Cryptomonnaie : pour débusquer les escrocs, le FBI copie leurs méthodes

Pour piéger les escrocs opérant dans le domaine des cryptomonnaies, le FBI s’est résolu à créer sa propre cryptomonnaie. Son nom : NexFundAI.

Anton Kunin
By Anton Kunin Last modified on 14 octobre 2024 10h45
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50%Sur certaines plateformes de trading en cryptomonnaies, jusqu'à la moitié des volumes seraient liés à la fraude.

Une fraude sophistiquée exposée par une stratégie inédite du FBI

Quand on veut repérer des escrocs, quoi de mieux que de leur tendre un piège ? C’est précisément ce qu’avait fait le FBI en créant sa propre cryptomonnaie, NexFundAI. Le ministère américain de la Justice révèle aujourd’hui que c’est bien cette administration policière qui était derrière la mystérieuse cryptomonnaie. L’enquête que la création de NexFundAI a permis de monter a mené à l'inculpation de 18 individus et sociétés pour manipulation de tokens. Cette affaire constitue la première poursuite criminelle de cette envergure contre des entreprises impliquées dans la manipulation de marchés financiers numériques.

NexFundAI, une cryptomonnaie fictive donc, s’appuie sur la blockchain Ethereum. Les fraudeurs, dont certains se sont autoproclamés « maîtres » des pratiques frauduleuses, utilisaient des bots pour simuler des volumes de transactions sur des plateformes centralisées, une technique appelée « wash trading ». Cette manipulation consiste à générer des ordres d’achat et de vente factices pour créer une apparence de forte demande, ce qui trompe les investisseurs.

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Une vaste opération d’infiltration qui a porté ses fruits

Les manipulateurs se sont engagés avec le faux projet crypto de NexFundAI, allant jusqu'à demander des paiements en échange de leurs services de trading artificiel. Grace à la couverture de cette fausse entreprise, le FBI a réussi à organiser des rencontres en personne et à infiltrer les réseaux de fraude internationale. Cette tactique innovante a conduit à des arrestations aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Portugal. Au total, 18 individus et sociétés, dont des entreprises telles que ZM Quant et MyTrade, sont accusés d'avoir orchestré cette fraude massive.

Parmi les principaux accusés, on trouve la société de cryptomonnaie Saitama, basée dans le Massachusetts, qui a manipulé la valeur de son token pour atteindre une capitalisation boursière de 7,5 milliards de dollars. Saitama a collaboré avec des market makers comme Gotbit, une entreprise dont les pratiques douteuses avaient déjà été reconnues par son cofondateur. Selon l'acte d'accusation, les dirigeants de Saitama vendaient secrètement leurs tokens, empochant ainsi des dizaines de millions de dollars de profits non déclarés.

La Securities and Exchange Commission, elle aussi, a porté plainte

L’affaire, en plus d'être poursuivie au pénal, a également donné lieu à des plaintes civiles de la part de la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine, accusant les manipulateurs de violer les lois sur les valeurs mobilières. Environ 50% des volumes de transactions sur certaines plateformes pourraient ainsi être gonflés artificiellement, ce qui souligne l'ampleur du problème dans le secteur. Bien que certains fraudeurs aient déjà plaidé coupables, l’enquête se poursuit, avec l’objectif d’identifier d'autres acteurs impliqués à l’échelle mondiale.

Cette opération du FBI démontre que même dans un environnement aussi novateur que les cryptomonnaies, des techniques de fraude vieilles de plusieurs décennies continuent de prospérer. Cependant, cette intervention marque un tournant décisif dans la lutte contre ces crimes, grâce à des méthodes aussi audacieuses qu'efficaces.

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Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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