus accessibles et de meilleure qualité. De tels cas d’usage, ainsi que bien d’autres à venir, sont au cœur de la viabilité commerciale de la 5G.

Par conséquent, les fournisseurs de services de communication devront à leur tour investir dans des outils qui identifient les problèmes de couverture et de performance. Ces derniers aideront d’ailleurs également les opérateurs mobiles à accélérer leurs propres déploiements 5G et à améliorer l’expérience globale de leurs clients. Car la promesse de la 5G se résume, en définitive, à la mise en place de réseaux à la latence réduite, à la fois plus rapide et plus fiables, qui permettront aux entreprises de proposer des services utiles à tous.

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Daniel Crowe est Vice-Président France & Europe du Sud chez NETSCOUT.

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