Football : DAZN et la LFP s’écharpent (toujours) pour les droits TV

D’un côté, une tribune saturée de mécontentement. De l’autre, une salle de conseil où la tension ne redescend plus. Entre DAZN et la Ligue de football professionnel, la guerre des nerfs est lancée. Ce 15 avril 2025 a acté le divorce entre le diffuseur britannique et la LFP.

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By Grégoire Hernandez Published on 16 avril 2025 9h16
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Football : DAZN et la LFP s’écharpent (toujours) pour les droits TV - © Economie Matin
140 MILLIONS €La Ligue attend encore 140 millions d’euros dus les 30 avril et 30 juin, et réclame entre 110 et 125 millions d’euros.

Ils s’étaient choisis pour bâtir une vitrine du football hexagonal. Moins d’un an après, l’un veut fuir, l’autre refuse de lâcher prise. Et l’ardoise, elle, continue de grimper.

DAZN et LFP : l’ambition d’un partenariat devenu un champ de ruines

Quand DAZN a décroché les droits tv de la Ligue 1 pour 400 millions d’euros par an jusqu’en 2029, tout semblait taillé pour une alliance solide entre les deux parties. Le contrat, signé avant l’été 2024, couvrait la diffusion de huit rencontres par journée sur neuf. Objectif affiché : atteindre 1,5 million d’abonnés d’ici fin 2025. Petit problème de taille : le compteur plafonne à 500 000 !
La plateforme britannique a pourtant joué la carte de l’exclusivité. Mais dès les premières journées, les protestations se sont multipliées sur les canaux clandestins. Tarifs jugés inabordables (39 euros par mois ou 29 selon les formules, puis des promos bidons à 19 ect), une interface mal optimisée, des bugs techniques parfois en plein match… les griefs ont poussé des milliers d’utilisateurs à basculer vers le piratage. Sébastien Delogu, député LFI, un élu de la République, a même reconnu il y a quelques jours utiliser l’IPTV. Même si c'est Delogu et qu'il est connu pour ne pas avoir toujours la science infuse, cette déclaration est à la fois provocante et révélatrice du désamour ambiant entre les supporters et les instances du football français.

Face à l’échec commercial, les relations contractuelles se sont envenimées. La LFP, excédée, a tenté de couper court : le 15 avril 2025, son conseil d’administration a voté en faveur d’une rupture anticipée du contrat. Mais DAZN n’a pas tardé à refuser les conditions de ce divorce.
Selon une source proche de la Ligue, citée par Le Monde : « C’est le monde à l’envers. Ce sont eux qui ne paient pas, ce sont eux qui demandent la médiation (…) Et ce sont eux qui refusent la proposition du médiateur ». La médiation, pilotée par le tribunal des activités économiques de Paris, aura duré plus de quatre mois sans aboutir. DAZN a justifié son rejet par l’échec du processus : « Il a donc été impossible de trouver – à ce stade – un accord pour une résolution amiable de la situation ».

Des échéances financières… et judiciaires

Le conflit ne s’arrête pas à un refus poli. DAZN a assigné la LFP en justice pour « manquement observé » et « tromperie sur la marchandise », réclamant 573 millions d’euros. De son côté, la Ligue attend encore 140 millions d’euros dus les 30 avril et 30 juin, et réclame entre 110 et 125 millions d’euros d’indemnité pour la saison suivante. La confiance est rompue, les intérêts divergent, et l’environnement économique reste plombé par le piratage.
La LFP, par un communiqué publié le 15 avril, affirme que « le contrat liant les parties demeure en vigueur » et qu’elle attend de son partenaire « qu’il exécute pleinement l’ensemble de ses obligations ». Autrement dit : pas question de laisser DAZN s’éclipser sans régler ses dettes.

Le feuilleton DAZN-LFP est le reflet d’un malaise plus large : celui d’un écosystème audiovisuel fragilisé. Après l’effondrement de Mediapro en 2020, la Ligue 1 pensait avoir retrouvé une certaine stabilité. Mais l’explosion du piratage, conjuguée à une base d’abonnés réfractaire à l’idée de multiplier les plateformes, a vite ramené les dirigeants à la réalité.
Les clubs français, notamment les plus modestes, s’inquiètent désormais d’un effondrement des recettes audiovisuelles. Et dans les coulisses, les critiques fusent contre la stratégie de Vincent Labrune, président de la LFP, accusé d’avoir misé sur un partenaire sans réelle implantation en France. Si le contrat devait se prolonger jusqu’en 2026, l’incertitude reste totale sur la suite.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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