Démographie : natalité en berne, quels enjeux économiques pour la France ?

La mécanique silencieuse du temps pèse désormais sur les berceaux. En France, les chiffres de la natalité s’effilochent mois après mois. Derrière ces statistiques, un changement de civilisation se profile-t-il ?

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Par Rédaction Publié le 30 mars 2025 à 15h16
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Démographie : natalité en berne, quels enjeux économiques pour la France ? - © Economie Matin
70Une baisse historique de la natalité en France.

Depuis le 1er janvier 2025, la population française est estimée à 68,6 millions de personnes, selon l’Institut national d’études démographiques (INED). Cette stabilité apparente masque une transformation radicale. Car sous les chiffres officiels publiés le 26 mars 2025, ce sont les fondements démographiques de la nation qui vacillent : la natalité poursuit son repli, le vieillissement s’accélère, et le solde naturel est à l’agonie. À quelles secousses économiques faut-il désormais s’attendre ?

Une population française en mutation : le spectre du vieillissement

Au 1er janvier 2025, la France comptait 68,6 millions d’habitants, soit une progression de seulement 0,25 % sur un an. Mais cette légère croissance repose à 90 % sur l’immigration nette, avec un solde migratoire estimé à +152 000 personnes. Le solde naturel, qui mesure la différence entre les naissances et les décès, est quant à lui tombé à +17 000, contre +140 000 en 2019, selon la dernière étude de l'Ined (Institut national d'études démographiques) de mars 2025.

Cette chute s’explique par une conjugaison de deux dynamiques : une hausse mécanique des décès, due à l’arrivée des générations du baby-boom à des âges élevés, et une baisse structurelle de la fécondité. En 2024, le taux de fécondité s’établissait à 1,62 enfant par femme, bien en dessous du seuil de remplacement des générations fixé à 2,1. L’INED prévient : « Si la fécondité en France se maintient au niveau de 2024, le nombre de décès serait supérieur à celui des naissances dès 2027 ».

Natalité en recul : choix de société ou fatalité structurelle ?

En février 2025, 49 195 naissances ont été enregistrées, soit une moyenne de 1 757 naissances par jour, en baisse de 3,5 % par rapport à février 2024 (INSEE, 27 mars 2025). C’est le 32e mois consécutif de repli du nombre moyen de naissances mensuelles. À ce rythme, la France pourrait atteindre un seuil plancher inconnu depuis 1946.

Les raisons de cette chute sont plurielles. Selon l’INED, les Français seraient « freinés par des inquiétudes économiques, politiques ou climatiques ». Laurent Toulemon, démographe, précise : « Avec 0,8 enfant par femme, la population est divisée par trois tous les 30 ans » (AFP, cité par Actu.fr). Une hypothèse théorique qui fait froid dans le dos, même si, pour l’heure, « on n’est pas du tout dans cette situation-là ».

Population et économie : un lien de dépendance absolue

Le vieillissement de la population française n’est plus une projection : c’est une certitude. Et les conséquences économiques à moyen terme sont déjà visibles. Moins de naissances aujourd’hui signifie moins d’actifs demain. Or, le modèle social français repose sur un équilibre entre cotisants et bénéficiaires. Si ce socle se déséquilibre, c’est toute l’architecture des retraites, de la santé, et des finances publiques qui s’effondre.

L’État, lucide, s’alarme. En janvier 2025, Emmanuel Macron appelait à un « réarmement démographique » (Actu.fr, 26 mars 2025). Mais quelle politique publique peut véritablement inverser une tendance aussi profonde ? La comparaison internationale est glaçante : la Corée du Sud est tombée à 0,75 enfant par femme en 2024. Ce scénario semble lointain, mais il n’est plus jugé irréaliste.

Migrants, enfants et dépendance : un triangle économique incertain

Face à cette natalité en déclin, le solde migratoire devient un levier majeur de maintien démographique. Mais son efficacité dépendra intégralement de la capacité du pays à intégrer les nouveaux arrivants, à les former, à les insérer dans le marché du travail et à les fidéliser.

Laurent Toulemon, encore, rappelle : « Il y a tout un effort de la société à faire pour bien accueillir les migrants, qui sont un apport à la population et une richesse à condition qu'ils soient intégrés » (Actu.fr, 26 mars 2025). Ce qui suppose des politiques publiques cohérentes, des moyens massifs, et un climat politique apaisé. Rien de cela n’est aujourd’hui garanti.

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