Déficit : Attal lâche le mot « rigueur » et ça change tout

L’Insee l’a confirmé le 26 mars 2024. Comme attendu, le déficit public de la France s’est établi en 2023 bien au-delà des prévisions du gouvernement, ce qui aura pour conséquence la nécessité de trouver des économies dans le budget de l’État pour 2024 et, surtout, 2025.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 27 mars 2024 à 8h16
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gabriel attal, déficit, dette, france, rigueur, austérité, économies - © Economie Matin
5,5%Le déficit de la France en 2023 a atteint 5,5%

Mais, jusqu’à présent, le gouvernement a bien fait attention à ne pas inquiéter trop les Français. Une stratégie de communication mise à mal le 26 mars 2024 par le Premier ministre en personne.

Déficit : la réalité embellie dans la communication du gouvernement

Dans la communication du gouvernement, la réalité semblait être plus belle qu’elle ne l’est. Malgré les annonces de 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2024 et de 20 milliards en 2025, économies d’ores-et-déjà jugées insuffisantes par la Cour des Comptes, les ministres et leurs cabinets ne parlaient pas avec des mots qui auraient pu inquiéter.

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a notamment toujours rejeté l’idée de parler d’austérité. Les notions de protection, le concept de dispositifs exceptionnels, d’efforts, d’ajustement des dépenses étaient étayés dans les médias. Pourtant, 30 milliards d’euros d’économies annoncées, et potentiellement d’autres milliards à venir, ça laisse peu de place à autre chose que l’idée que le budget de l’État va être fortement réduit, et que ce seront les aides sociales qui en souffriront le plus.

Gabriel Attal parle désormais de « rigueur » et ça change tout

Si le détail des mesures n’est pas encore connu, les efforts du gouvernement pour éviter la panique ont été détruits en une phrase. Et cette dernière a été prononcée par le Premier ministre, Gabriel Attal, le mardi 26 mars 2024. Interrogé par le député Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, le Premier ministre semble avoir paniqué.

« Il faut évidemment une très grande rigueur dans les choix que nous faisons », a affirmé le locataire de Matignon alors qu’il parlait des solutions pour redresser les finances publiques, réduire la dette et réduire le déficit. Une phrase qui pourrait paraître anodine… mais qui ne l’est pas du tout.

"La réalité, c’est que nous sommes confrontés à un ralentissement économique, qui implique une très grande rigueur dans les choix à opérer. Mon gouvernement a assumé de prendre des mesures fortes, telles que le décret qui annule 10 milliards d’euros de crédits. C’est du bon sens : lorsque les recettes sont moindres, il faut ajuster les dépenses. Les Français l’ont très bien compris.", a déclaré le Premier ministre, avant de poursuivre : "Nous poursuivrons sur cette voie de rigueur et de responsabilité, en respectant un fil rouge – sur lequel nous pouvons aussi nous retrouver : celui du travail."

La « rigueur » n’est pas une bonne nouvelle pour les Français

Le terme « rigueur », que le gouvernement n’avait pas employé jusque-là, rappelle des décisions politiques qui ont tout sauf fait l’unanimité. En premier lieu, en 1983 : François Mitterand changeait de politique sociale et économique pour aller vers plus de libéralisme. On parle alors du « tournant de la rigueur ». Entre 1983 et 1984, ce sont près de 20 milliards d’euros de baisses dans les dépenses publiques et de sécurité sociale qui sont décidées.

Plus tard, ce même terme avait été employé par le gouvernement Fillon, en 2011, lors de la décision d’augmentation de la TVA mais aussi par le gouvernement de Manuel Valls en 2014.

Les Français sont donc prévenus : ils doivent s’attendre à de la « rigueur » budgétaire. Comprenez : il va falloir se serrer la ceinture...

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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