Avec ou sans CSRD, la transition des entreprises n’est pas une option, c’est une condition de leur pérennité

Ce 26 février, la Commission Européenne doit présenter le paquet législatif Omnibus qui promet de simplifier les règlementations environnementales à échelle de l’UE, dont la CSRD. Cette directive, qui impose progressivement aux entreprises de publier un reporting extra-financier, a suscité tant et tant de débats enfiévrés ces derniers mois qu’on pourrait presque penser que c’est toute la dynamique de transition des entreprises qui dépendrait de ce texte.

Ludovic Flandin
Par Ludovic Flandin Publié le 26 février 2025 à 5h00
csrd, reporting, dpef, réglementation
csrd, reporting, dpef, réglementation - © Economie Matin
71%71 % des entreprises renforcent la surveillance du conseil d'administration dans le cadre de la CSRD

Pourtant, la démultiplication et l’aggravation des risques environnementaux ne laissent aucun doute, aucune marge, sur la nécessité pour les entreprises de maintenir et même d’accélérer leur politique RSE. Sur ce point, la CSRD, peu importe ce que l’on en pense, a su donner un nouvel élan pour structurer, accélérer et mettre en œuvre la transition des entreprises. Sa méthodologie structurante et son approche par la double matérialité permet aux plus grandes entreprises d’accélérer leur transition ESG (Environnement, Social et Gouvernance), traçant ainsi un sillon fertile pour celle des plus petites.

La CSRD : un changement d’échelle pour la transition des entreprises

Cette directive européenne a impulsé une transformation organisationnelle et stratégique profonde des entreprises, qui se traduit aujourd’hui de quatre façons :

  • Une gestion collégiale des risques : les directeurs administratif et financier et les fonctions opérationnelles se sont associés dans les entreprises pour gérer ensemble les impacts, risques et opportunités, appuyés par les experts RSE internes. Ce changement s’accompagne notamment d’une montée du sujet au niveau du conseil d’administration pour 71% des entreprises selon une étude récente de Datamaran1.

  • Une meilleure analyse de l’écosystème économique et responsable de l’entreprise qui dépoussière des stratégies RSE parfois insuffisantes ou au contraire trop complexes. Grâce à l’approche par la double matérialité, qui intègre à la fois l’impact de l’entreprise sur la société et l’environnement, mais aussi l’influence de ces facteurs sur sa performance économique, ces stratégies gagnent en cohérence et en efficacité. En effet, dans l’enquête de Datamaran, 56% des entreprises disent utiliser les analyses CSRD dans l’élaboration de leur planning stratégique.

  • Une mesure plus précise et transparente des impacts climatiques avec la réalisation annuelle d’un bilan carbone imposée par la CSRD. Cette approche permet notamment d’optimiser le retour sur investissement des initiatives liées au climat. Chez R3, 50 % des accompagnements CSRD intégraient un volet carbone, apportant un retour sur investissement immédiat à l’entreprise.

  • Une approche de la RSE au-delà du climat : dans 80 % des missions CSRD finalisées chez R3, les entreprises ont intégré un volet complémentaire ciblé. Il aborde des enjeux tels que les risques liés à la biodiversité ou encore à l’adaptation au dérèglement climatique et met en place des indicateurs de création de valeur dédiés.

En résumé, une gestion des risques ESG (Environnement, Social et Gouvernance) beaucoup plus performante et créatrice de valeur s’est fait une place au sein des entreprises qui sont prêtes, devenant ainsi un véritable levier de compétitivité.

Ce bond en avant quantique en matière d’ESG offre un levier stratégique aux entreprises qui ont pris l’initiative de se préparer, parfois jusqu’à deux ans en avance. Cette anticipation plébiscitée par les investisseurs, actionnaires et partenaires leur confère un avantage pour affronter les vents contraires qui se renforceront à mesure que nous atteignons les limites planétaires.

Capitaliser sur l’élan de la CSRD : comment avancer dans les prochains mois ?

Face aux incertitudes politiques entourant la CSRD, de nombreuses entreprises ont ralenti leurs initiatives et actions en matière de RSE, freinant ainsi, à long terme, leur propre transformation. D’autres n’abandonnent pas : la majorité des entreprises que nous accompagnons poursuivent leurs efforts pour piloter leur résilience économique sur la décennie 2020-2030. Beaucoup ont choisi d’avancer sans dépendre de décisions imprévisibles et maintiennent des exigences de reporting avant tout axées sur la création de valeur durable et la gestion des risques ESG.

L’approche par la double matérialité se généralise en France et à l’international, à l’exception notable des États-Unis qui ne disposeront pas d’un outil de pilotage des risques aussi puissant avant longtemps, facilitant son adoption par les PME et ETI. Par ailleurs, la publication croissante des rapports CSRD par les entreprises cotées et les guides sectoriels ESG lancés par des organisations professionnelles multiplie les accès à de nombreux comparables précieux. Enfin, la digitalisation et l’IA durable, intégrées par R3 à 100 % de ses missions CSRD, permettent d’automatiser les tâches chronophages et ouvrent la voie à une analyse des risques ESG encore plus abordables à l’avenir.

La CSRD a aussi favorisé une prise de conscience et une montée en compétences en interne des entreprises sur des enjeux comme l’économie circulaire, la pollution ou encore la biodiversité. Autrefois à peine effleurés, ces sujets deviennent désormais incontournables et nécessitent un pilotage opérationnel efficace.

Des outils de pilotage stratégique plus fiables, une montée en compétences des experts en interne, une meilleure accessibilité des données : toutes les entreprises qui le souhaitent ont la possibilité de tirer parti des avancées initiées par la CSRD. Nombreuses sont celles qui ont déjà compris que cette directive constitue une opportunité pour la création de valeur et le retour sur investissement, tout en poursuivant leurs efforts pour limiter leurs impacts négatifs.

1 Exclusif : 71 % des entreprises renforcent la surveillance du conseil d'administration dans le cadre de la CSRD - Nouvelle enquête Datamaran - ESG News

Ludovic Flandin

Directeur du Pôle Conseil RSE ETI et Grands Comptes de R3

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