Le déficit des États-Unis atteint 1.833 milliards de dollars, soit 6,4% du PIB en 2024. La hausse des taux d’intérêt et le poids croissant de la dette alimentent ce troisième déficit le plus élevé de l’Histoire, alors que le débat sur les finances publiques s’intensifie à l’approche des élections.
Le déficit budgétaire américain a explosé cette année
Le déficit budgétaire des États-Unis s’est établi à 1.833 milliards de dollars pour l’exercice fiscal 2024, soit une hausse de 8% par rapport à l’année précédente. En proportion du produit intérieur brut (PIB), le déficit représente désormais 6,4%, contre 6,2% en 2023. Ce montant, bien qu'inférieur aux records atteints en 2020 et 2021 durant la pandémie de Covid-19, reste le troisième plus élevé de l'Histoire du pays.
Un déficit qui continue de croître
Cette situation s’explique principalement par la hausse du service de la dette, alors que les taux d’intérêt ont atteint des niveaux inédits depuis le début des années 2000. Le département du Trésor a souligné que malgré une augmentation des recettes de 11%, à 4.919 milliards de dollars, grâce à l’amélioration de la situation financière des ménages, cela n’a pas suffi à compenser l’augmentation des dépenses, en particulier le poids des intérêts de la dette.
Ce poste a connu une progression de près d'un tiers, alors que la Réserve fédérale (Fed) a maintenu des taux élevés durant la majeure partie de l'année avant d'initier une baisse en septembre.
Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, a rappelé que l’administration Biden-Harris reste « concentrée sur la croissance à long terme » en investissant massivement dans les infrastructures et les énergies propres. Cependant, elle a reconnu que la gestion de la dette est un défi central dans ce contexte économique.
La dette au cœur de la campagne électorale
Cette hausse du déficit intervient dans un climat politique tendu, à quelques semaines de l’élection présidentielle du 5 novembre, qui opposera la vice-présidente Kamala Harris à l’ancien président Donald Trump. La gestion des finances publiques est devenue l’un des thèmes majeurs de la campagne, les deux camps s’accusant mutuellement d’alimenter la dette nationale.
Un responsable de l’administration Biden a pointé du doigt les républicains du Congrès, accusés d’avoir favorisé une réduction des impôts, ce qui aurait, selon lui, contribué à une diminution des revenus et à une augmentation du déficit. De leur côté, les républicains critiquent les dépenses engagées par l'administration démocrate, notamment dans les domaines des infrastructures et de la transition énergétique.
Le Bureau du budget du Congrès (CBO) prévoit que la situation ne devrait pas s’améliorer à court terme. En juin, cet organisme avait anticipé un déficit de 1.900 milliards de dollars pour 2024, estimant qu’il devrait continuer à croître dans les prochaines années. Parmi les principales causes identifiées : les coûts de la dette et l’aide à l’Ukraine. Toutefois, le CBO mise aussi sur une augmentation du PIB de près de 9.000 milliards de dollars d’ici dix ans, notamment grâce à l'immigration.
À l’échelle internationale, le déficit américain est proche de celui de la France, qui a atteint 6,1% du PIB en 2024. Ce niveau, largement supérieur au plafond de 3% fixé par l'Union européenne, a valu à la France une procédure pour déficit excessif, aux côtés de six autres pays européens. L'Hexagone s’est engagé à réduire son déficit à 5% d’ici 2025, un objectif ambitieux qui nécessitera d’importants efforts budgétaires.